Chapitre I
Agglutinée sur les docks, la foule incrédule contemplait le grand navire se faire broyer par la mer. L’orage grondait, les vagues s’élevaient dans le ciel, grimpaient jusqu’à presque toucher les nuages puis s’écrasaient dans un vacarme assourdissant sur le pont du bateau, déjà à moitié submergé. La consternation saisit l’assemblée, la Baleine, le fleuron de la flotte marchande, un bâtiment de la taille d’un palais, chavirait devant leurs regards impuissants.
— Bordel…
Ferdinand observa son petit compagnon maugréer. Ce dernier restait pantois devant le cataclysme. Il n’avait même pas dû réaliser qu’une de ses pensées lui avait échappé. Après un long moment, l’aïeul au crâne dégarni et à la moustache trempée par la pluie, finit par refermer sa mâchoire, comme s’il réalisait juste que sa bouche était demeurée grande ouverte pendant au moins un bon quart d’heure. Il se rappela soudain du monde qui l’entourait et zieuta autour de lui jusqu’à s’arrêter sur son acolyte, qui le contemplait d’un air amusé. Il devait être le seul à ne pas se morfondre devant la perspective de la famine à venir. Flegmatique, l’homme au long manteau bleu lui lança :
— Comme tu dis.
La remarque arracha un sourire à Albert. Même dans ces conditions, Ferdinand trouvait matière à plaisanter. En dépit de la catastrophe en cours, ou à cause de celle-ci, il arborait une mine bravache, impertinente, presque arrogante. En fait, n’importe quel inconnu qui aurait décroché ses yeux du naufrage pour les poser sur lui se serait sans doute offusqué d’une telle attitude. Il se tenait droit, bombait le torse sans même y songer et présentait la posture de ceux qui possèdent le monde ou, a minima, qui pensent détenir des droits sur lui. Ses cheveux noirs et courts, son visage rasé de près, sa prestance et sa jeunesse juraient avec l’allure de l’ancêtre. Découvrir son protégé demeurer imperturbable dans de telles circonstances le chamboula. En cet instant, le vieillard ne se sentait pas moins épave que le rafiot qui sombrait devant lui. Heureusement, la voix de son camarade le sortit de sa torpeur :
— Bon, je pense qu’il est temps de rentrer. M’est avis que les foudres du peuple ne vont pas tarder à s’abattre sur nos glorieux dirigeants. Autant de ne pas se trouver dans les parages lorsque cela arrivera.
— Mouerf… T’as s’doute raison.
Les deux compères se frayèrent difficilement un chemin à travers la populace puis les gardes.
« Ils ne vont pas chômer, pensa le jeune homme. Quoique… »
Ils grelottaient de froid et le désespoir imprégnait petit à petit de sa marque chacun de leurs traits. Après tout, sous leurs armures de métal se cachaient aussi des corps bien amaigris. Ils mangeraient peu ce soir… Pour les plus chanceux. Peut-être renâcleraient-ils à rosser leurs concitoyens cette fois-ci. Pourquoi se fatiguer pour une gamelle vide après tout ?
Bravache, le jeune homme lâcha un « bon courage » à l’un des miliciens. Ce dernier lui répondit par un haussement de sourcil et un rictus des plus démonstratifs. Pour l’instant, il riait de la situation, dans une heure, il en pleurerait sans doute.
— T’sens cette bonne odeur, fiston ?
Ils remontaient l’allée des poissonniers. Les échoppes saccagées dégageaient encore l’odeur des poissons pour lesquels on s’était entretué ici.
— Grâce au Dieu Bleu, on n’a pas encore besoin de payer pour humer ce doux parfum.
— Si ces gredins d’vendeurs l’pouvaient, ils n’hésiteraient pas. Crois-moi ! Non mais oh ! Quinze sesterces le saumon… chétif en plus… Quinze ! Et après, ils s’étonnent de se faire lyncher… Z’avaient qu’à le vendre moins cher aussi. Tout le monde aurait eu à manger et après… et après voilà.
Ferdinand savait qu’il ne pensait pas la moitié de ce qu’il racontait. Il râlait pour râler. Il agitait sa canne comme s’il voulait en découdre, mais ce n’était que de l’esbrouffe. Il avait passé l’âge depuis longtemps. Ce vieux lascar lui avait presque tout appris. Au moins les bases. Du vol à la tire jusqu’à l’escroquerie en règle. Même deux ou trois rudiments de bagarre, discipline dans laquelle il n’excella toutefois jamais. Il avait eu de la veine de tomber sur lui à l’époque. Enfin, le maître ne s’était pas montré complétement désintéressé non plus. En échange de ses leçons, l’élève lui avait apporté de quoi se nourrir, se vêtir, se loger et même de quoi assouvir quelques besoins moins avouables.
— Ça va péter tu crois ?
Le ton de l’ancien sonnait un tantinet plus solennel, presque empreint de tristesse.
— Probablement. L’inverse me surprendrait. En fait, difficile de croire que l’ordre ait pu régner aussi longtemps.
— Eh ben… V’là où ça nous mène tout ça. Pfff… Qu’est-c’qui vont bien inventer cette fois ? Quand j’étais jeune, y’avait les rois, puis la république… et maintenant ? À nouveau les rois ? Une république mais une autre ? Un nouveau truc ? Pfff…
— Regarde le bon côté des choses, je gage que les Ilnéens vont passer de bien mauvais moments.
— Tant mieux ! Sans tous ces parasites, on aurait moins d’bouches à nourrir ! Y s’ramènent par paquets, n’foutent rien et pis ils bouffent à nos crochets !
— Ils ne sont pas seuls.
— Pt’être, mais eux, j’les aime pas !
Ainsi se comporte le peuple, songea Ferdinand. Lorsque tout va bien, il se montre accueillant et généreux, puis se retourne contre ceux-là même qu’il a aidés dès les premières difficultés.
— Toi tu les aimes bien. J’le sais.
— Pourquoi dis-tu ça ?
— La p’tite… comment elle s’appelait ? Dina… Mina…
— Dimitra ?
— Oui, ça ! Elle ! Tu l’aimais bien.
— Pour bien l’aimer, qu’est-ce que je l’ai bien aimé ! Ah ! Ah ! Rien que pour elle, on a bien fait d’en accepter autant entre nos murs !
— Ouais… j’savais qu’tu les détestais pas. Des salopiots j’te dis ! Tous des salopiots !
— Tous sauf elle !
— Elle t’a bien embrouillé la tête… Elle t’a bien lâché aussi. Elle d’vient quoi d’ailleurs, maintenant ?
— Aucune idée. Elle a dû trouver un meilleur parti.
— C’devait pas être bien dur.
— Voyons… je possède un beau manteau, vu l’époque, ce n’est pas rien.
— Pfff… Tu t’en n’es jamais débarrassé d’celui là. On pourrait avoir de quoi grailler pour deux s’maines si tu l’avais vendu.
— Tu me l’as toujours répété, il s’agit d’un excellent gagne-pain ! Tout le monde croit un homme habillé ainsi. Et puis… il me rappelle d’où je viens. Ah ! Ah !
— Mouerf… Tu n’t’imaginais surtout pas que la Baleine allait s’noyer comme ça.
— Il y a sans doute un peu de ça aussi. Hé ! Hé !
— Et arrête de rire… Par les temps qui courent, on va t’prendre pour un richou et on va t’faire la peau. Ça va bientôt devenir illégal d’être heureux ou même vaguement joyeux.
Ferdinand jaugea le bonhomme. Par moment, il se montrait fin, presque sage. Soudain des hurlements jaillirent du port. Les premiers jurons parvinrent jusqu’à leurs oreilles. Puis des bruits de métal. Des heurts. Bientôt, on parlerait de combats.
— Ça commence.
— Reste à savoir jusqu’où ça ira.
— On part regarder ça ?
— Vas-y si ça t’chante. J’ai vu assez d’émeutes durant ma vie. C’est un spectacle pour les jeunes. C’est une activité pour les jeunes. L’but, c’est d’évincer les vieux quand ils le méritent.
Vraiment, Albert savait faire preuve de fulgurances.
— Bon et bien rentre bien. Au moins, tu ne risques pas de faire de mauvaises rencontres. Il y a un rendez-vous pour les gens qui veulent poignarder d’autres gens en ce moment.
— N’est pas né l’enfoiré qui m’plantera ! Allez, amuse-toi bien !
Les deux amis se séparèrent ainsi, sans cérémonie d’aucune sorte. Albert poursuivit sa route sur l’allée des poissonniers tandis que Ferdinand bifurqua et traversa la rue des palefreniers. Quel honneur d’appeler ça une rue. Un espace entre deux maisons, pas pavé, et couverts des ordures du voisinage. On comprenait en un instant le peu de cas que la cité faisait des palefreniers. Il marcha ensuite le long de l’avenue des bateliers, profession éminemment plus respectée, puis grimpa la colline du Dieu Rouge. Là-haut, à côté de la Tour Pourpre, la vue serait imprenable. Il escalada les marches quatre à quatre jusqu’à se trouver nez à nez avec un prêtre, dont la tenue ne jurait pas avec le nom de la divinité.
— Je bénis le Rouge, lâcha-t-il mécaniquement au clerc.
— Le Rouge te bénit, répondit l’intéressé.
— La ville risque d’un peu plus se convertir à votre culte, ce soir.
— On se doit de vénérer le Rouge avec modération… Je crains qu’il ne reçoive un peu trop d’offrandes cette nuit.
— Cette nuit ? M’est avis que l’année à venir s’avérera bien faste pour lui. Qui sait, c’est peut-être vous qu’on mettra au pouvoir cette fois.
Le religieux pouffa sous son capuchon.
— À quoi bon ? Le Bleu nous engloutira tous. Tôt ou tard. Autant le couronner dès maintenant, non ?
— Au contraire, profitons des autres divinités tant qu’elles détiennent encore un peu d’autorité.
Avant que le pieux ne réagisse, une cacophonie se fit entendre en contrebas. Les hurlements et les cris laissèrent la place aux bruits de l’acier contre l’acier et du fer contre la chair. Les deux individus se turent et observèrent la masse grouillante s’animer depuis le port. La pluie torrentielle se calma quelque peu et les torches se multiplièrent. La masse noire et informe se mit à gigoter, contenue à grand peine par un mince filet argenté. La lune perça enfin les lourds nuages comme pour éclairer de sa lueur l’affrontement qui se dessinait.
« Le ciel voudrait se moquer de nous qu’il ne s’y prendrait pas autrement, s’amusa Ferdinand. »
Le cordon métallique reculait lentement, toujours accompagné du vacarme des estocades. Le faisceau de flambeaux bien organisés s’étirait petit à petit sous les coups de boutoir des innombrables flammes qui l’assaillaient. La danse qui se dessinait suivait un schéma bien précis. L’attroupement se densifiait à un endroit, chargeait la ligne, qui reculait sans rompre, avant d’à son tour contre-attaquer dans un flamboyant ballet. Les bruits eux-mêmes se répétaient de manière cyclique. Des cris de rage, puis de fureur au moment de l’offensive, suivis par des échanges de coups, des gémissements de douleur et, enfin, par les ordres saccadés des officiers qui ordonnaient de reprendre le terrain. Sans doute la confusion régnait elle en bas mais, de là où il se trouvait, Ferdinand percevait clairement que les gardes ne tiendraient pas longtemps. Leur formation s’affaissait sans cesse à chaque assaut des insurgés. Elle céderait. Dans un choc ? Dans dix ? Dans vingt ? Nul ne pouvait le prédire mais elle céderait.
— Pourquoi ne participez-vous pas ?
— Oh, mais je participerai. Je diffère juste un tantinet mon entrée dans l’arène.
— Certains pourraient vous traiter de lâche.
— Stratège, je dirais. Je possède quelques ambitions et je ne tiens pas à les gâcher en mourant bêtement d’un malheureux coup de lance.
— Des ambitions pour notre île ?
— Pour moi-même, surtout.
— Les gens avec des manteaux tel que le vôtre regorgent d’ambition pour eux-mêmes.
— Je vous le confirme mais, en règle générale, ils le cachent.
— Vous vous pensez différent ?
— C’est que, pour ma part, je ne possède plus que le manteau.
— Vous cherchez à recouvrir un rang ?
— Cela pourrait constituer un début. Une étape tout du moins. Mais qui refuserait de récupérer ce qu’il a perdu ?
« Hourra ! » La bataille qui se jouait réaccapara l’attention qui lui était due. Les gardes venaient de rompre. Non, ils avaient ouvert les rangs. Plutôt que de finir piétinés, ils cessèrent de résister. « Sage décision », commenta en son for intérieur l’homme sur la colline. Le nuage noir se déplaça du port jusqu’aux quartiers marchands à travers la grande avenue de la république. De nombreuses flammèches s’éteignirent sur le trajet. D’autres s’accrochèrent à certains bâtiments et grossirent jusqu’à englober des maisons entières. L’anarchie commençait. Bien plus dangereuse que la période d’affrontement. Tout innocent un tantinet malchanceux pouvait y passer dans ces circonstances. Des grains noirs sortirent des masures par centaine. Certains tentèrent d’éteindre les incendies. Quelques-uns attirèrent sur eux la foudre des mécontents. Mais la plupart se ruait vers les temples, espérant y trouver un salut compromis par les évènements.
— Je vous l’avais prédit : vous allez gagner en fidèles. J’aperçois déjà une poignée de nouveaux dévots qui accourent pour adresser leurs prières au Rouge. Si je puis me permettre, vous vous débrouillez bien mal. Placée sur un tel promontoire, votre église n’attirera que les athlètes. Il y avait plus à gagner ce soir.
— Cela semble vous réjouir. Et je doute que votre air satisfait ait grand-chose à voir avec le soudain surplus de fréquentation du temple.
— Qu’est-ce que cela changerait ? Je n’ai rien à voir avec ces évènements. Mieux vaut s’en satisfaire que s’en morfondre, non ? D’ailleurs, si cela peut vous rassurer, je suis prêt à parier que ceux qui ont causé ceci tremblent plus que quiconque en ce moment.
— Sans doute… Veuillez m’excuser, j’ai du monde à accueillir et je ne tolérerai pas qu’on profane ce lieu.
— J’ignorais qu’il était sacrilège de verser le sang aux pieds du Dieu Rouge, conclut Ferdinand sans détourner son regard de la ville en proie aux exactions.
Son attention était captivée par cet amas d’hommes et de femmes, tout entier abandonnés à la sauvagerie et à la haine la plus primale. Ils cherchaient des coupables et ils savaient où en trouver. Les malheureux en quête d’un exutoire facile les débusqueraient dans le quartier des Ilnéens. Ceux motivés par le simple appât du gain et par la perspective d’assouvir au moins un peu leur faim, saccageraient la première demeure qu’ils croiseraient ; mais les moins sots se précipiteraient vers le sénat. L’immense bâtisse au toit en spirale blanche qui surplombait la baie des seiches deviendrait sous peu la cible de tous les révoltés et il ne ferait pas bon y avoir officié trop longtemps.
La trainée orangée se déplaçait petit à petit vers les hauts quartiers et éclairait de sa lueur infernale les yeux de l’observateur. Le crépitement des brasiers chatouillaient ses oreilles mieux que le ronronnement d’un chaton et la douce odeur de fumée caressait ses narines. Il préférait ce parfum à toutes les fleurs du monde. Il resta captivé par la cité en ébullition puis, dans une reprise en main de sa propre personne, il frappa des paumes sur la petite barrière.
« Bon ! Ne nous attardons pas. »
La contemplation devait laisser la place à l’action et, pour cela, il devait être en forme et donc rentrer dormir. Il lui faudrait saisir chaque occasion qui se présenterait, préparer son grand retour dans les affaires, profiter de ces évènements qu’il attendait depuis si longtemps. D’un geste de la main, il salua le prêtre, trop occupé à calmer la petite foule devant lui pour lui rendre la pareille. Ferdinand descendit ensuite l’escalier qui menait au point de vue puis emprunta un petit sentier entouré de buissons. La pluie avait définitivement cessé et une légère brise caressait son visage ovale. Par on ne sait quel cheminement psychologique, cela lui rappela que, lorsque la populace se soulève, mieux vaut avoir l’air d’un manant que d’un bien né. Il ôta son manteau de toile, le plia et le plaça sous son bras. Sans lui, il devenait semblable à tous les pauvres hères qui grouillaient dans la cité d’Ornemer. Il arborait des sabots usés, une culotte marron, trouée en un endroit seulement, et une tunique deux tailles trop grandes pour lui. Au moins était-elle assortie à son pantalon.
Il n’appréciait pas cet accoutrement mais il appréciait encore moins l’idée qu’on le tue pour ne pas l’avoir exhibé.
— À l’aide !
Ce cri perturba ses pensées. Il regarda à sa droite et aperçut, au milieu des fourrés, deux hommes s’en prendre à une jolie jeune femme. Le dilemme ne lui effleura même pas l’esprit. Il se contenta de saluer le groupe entier d’un hochement de tête avec un sourire des plus amicaux, puis continua sa route.
« Ces deux affreux perdraient à tout jamais l’occasion de coucher avec une beauté pareille s’ils ne la saisissaient pas maintenant, commenta-t-il pour lui-même. »
Alors qu’il s’apprêtait à sortir du jardin des deux sœurs, une détonation raisonna à travers toute la ville en provenance du sénat.
« Ils ont déployé les arquebusiers. Ils ne reculent devant rien. À quand les canons ? Sacrés sénateurs. Ils tremblent plus qu’un condamné la veille de son exécution. Mais, après tout, pour le bien du peuple, il faut parfois lui mettre un petit peu de plomb dans le crâne, n’est-ce pas ? »
Cette dernière pensée lui étira le visage. Il lui arrivait plus que de raison de se faire rire tout seul mais il s’agissait là d’un trait qu’il appréciait chez lui. Il finit par attraper la rue des cordonniers, puis celle du roi Félix, que la république honnissait au point qu’elle lui dédia une passe qui ferait passer celle des palefreniers pour une véritable avenue. Enfin, il tourna à gauche sur le chemin de la charité, parsemé de bicoques aussi mal construites que famées. Il enjamba mécaniquement Jagon, un chien mort depuis trois mois que nul n’avait pris la peine de déplacer, puis entra dans l’amas de bois qui lui servait de demeure, véritable chef d’œuvre de bricolage et de rafistolage envié de tous les riverains. Il accrocha au sec et au propre son manteau avant de s’allonger sur la paillasse qu’il appelait un lit. Les ronflements du vieil Albert et l’excitation qui animait Ferdinand n’auguraient pas d’une nuit longue mais qu’importe.
Au pire, il rêverait éveillé de sa future ascension. Une occasion pareille ne se produisait qu’une fois dans une vie et il comptait bien la saisir. Il savait déjà par où commencer. Il se remémora sa vie passé dans l’opulence et imagina sa vie à venir qu’il comptait bien rendre encore plus prospère. Il s’admira en riche marchand, en valeureux amiral, en puissant roi et même en messie, sauvant son île du Dieu Bleu. Contre toute attente, il s’endormit paisiblement, recroquevillé sous le bout de tissu qui lui servait de couette.
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