l entrevue

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Quelques jours après ma visite en ville, j'étais avec Andrew en train de me balader à cheval sur le chemin qui menait vers le village de... Le temps s’était réchauffé. Depuis que je me trouvais ici, les beaux jours se faisaient désirer. Entre les journées pluvieuses et orageuses, je n'étais plus sûr de la forme du soleil. Mais ce matin-là, ils brillaient de tout son éclat dans le ciel.

L'air qui se fondait sur mon visage à mesure que le cheval galopait me faisait énormément de bien. Avec l'une de mes mains, je caressai la bête ardemment comme pour la remercier de m’avoir laissé vivre cette expérience. Les odeurs des arbres et de verdures m’offraient ce délicat parfum, que notre mère nature sait si bien produire. Pour une fois, je me sentais en parfait harmonie avec mon temps. Le matin même, j'avais appris à monter à cheval, et voilà que je galopais comme un vrai cavalier. Encore une qualité que j’avais hérité de Kerwan Driscoll.

Au bout d’une petite heures, nous aperçûmes un jeune homme qui, visiblement, nous attendait sur le chemin de ma demeure. Il me fit signe de m’arrêter. La cadence avec laquelle j’avançais me procurait beaucoup de plaisir si bien que je n'avais aucune envie d'exécuter sa demande. En le dépassant, j'entendis l'appel d'Andrew qui se trouvait derrière moi, et qui s’arrêta à la demande du jeune homme. Je fis demi-tour et me dirigea vers eux. L'homme en question, tendit bien vite une lettre à Andrew en lui précisant son urgence.

« C'est une lettre de Fiona, m’informa-t-il, elle nous fait savoir que le père et les frères Collins se trouvent absent pour la journée et que si nous voulions visiter mademoiselle Collins, nous devrions y aller immédiatement !»

Cette nouvelle venait plus tôt me perturber. Pendant un temps, j'avais oublié mon obsession envers cette jeune fille qui continuait, même ici à me hanter. Sa présence furtive dans mon esprit, me rendait libre, je n'étais plus victime de mes pensées. Et voilà, qu’aussitôt qu’on me rappelait son existence, que je voulais à tout prix la voir.

« Vite, disais-je à Andrew, il ne faut pas perdre de temps ! »

Il me devança comme je ne connaissais pas le chemin et resta aussi silencieux qu'un athlète qui exécute sa tâche avec précision.

Nous fûmes reçus par une servante qui se trouvait là, le premier jour de mon arrivé. Elle avait le visage toujours aussi rouge d'ailleurs, dès que je l’avais vu, elle me fit penser aux tomates du jardin de mon vrai père. Elle nous demanda de patienter dans l’anti chambre le temps d’annoncer notre visite. Nous restâmes une bonne dizaine de minutes avant que Fiona apparaisse et nous emmène dans le salon. Une fois installé, Elle nous informa qu'elle était en train d'essayer, tant bien que mal, de convaincre sa maîtresse de nous recevoir.

Je me levai brusquement et ordonnai à Fiona de me conduire au plus vite vers mademoiselle Collins. Mon insistance fut de telle sorte, qu'elle ne put me refuser et m’emmena sur le chant, sachant qu'elle risquait tout de même des ennuis. Mais avant de pénétrer dans la pièce où se trouvait Sarah et sa mère, elle me demanda d'attendre qu'elle rentre, en premier, ensuite, j’étais autorisé à faire de même. En prétendant bien sûr, que j’agissais de mon plein gré. Pendant tout ce temps, Andrew nous suivit sans rien dire. Il paraissait inquiet ; mais, ne fit aucune remarque dans la façon que j’avais de m’y prendre. Mon cœur battait de plus en plus fort dès que j'entendis la servante s'entretenir avec l'une des deux femmes. Je ne sais si c'est à cause de la peur montante que je ne comprenais pas ce qu'elles se disaient, ou parlaient-elles plutôt doucement. J’avais l’impression d’avoir le trac d’un artiste avant de monter en scène.

Plus je restais devant cette porte plus j'appréhendais cette rencontre. Je décidai enfin de tourner la poignée et d entrer sans être invité.

Le salon était petit comparé à celui où nous étions quelques minutes plus tôt. C’était sûrement une salle privée où les invités n'étaient pas autorisés. Sur le côté droit, il y avait une banquette où la mère Collins s’y trouvait installé, avec entre les mains un livre. Elle était en pleine discussion avec Fiana et n’avait pas remarqué ma présence. Sarah se trouvait sur le côté gauche assise au pied d'une table en train de broder comme toutes les jeunes filles de cette époque. Elle s'était à peine arrêtée en jetant un vif coup d’œil dès que j’étais rentré puis, aussitôt, elle s’était replongée dans son travail.

Quand la mère remarqua ma présence elle me regarda avec surprise et me lança avec hypocrisie : « Monsieur Driscoll, j'allais justement venir vous voir, on vient tout juste de m'annoncer votre visite !

– Pardonnez-moi mon impatience, répondis-je, je tenais absolument à voir votre fille !

Vous êtes bien directe, dit-elle cette fois-ci en se levant et en posant son livre sur la banquette.

Elle se mit à regarder sa prétendue fille avec insistance. Comme si elle, non plus, ne comprenait pas l'indifférence avec laquelle sa fille m’accueillait.

« Élisabeth, monsieur Driscoll est là ! » finit-elle par déclarer.

Sarah se leva brusquement de sa place et me salua d’un geste vif, sans prendre la peine de me regarder dans les yeux. Puis, elle se rassit en se remettant dans son travail et ne m'accorda pas plus d'attention. Elle ne paraissait ni surprise ni énervée de me voir ici. Faisait-elle encore semblant ?

En ignorant la chaise qui avait été mise à ma disposition, je restai debout à la regarder épiant chaque geste qu'elle exécutait. Je cherchais désespérément quelque chose qui me prouverait que c’était bien elle. Une chose qu'elle ferait par mégarde et qui la trahirait aussitôt.

Comme au paravent, elle avait refusé de me voir. C’était évident pour moi, qu'elle allait renier notre précédente vie. Cela ne m'étonnait pas puisque, je représentais pour elle toujours l’ennemi. À quoi bon me réconforter en me disant qu’elle aussi avait été transférée.

Il suffisait que je la regarde dans les yeux pour pouvoir conclure une fois pour toute qu'il s'agissait bien de Sarah Shaheen. Mais à aucun moment elle releva la tête, et resta toujours aussi concentré dans ce qu'elle faisait.

« Mais, asseyiez-vous, monsieur Driscoll !» Insista la mère.

Ce que je fis aussitôt sans lâcher Sarah du regard. Pendant ce temps, je n'avais pas remarqué que Andrew s'était lui aussi joint à nous et qu’il s'était assis derrière moi. Il s'adressa aussitôt à madame Collins : « Pardonnez-nous notre intrusion, comme vous pouvez deviner, monsieur Driscoll a tellement de choses à dire concernant la dernière malencontre entrevue que nous nous sommes dépêchés, sans plus attendre, de venir jusqu'à vos appartements.

–Je comprends votre empressement, dit-elle froidement, hélas, vous auriez dû attendre un peu...Élisabeth n'est pas prête à voir qui que ce soit.

–Madame Collins, me pressais-je de répondre, je vous demande l'autorisation de parler à votre fille, en privée.

–Pensez-vous vraiment que je puisse autoriser cela ?

–S'il vous plaît.

–Comment osez-vous venir jusqu’ici me demander une telle chose, après tous ce que vous lui avez fait subir ? Je n'ai plus confiance en vous ! Je ne vous laisserais pas une minute de plus seule avec elle !

–Madame Collins, je comprends votre colère. Croyez-moi sur parole, je n'avais aucune mauvaise intention envers elle. Et ce qui m'attriste le plus, c'est que, je n'ai aucun moyen de le prouver.

–Vous n'avez rien à prouver : ce qui est fait est fait... Rien n’y changera !

–Je comprends Madame, mais permettez-moi d'insister sur le fait de m’entretenir avec Élisabeth en privée.

–N'insistez pas ! Vous n'aurez pas mon accord !

Je me tournai dans la direction de Sarah en m'adressant toujours à la mère : « Demandez-lui au moins son avis.

En restant fixée sur sa fille, la mère répondit encore une fois avec froideur : « Allez-y, monsieur Driscoll. Demandez-lui vous-même.

La jeune fille était toujours aussi concentrée dans ce qu'elle faisait. Comme si tout cela ne la concernait pas.

« Élisabeth, m'écriais-je, Élisabeth je vous en prie… permettez-moi de vous parler seule à seule.

–Nous n'avons rien à nous dire ! répondit-t-elle sans même lever la tête.

–Enfin, regardez-moi et dites-le-moi en face ! M'écriais-je subitement.

–Monsieur Driscoll intervint la mère, je vous rappelle qu'il est inutile de lever votre voix sur ma fille si votre présence est tolérée, c'est uniquement pour lui faire vos excuses...ni plus, ni moins !

–Ne vous fatiguez pas, mère, répondit Élisabeth en me regardant cette fois dans les yeux, un homme comme lui, ne s’excusera pas !

– Et pourquoi donc, répondis-je ?

– Car vous croyez avoir toujours raison, me dit-elle avec assurance puis en m'offrant le même sourire qu'elle avait eu à Jérusalem elle rajouta, je me trompe peut-être ?

–Oui absolument vous faites erreur !

–Alors dites-moi comment cela se fait-il, que je ne ressente en vous, aucune nuance de regret ? S’exprima-t-elle en colère. Ma vie ne vaut-elle rien à vos yeux ?

–Elle compte pour moi bien plus que vous le croyez, me pressais-je de répondre, vous pourriez juger par vous-même, si vous m'accordiez plus de temps à vos côtés.

–Non, monsieur Driscoll, votre compagnie ne m’apportera rien de beau... et ne croyez pas par-là, que le temps pourra y remédier !

–Accordez-moi seulement un entretien privé et je vous laisserai tranquille pour le restant de votre vie.

–N'insistez pas Kerwan, interrompue la mère ; il est hors de question que je vous laisse seule avec ma fille !

–Ne craigniez rien mère, se pressa de rajouter Sarah en changeant bien vite d’avis. Il se trouve désarmé...Si c'est ce qu’il faut pour avoir la paix, alors autant lui accorder !

La mère resta un moment avant de se décider à sortir en emmenant Andrew avec elle

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