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Quelques heures après, ils étaient enfin arrivés dans l’après-midi, mais le soleil était doux. Druth avait encore le temps pour son voyage de retour vers sa hutte.
Galena ne pouvait pas, malheureusement, lui proposer l'hospitalité d'un bon repas. C’était une coutume que d’accueillir celui qui avait octroyé un repas et le confort de sa demeure. Zynbel serait furieux et la bonté offerte se verrait tacher par la brutalité de son mari. Le bien-être de sa fille avait disparu de son beau visage. Elle-même avait revêtu le masque de la femme résignée. Ce même masque sans expression que Zynbel avait créé par son attitude violente. La joie de la marche avait éclairci son esprit. Pendant quelques heures. Elle s’était rappelée l'esquisse d'un bonheur lointain. Le bonheur était une chose fragile comme une fleur. Celui-ci pouvait être facilement détruit, mais demandait beaucoup d’attention.
Galena savait que ce moment, celui du retour au village, pour elle, serait le retour à un cycle auquel le jour et la nuit étaient identiques. Ils formaient un agrégat de matière négative qui exsudait une odeur horrible, celle des échecs et de la haine ainsi que de la tristesse. La peur et la souffrance étaient un chant qui se jouait chaque jour pour la teinter d’une amère couleur. Une couleur sombre au-delà d’une noirceur absolue. Pourtant, Galéna se noyait dans celle-ci chaque jour. L’espoir est une espérance bien cruelle.
On ne le voit pas au loin, mais sans pouvoir l’atteindre. On ne sait pas quelle forme il doit avoir, néanmoins il palpite là, quelque part, dans un cœur qui saigne. Galéna marchait sur un sol fait de piques acérées pour que sa fille ne saigne pas à sa place. Elle la portait en la protégeant de la souffrance du mieux qu’elle pouvait.
Ce n’était pas suffisant, cela ne le serait jamais. Elle échouait tous les jours, mais elle ne pouvait pas abandonner. Tel était son destin. Elle était prisonnière, mais libre. Cette liberté serait un trop grand sacrifice à faire pour ses maigres forces.
Elle serait devant Zynbel comme chaque jour. Comme chaque jour, Senua serait triste une fois de plus, déçue avec un père qui n’en est pas un. Une fois de plus, la joie serait absorbée par la noirceur qui se dégageait de sa personnalité.
Elle n’avait pas de mots de réconfort. Ni pour elle-même ni pour sa fille. C’était cela le plus douloureux. L’impuissance a lutté contre une tornade de haine et de préjugés. Elle savait que tout le village était derrière Zynbel. Elle n’avait que Senua et l’amitié récente de Druth cet ermite d’un autre âge. Elle aurait pu s’échapper avec Druth et Senua, mais Zynbel les traquerait surement. Il tuerait Druth puis les choses seraient pires. Elle était enchainée à lui.
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