Chapitre 6 : Sous bonne escorte (1/2).
- Sauropsida, Archosauria, Dinosauria, Ornitischia, Thyerophora, Ankylosauridae, Apceros, Deserticus, Deserticus. -
- Ces herbivores du désert recouverts de plaques solides sont très territoriaux. Ils attaquent quiconque pénètre dans leur habitat et se montrent très agressifs envers les chasseurs qui ont coutume de voler des œufs dans leur nid. -
Mallumoj et Ritedura avançaient vers le monte-charge. Si, en rentrant à Astera, le second n'avait pas arrêté de poser des questions, il s'était tu face au regard noir de son frère. Ce dernier se décida enfin à parler.
- On va se faire incendier soit parce que tu a parlé du désert à Chris et qu'il la répété à tout Astera, soit parce que tu as tué le Pukei-Pukei.
- Mais c'est qu'un caméléon minable ! Un seul, qu'est-ce que ça représente pour un écosystème ?
- Un seul, ça représente beaucoup. Tu sais pourquoi la forêt n'est pas encore entièrement cramée par les Anjanath ? Grâce à eux.
- Oui, mais...
- Tais-toi ! On arrive.
Les jumeaux furent accueilli dans la forge par l'armurière.
- Votre rendez-vous a lieu derrière les machineries, les fours, tout ça. Si vous voulez une arme, c'est maintenant : apparemment, vous allez devoir partir dès que vous aurez reçu vos ordres.
- Ca ira, merci, dit Mallumoj, d'un ton encore acide.
Ils s'avancèrent jusque derrière le gigantesque four qui servait aux forgerons à chauffer le métal, et y trouvèrent le Commandant de la Commission et l'Ecologue en chef, Linné.
- Vous n'aurez pas pu nous donner nos ordres au "vocunda" ? C'aurait été plus pratique, non ?
- L'invention n'est pas encore au point. Le signal peut être capté par quelqu'un d'autre et espionné.
- Pourquoi pas dans votre bureau ? Et qui aurait envie d'espionner...
- Ritedura, silen. Je suppose que si ça doit rester secret, on va parler du Désert des Termites ?
- Une simple formalité, pour vous, en fait, annonça Karl von Linné d'une voie chuintante. On a envoyé un chasseur de confiance dans le Désert, pour enquêter sur la migration de certains monstres. Vous avez rencontré un Kulu-Ya-Ku, et des Gajau ont été repérés dans les rivières de la Forêt Ancienne.
- Ils ne sont pas sensés vivre uniquement dans les marécages ?
- Normalement. Toujours est-il que ce chasseur a découvert des fragments de la carapace du Zorah Magdaros. Et, nottament, un morceau de roche de la taille d'une maison. Il faudrait étudier ces débris, afin de pouvoir savoir vers où il se dirige actuellement, et accessoirement en connaitre plus sur lui. De plus, cela nous permettra de mieux connaitre l'écosystème du Désert des Termites, et peut-être de pouvoir laisser les chasseurs y entrer.
- Et nous, dans tout ça ?
- Les savants auront besoin d'une escorte. Vous remplirez parfaitement ce rôle. Oh, et vous avez toute permission pour neutraliser les monstres aggressifs. Le pistage du Zorah importe plus que tout.
- Permission de connaitre le nom des savants à escorter ?
- Voyons... Il y aura une assistante, celle qui a découvert l'usage des navicioles... Moi, évidemment, ensuite mon vieil ami Lamarck... Et exceptionnellement, un chasseur, un pisteur hors pair. De la Cinquième Flotte.
- C'est tout ?
- Oh, vous voulez la liste incluant les stagiaires, c'est cela ?
- Oui.
- Eh bien, il y aura en plus un certain Charles Darwin, très brillant, Louis Pasteur, et puis Mendel, Fleming, Lavoisier, Vesalio, Morgan et Carlson. Douze personnes au total.
***
- Allez, les stagiaires ! Du nerf !
Les stagiaires des écologues avaient la vie rude. En même temps, le principal intérêt des savants était l'étude des écosystèmes, et les chasseurs n'étaient pas souvent disponible pour les y aider : il fallait défendre Astera, l'approvisionner en nourriture... Les écologues stagiaires étaient donc là pour combler à ce problème. Ils prenaient les notes, partaient en mission sur le terrain pour récolter des échantillons, se coltinaient toutes les lourdes charges... Ils étaient quasiment réduits en esclavage. Cependant, au bout d'une demi-douzaine d'années, ils finissaient leurs études, récupéraient leurs diplomes, et devenaient écologues certifiés. Ils pouvaient désormais "faire travailler" d'autres stagiaires. Certains persistaient à aller eux-même sur le terrain, mais généralement, ça ne durait pas.
- Je ne comprend pas comment il peuvent supporter tout ce boulot.
Chris observait un wyvérien dégingandé, les cheveux ébourrifés comme s'il avait reçu un choc électrique, long et maigre comme un fil de fer. Tarwin ? Non, Darwin. Il avait un début de barbe blonde qui lui poussait sur le menton.
- Va donc les aider, fait comme Fabienne !
Fabienne poussait péniblement un des trois chariots au coté de Darwin et d'un autre étudiant.
Le Désert des Termites se collait à la Forêt Ancienne, et les rivières de la Forêt alimentaient les marécages qui formaient un vaste réseau. A l'endroit où les deux régions se croisaient, des vallées au murs creusés de trous abritaient des petites forêts ombragées, qui offraient un abri pour les plus petits monstres. C'était sûrement par là que le Kulu-Ya-Ku était passé. Au dessus, il y avait des rocs escarpées, des petites montagnes : le convoi passait par là. Ils avaient repéré un souterrain, qui leur permettrai d'arriver dans les forêts. Ah, ils y arrivaient.
- Le Désert des Termites, jeunes hommes, a été nommé ainsi à cause des nombreuses fourmis ouvriéres qui ont élevé de gigantesques termitières. C'est un environnement unique en son genre, comprenant des forêts tropicales, des déserts de sable et des marécages boueux. Sauriez vous me citer trois monstres pouvant habiter ici ?
- Le Barroth ! C'est un monstre aimant les climats secs, mais dépendant de la boue !
- L'Apceros !
- Morgan, c'est évident, trouvez mieux ! Nous en avons autour de nous !
- Le Niplezarv ! Euh... Non, Nibel, nibel machin...
- Nibelsnarf ! Bonne proposition, malheuresement non encore confirmée.
- La Rathian ? Elle vit dans les milieux humides et forestiers.
Linné ouvrit la bouche pour répondre, mais la referma aussitôt en palissant. Derrière les chariots, une grande wyverne s'approchait de la petite rivière. C'était une Rathian : elle avait une carapace émeraude, et une longue queue pleine de piques. Mallumoj rattrappa le premier chariot, et fit signe aux savants de se taire et de continuer à pousser.
- U-u-une Rathian ! C'est la première fois que j'en voie une !
Darwin s'était arrêté de pousser. Le premier chariot était presque arrivé à l'air libre, et le deuxième continuait à avancer. Les étudiants ne voyaient pas leur camarade : il fut renversé et roula jusque dans la rivière. Près de la Rathian.
Ritedura savait ce qu'il avait à faire. C'était un homme, ou plutot un wyvérien, d'action. Il sauta par dessus le chariot, dégainant en même temps son insectoglaive, et l'utilisant pour se propulser au dessus de la Rathian. Son fulgurinsecte le suivait, bourdonnant autour de la wyverne de feu, envoyant des petites impulsions électriques. Alors que le chasseur tentait de percer sa carapace d'écailles, la Rathian battit des ailes pour le dégager de son dos. Constatant qu'il tenait bon, elle s'envola pour de bon, au dessus des vallées tropicales. Heureusement, Ritedura avait lâché avant qu'elle n'arrive trop haut : il s'était accroché à une branche d'arbre avec son grappin. A son retour sur terre, tout les chariots étaient sortis de la forêt, Darwin fuyait lui aussi et Mallumoj le toisait du regard.
- Tu aurais pu te faire tuer.
- Mais je ne suis pas mort.
- Je ne veux pas te perdre comme on a perdu Père.
- Ecoute... Je respecte tes sentiments, ta tristesse... Mais ça fait longtemps qu'il est mort. Pourquoi t'obstine tu à porter son deuil ?
- Tu ne peux pas comprendre. Tu était trop jeune.
- On est jumeaux. J'ai le même âge que toi.
- Mais tu es parti à l'académie des chasseurs dès que tu as pu. Il ne t'as pas aidé à étudier, tu avait moins de liens avec lui.
- Ce n'est pas la question !
Mallumoj lança un regard cuisant à son frère avant de se remettre en marche. Il observa le paysage en rattrapant les chariots.
La partie désertique du Désert des termites était bossellée. En fait, il y avait plusieurs plateaux, un peu au-dessus du niveau de la mer, qui séparaient la plage du Désert. Ces plateaux continuaient le long des vallées et formaient des grottes, des crevasses, des cavernes remplies de stalagmites et donnant sur des lacs souterrains. Au Nord se trouvait un grand désert de sable, rempli de dunes. Là, les fourmis y avaient construits d'immenses termitières, comme des geysers instantanément fossilisés, qui avaient valu son nom au Désert des Termites. C'était là qu'avait été retrouvé l'écofact du Zorah Magdaros.
Mais, au Nord-Ouest, là où le Désert jouxtait la forêt, les plateaux laissaient la place à de grands marécages. L'eau s'infiltrait dans la roche, creusait des fissures, formait des nappes d'eau souterraine qui un jour ou l'autre perçaient la roche et se déversaient sur le sable. Alors, le mélange des deugx éléments formaient la boue : la boue formaient des mares, puis des étangs, et enfin des marais : du limon était rejetté sur les rives et offraient une terre fertile, humide. Des fleurs, roses et bleues, y poussaient. Plus loin encore, une cascade coulaient vers un vrais marécage. Ici, nulle plante, nul limon : tout l'espace était occupé par la boue, et ce qui n'était pas de la boue était de la roche. Aucun végétal ne pouvais croitre ici. C'était là que vivaient les Gajau, ces poissons-chats jaunes, affamés par la chaleur et l'air moite du désert.
Ils étaient enfin arrivés. Le débris faisait plus de trois mètres de haut, avait une forme conique, un peu anguleux, et était planté dans le sable du désert. A sa base, il faisait un diamètre de quatre mètres. Une petite trainée de lave coulait de la pointe du rocher : le reste était fait d'écailles noires, uniquement, même si une roche noîratre se formait autour de la base. L'érosion du sable avait poussé l'écofact presque jusqu'à l'horizontale.
Les chercheurs, excités par nul ne sait quoi, descendirent immédiatement des chariots. Au mauvais moment...
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