Trois mois.

Trois mois à faire ce que je veux, sans aucune contrainte liée aux autres. Sans devoir aller travailler, sans être obligé d’être à un quelconque endroit à un quelconque moment.

Trois mois d’entière liberté.

Qu’est-ce que je pourrais faire de ces trois mois ?

Je crois que je vais partir à la découverte de la France.

Un van aménagé, juste pour y dormir et y être à l’abri si besoin. De quoi m’habiller, chaudement ou plus légèrement suivant le temps. De quoi préparer des repas simples, juste de quoi couper, découper et faire chauffer. Pour la bouffe, acheter au jour le jour, juste ce dont j’ai besoin et envie.

Des bouquins, un gros paquet de bouquins, pour les jours de pluie.

Une alimentation électrique, pour un peu de lumière et faire recharger mon téléphone. Un panneau solaire devrait suffire.

Je vous vois venir. Le type veut se barrer, se la jouer bohème, et il lui faut son téléphone.

Oui, il me le faut pour dire aux autres que j’arrive. On verra ça plus tard.

Pour commencer, je pars.

D’abord, les Pyrénées, à l’endroit où ils se jettent dans l’océan Atlantique. Poser le van au bord d’un cour d’eau, ou d’un lac. Une semaine à monter leurs pentes, et à les descendre pour aller mettre les pieds dans l’eau. Une semaine de solitude, pour apprendre à être seul. Pour commencer à me recentrer.

Ensuite, remonter le long de la côte, tranquillement, lentement, et bifurquer vers l’intérieur des terres pour aller voir Cassiopée.

Passer une journée avec elle au milieu des champs de tomates, et refaire nos vies comme nous le faisons si souvent. La prendre dans mes bras pour un gros câlin parce qu’elle le vaut bien et parce que j’en ai envie. Partager un repas au milieu d’un pré avec une bouteille de vin. Puis lui dire au revoir avec le sourire d’une magnifique journée.

Reprendre la route et éviter la grande ville pour remonter au nord.

Visiter les îles, profiter des embruns. Apprendre la pêche en filant un coup main contre un bout de pain. Et puis repartir, pour voir les marais, et y goûter leur lièvre. Flâner le long des canaux, s’assoir dans l’herbe, les pieds dans l’eau et écrire des poèmes.

Remonter encore, pour rejoindre les pointes. Profiter des chemins côtiers sur les pas des anciens douaniers. Puiser de la force dans le granit battu par les vents et les arbres rabougris.

Passer par la rade, faire un coucou à Manon et voir si elle est devenue ce qu’elle veut être. Lui dire que bientôt, dans longtemps, sans savoir quand, je serais chez Caro, si elles veulent partager un welsh au pied d’un coron.

Avant de m’y rendre, aller voir les pirates, passer par le Mont. Regarder les marées monter au galop. Ramasser les coquillages, goûter à l’agneau. Faire de longue balades sur les plages de la liberté retrouvée. M’imprégner de ces âmes qui se sont sacrifiées pour elle.

En arrivant là-haut, au bord de mon pays, le temps aura passé, il faudra redescendre.

Le faire doucement, pour reprendre pied petit-à petit dans une autre réalité.

Et pour finir le rêve aller la retrouver.

Un jour, peut-être deux si elle le peut. Juste nous deux si elle le veut. Juste nos yeux, nos sourires et nos doigts enlacés. Nos pas côte à côte, et des mots échangés. La faire rire parce que ça lui va bien. L’embrasser parce que j’y tiens. Et, avant de la quitter, dans un dernier baiser, lui rappeler que ….

Les trois mois seront alors passés.

J’abandonnerai le van à quelqu’un qui en a besoin et je prendrais le train pour rentrer chez moi.

Tout le long de ces trois mois, j’aurais écris ce voyage de liberté, je l’aurais peut-être même dessiné à l’envie. Et en arrivant chez moi, je jetterai les carnets, parce qu’il n’y a rien de plus beau que ce qui nous reste au cœur.