Epilogue

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Santa Catalina Island, Californie

Vendredi 16 juillet


Chelsea et Melody étaient installées confortablement sur la terrasse de l’Avalon Grille, dans l’axe de la jetée s’avançant dans la baie. La serveuse leur avait apporté les cocktails : un French 75 pour Chelsea et une Margarita Verde pour Melody. Le ferry Catalina Express, en provenance de Long Beach était attendu à dix huit heures cinquante. Louis avait envoyé un message pour confirmer qu’il avait pu arriver à temps et qu’il était à bord.

Après ces deux dernières semaines durant lesquelles Chelsea et surtout Louis avaient déconstruit les vies de plusieurs personnes, Black Panther avait eu envie de s’offrir un week-end de plaisir avec sa nouvelle amie. Chelsea avait loué une villa à Hamilton Cove, avec une petite plage privée. Les deux femmes étaient arrivées un peu plus tôt dans la journée et avaient déjà eu le temps de profiter du soleil et de la mer avant de se retrouver dans la plus grande chambre pour une longue sieste câline. Chelsea prenait plaisir à ces moments d’intimité féminine qui lui rappelaient des épisodes intenses de sa vie d’étudiante, mais elle n’en aimait pas moins sentir un homme en elle. Le souvenir de la nuit avec Julius et Moïra restait présent et elle comptait bien renouveler l’expérience dès que l’occasion se présenterait. Louis avait prévu de rentrer à Los Angeles dès le lendemain matin. Elles auraient donc toute la journée de samedi pour se mettre en quête de l’heureux élu.

Pour le moment, elles regardaient le gros catamaran manœuvrer en entrant dans le petit port. Dix minutes plus tard, Louis s’asseyait en face d’elles. La serveuse s’approcha aussitôt.

— Un Sex on the Beach, je vous prie.

— Hum.. commenta Chelsea, c’est une invitation ?

— Mesdames, se défendit Louis, vous êtes absolument adorables et j’aimerais sincèrement être comme vous capable d’apprécier et profiter du meilleur des deux genres, malheureusement, je serais un bien piètre amant et je ne veux en aucune façon vous décevoir.

— Comme c’est joliment tourné, apprécia Melody.

— Je suis absolument certain qu’il existe sur cette île un charmant garçon qui sera le plus heureux des hommes en passant une nuit avec vous. En attendant, quel est le programme de cette soirée de détente ?

— Et bien, répondit Chelsea, j’avais dans l’idée de commander un autre cocktail, puis de faire un excellent diner et enfin de rentrer à la villa pour boire un peu plus de vin. Qu’en penses-tu ?

— Ça me parait un bon plan. Oublions un moment les affaires et le bruit du continent pour nous faire un peu plaisir. Heureusement que nous n’avons pas à conduire.


Le soleil était couché depuis un moment lorsque le taxi déposa le trio à Hamilton Cove. Chelsea indiqua à Louis la chambre qu’elle lui avait attribuée.

— Je vais prendre une douche et me changer, dit-il, je vous rejoins dans quelques minutes.

— Je vais faire de même, répliqua Melody. Je vais mettre quelque chose de plus léger.

Chelsea regarda son amie s’éloigner. Elle avait le même balancement des hanches que lors de leur première rencontre, une démarche terriblement sensuelle et féline. Les bouteilles de vin attendaient le moment de la dégustation dans l’armoire ad hoc. Fidèle à ses habitudes, Chelsea avait privilégié les vins blancs français, mais elle avait aussi une bouteille de vin de Solvang, un vignoble californien, au nord de Santa Barbara ainsi qu’un Torrontès argentin. Elle sortit une bouteille de Meursault et le Torrontès et déboucha les deux flacons qu’elle déposa avec trois grands verres à pied sur la table de la terrasse. Elle contemplait les lumières qui s’étendaient au-delà du channel de Santa Monica jusqu’à San Clemente lorsqu’elle sentit la pression des seins fermes de Melody dans son dos. Chelsea se retourna et embrassa son amante.

— Pourquoi est-ce que j’ai toujours l’impression d’arriver au mauvais moment ? demanda Louis.

— Tu peux en profiter, si tu veux ! lui lança Chelsea.

— Pour le plaisir des yeux ! et Melody ne me cache rien.

En effet, cette dernière ne portait plus qu’une ample robe en voile quasi-transparent. Nul besoin d’imagination pour apprécier la silhouette de la jeune femme.

— Tu n’aurais sûrement pas eu la même impression le jour où nous nous sommes rencontrées dans ce bureau Regus à Los Angeles, lui lança Chelsea.

— Assez fantasmé vous deux ! interrompit l’objet de l’échange. Ce vin va réchauffer. Je fais le service ? Je vois que nous avons le choix entre la France et l’Argentine.

— Le Torrontès pour moi, répondit Chelsea.

— Meursault, compléta Louis.

Quelques minutes s’écoulèrent durant lesquelles chacun apprécia le vin qu’il avait choisi, puis Louis rompit le silence.

— Au risque de plomber l’ambiance, Chelsea, je me dois de te donner quelques nouvelles de tes amis. Et elles ne sont pas vraiment bonnes.

— Je peux vous laisser, si vous voulez, proposa Melody.

— Non, reste, je n’ai rien à te cacher, répondit Chelsea.

— Comme vous voudrez, reprit Louis. Commençons par le sud. En Floride, la DEA a interpelé William Rochambault, mais les choses ne sont pas très bien passées et Rochambault a été gravement blessé lors de l’intervention. Il est aujourd’hui hospitalisé à Miami, sous surveillance policière, mais il a pris une balle dans la colonne vertébrale au niveau des dorsales. Les médecins ne lui laissent aucun espoir, c’est la paraplégie complète et le fauteuil roulant pour le reste de sa vie.

— Il ne violera plus personne, commenta Chelsea avec cynisme.

— Au Texas, Marvin Holmes est en liberté sous caution en attendant un procès fédéral pour corruption de fonctionnaire et atteintes à l’environnement. Il risque au moins dix ans de prison. Sur la côte Est, un accident a eu lieu au nord de Baltimore. Le conducteur d’un SUV BMW a accroché un semi-remorque sur l’autoroute. Il n’a pas survécu. L’homme s’appelait Stuart Carter, il avait démissionné le matin même du laboratoire pharmaceutique où il travaillait et où il était impliqué dans une affaire d’essais cliniques bâclés et de subornation de témoins, suite au décès de deux enfants. La police n’a pas établi s’il s’agissait d’un accident fortuit ou d’un suicide.

— Ce que je dis est horrible, mais je n’éprouve aucune forme de sentiment en apprenant cette nouvelle.

— Enfin, pour terminer, Elisabeth Stanton. Elle était impliquée dans les deux affaires, aux côtés de Holmes et Carter. Elle a été contrainte de quitter le cabinet dans lequel elle était associée. Le procureur fédéral a soumis son cas au barreau d’Alabama. Il ne fait aucun doute qu’elle sera radiée à vie. Elle s’en tirera à bon compte si elle n’est pas également mise en cause pénalement dans les deux dossiers. Et j’ajoute que le Rotary lui a immédiatement enjoint de quitter la présidence du comité de Montgomery.

— Qui sont tous ces gens ? demanda Melody, et quel rapport avec toi.

— C’est une histoire très ancienne, je te la raconterai sans doute un jour, mais pas ce soir. Pour le moment, c’est une page qui se tourne et je souhaite en écrire une autre avec toi.

— Et moi alors ? demanda Louis.

— Mais tu as fait ton choix, il te faut l’assumer maintenant et dormir seul !



*** FIN ***

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