Chapitre neuf

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La journée de Steven.

 

 

Steven suivit Lhamo, Drimey, Ja, Sam, Matilda et Jamyang jusqu’à l’arrière du temple. Se trouvait là un petit parking, avec une dizaine de petites voitures de golf électrique, branché sur des prises d’alimentation sortant de borne installé devant chaque place. Jamyang débrancha trois des voitures, et ils s’installèrent dans les voiturettes. Un rire se fit entendre. Ils virent Dujom et Tashi arriver main dans la main et s’installer sur les places encore libres. Ils démarrèrent et firent un arrêt devant le pavillon de Steven, le temps de récupérer une petite mallette avec ses dossiers médicaux depuis le tout premier, jusqu’à la pose des capteurs.

On ne roule jamais vite dans N?land? et encore moins avec ces jouets sur roulettes. Ils leur fallu un quart d’heure pour arriver devant la maison des grands maîtres. Il y avait une belle ferme ancienne et un grand hangar sur le devant. Les voiturettes furent garées dans le hangar et rebranchées. Ils n’allèrent pas dans la ferme, mais la contournèrent. Derrière celle-ci, se trouvait six pavillons disposés en arc de cercle. Une immense table en bois flanqué de deux bancs, se situait entre les pavillons et la ferme. Dujom et Tashi accompagnés de Jamyang, montèrent de petits escaliers le long du mur de la ferme et disparurent par une porte se trouvant au niveau du grenier. Drimey, lui posa la main sur l’épaule. Il sursauta, gêné d’avoir été pris sur le fait dans un pêché de curiosité.

—   Dujom et Tashi étudient chaque jour, comme chacun des élèves de N?land?. Aujourd’hui leurs lamas seront Jamyang et Phuntsok. Demain, ce sera deux autres, etc. Crois-moi, ils adorent ça, les jours de vacance, ils s’ennuieraient presque.

Elle lui fit signe de la suivre, elle alla s’asseoir à la grande table. Les autres femmes, n’étaient plus avec eux.

—   Puis-je regarder ton dossier, s’il-te-plait ? Ne t’en fais pas, je suis médecin. Tout ce que tu me diras, ou montreras sera couvert par le secret professionnel et le secret entre maître et disciple.

Il ouvrit la mallette et lui donna le dossier, qu’elle ouvrit aussitôt, en le feuilletant très rapidement. Puis elle lui demanda de lui raconter son histoire en entier, depuis le commencement. Il ne se pressa pas, s’arrêtant sur chaque détail lui semblant avoir une quelconque importance. Bientôt, Lhamo et ses sœurs revinrent poser une théière et deux tasses, puis repartirent en le laissant seul avec Drimey. Celle-ci était charmante. Mais c’était le cas de toutes les personnes qu’il avait rencontré depuis son arrivée dans l’université.

—   … sentis cette nuit ? – Insista la voix de Drimey.

Il releva la tête, honteux. Elle cherchait à l’aider et il rêvait.

—   Je suis désolé, j’étais ailleurs… – S’excusa-t-il.

—   Je sais, tu te poses des tas de question. Tu n’es ni le premier ni le dernier, à qui cela arrive. N?land? semble exotique les premiers jours. Je te propose un marché. Chaque fois que j’estimerais avoir appris quelque chose d’important, tu pourras à ton tour me poser une question sur N?land?, n’importe laquelle, je te répondrai. Tu es d’accord ?

Il hocha la tête en riant. Il avait l’impression d’avoir de nouveau l’âge de Dujom ou Tashi. S’il était sage chez le médecin ou le dentiste, il gagnait une sucette ou une petite voiture. Non, Dujom et Tashi étaient des maîtres, et avaient quitté l’enfance. A quatorze ans, ils entraient dans la préadolescence. D’ailleurs, Steven avait surpris une ou deux fois, la veille, de voir Dujom et Tashi, se tenir la main, non pas comme un frère et sa sœur, mais comme des amoureux.

—   Je te demandais ce que tu as ressentis cette nuit, lors de ton absence ? – Reprit Drimey.

Alors, il lui expliqua tout ce qui s’était passé avant et pendant son absence. La vision de Tseyang brillant dans le noir. Le fait qu’il soit sorti sans ouvrir la porte ou la fenêtre et le point le plus important, selon lui, il savait dès le départ qu’il devait aller près du lac. Jamais encore, il n’avait su où il se rendait. Hier, il était conscient d’aller vers ce lac.

Drimey notait très rapidement en sténo dans un carnet tout ce qu’il lui disait. Elle souriait en écrivant, comme si ce qu’il racontait était réellement important. Il ne voyait pas en quoi. Évidemment, il y avait des évènements inhabituels, mais ça ne lui semblait pas être la clef de l’énigme. Lorsqu’il eut terminé, et se tut, il but une gorgée de Bod Cha. Elle l’observa toujours souriante.

—   Tu as le droit de poser ta première question. – Lui dit-elle – Avant cela, je voudrais ton autorisation de parler de ce que tu m’as raconté aujourd’hui, à mes sœurs et frère. Pas ce qui est médical. C’est un secret inviolable. Mais tout le reste… Ils pourront t’aider bien mieux.

—   Lama Jigmé, que je ne connais qu’à peine, semblait penser que N?land? pourrait m’aider. J’ai cru comprendre que frère Joseph, pense la même chose. Je serais fou, si je refusais aux seules personnes capables de m’assister, le droit de connaître mon histoire. J’accepte sans réserve.

—   Merci de ta confiance, Steven. Pose ta question que nous puissions continuer. Cependant, avant je te demanderai un serment à toi aussi. Tu entendras des explications étranges, tu verras des tas de faits étrange pendant ton séjour. Jure-moi de ne jamais parler de ce que tu verras où entendra dans N?land?, en dehors de N?land?. Tu ne parleras qu’avec des gens dont tu es sûr. Tseyang, tes maîtres, Maud… En ce qui concerne Paul, tu attendras encore un peu. Tu le jures ? – Il jura et posa sa question. Il n’eut aucun besoin d’y réfléchir, en bon informaticien, son esprit fonctionnait comme un ordinateur. First In, First Out.[i]

—   Vous êtes tous excessivement jeunes. Comment est-ce possible ? Vous avez été recruté à la maternelle ? – Demanda-t-il souriant, pour éviter toute tension.

—   Une partie des lamas de N?land? sont des anciens élèves. Même si N?land? n’a que très peu d’année, mon père Jangbu Jhampa Gyatso Donsel, enseigne depuis 1978. Il a formé nombre de lama. Beaucoup nous ont rejoints. Ensuite, certain de nos nouveaux élèves se sont avéré miraculeux. Ils ont atteint la sagesse immuable du Buddha en deux à trois ans. J’imagine qu’en posant ta question, tu penses à ce que tu appelles les grands maîtres ? 

—   Oui, en vérité, c’est ma question…

—   Je te comprends. Il s’est passé dans cette ville des évènements incroyable, souvent incompréhensible aux simples mortels. Huit véritables Buddhas sont apparus. Et les émanations de six T?r?s. Les T?r?s verte, blanche, jaune, rouge, noir et or. En plus de ça, mon père est l’émanation de Manjusri, Boddhisattvas de la sagesse. Dujom l’est aussi, car il est l’avatar du père de Jakli, incarnation de Manjusri. Nous sommes immortels, nous ne vieillissons plus. Certain rajeunissent, comme lama Khampo par exemple. Quel âge donnes-tu à Lama Khampo ? – Questionna-t-elle.

—   Quarante, ou quarante-cinq ans… – Répondit-il. Elle rit.

—   Il a réellement soixante-seize ans. Mais depuis l’inauguration de N?land?, il rajeunit d’année en année… Bien, j’ai répondu à ta première question. Je sais, elle en amène bien d’autres. Tu attendras. Nous parlerons dans la voiture, nous partons pour l’hôpital de Peoria. Je dois lire les données de ton capteur.   

Ils prirent la mallette avec le dossier médical de Steven, et se dirigèrent vers la grange. Il y avait trois véritables voitures garées sur les deux côtés. Une voix les stoppa :

—   Drimey, ma puce, je n’ai vu aucun de vous ce matin. Est-ce nous qui gardons Dujom, Tashi et vos filles ce soir ?

Steven regarda la femme qui venait de parler, elle avait la cinquantaine, une jolie femme d’allure sportive, elle ressemblait beaucoup à Lhamo ou… William. Bien sûr, ils étaient frère et sœur tous les deux. Et comme n’importe quelle grand-mère, elle gardait ses petits-enfants.

—   Nous hésitions, Maman, vous avez déjà Dolkar et Kunga, vous n’avez pas peur d’être débordé ? – Demanda Drimey.

—   Non, Élodie, Amélia, Jhampa et Antonio passeront la soirée avec nous. Nous aurons ainsi tous nos petits-enfants. – Affirma la femme avant d’avancer vers Steven. – Bonjour – Lui dit-elle. – Je suis Abby, la maman de Lhamo, William et quelques autres… Nous nous reverrons très vite. Je ne vous retiens pas, je sais que votre journée est chargée. – Puis elle fit demi-tour et retourna dans la ferme.

Il monta dans un gros 4x4 Humvee près de Drimey et celle-ci démarra aussitôt, dix minutes plus tard ils étaient sur la nationale amenant à Peoria. Il regarda un moment par la fenêtre avant que sa curiosité ne l’emporte.

—   Combien d’enfant ont Abby et son mari ? – Interrogea-t-il.

—   Mon beau père, s’appelle Gage. Lui et Abby ont cinq enfants. En partant du plus vieux au plus jeune, ça donne : Bartholomé, Élodie, Amélia, Lhamo et William. Ne pose pas la question, ils sont tous lamas et enseignent tous à N?land?. Cependant, en ce moment, Bartholomé est avec une équipe de ses élèves aux Tibet. Ils tournent un film sur la vie de Marpa, un grand maître du bouddhisme. Ils reviennent bientôt. Le tournage se termine dans peu de temps. Ils feront le montage et la post production ici.

—   Tibet ! Tibet outragé ! Tibet brisé ! Tibet martyrisé ! mais Tibet libéré ! – Dit-il en se souvenant d’un discours du Général de Gaulle appris au lycée. – Là encore, il me semble que vous n’y êtes pas étranger, vous les grands Maîtres de N?land?. – Drimey ne s’empêcha pas de rire.

—   Jolie citation… En effet, nous avons eu de la chance. Aujourd’hui la Chine est une véritable démocratie. Nous y avons des tas d’amis.

—   Vous avez de quoi tourner des films, ici ? – Elle éclata de rire.

—   Pauvre Steven, tu pourras rester une semaine que tu n’auras pas encore tout vue. Nous avons une quantité de ressource. Les associations et congrégations bouddhiste du monde entier nous soutiennent. Suivant le religious act, nous recevons des dizaines de subventions de la part du gouvernement fédéral. En plus de l’université religieuse, nous avons une petite université formant les étudiants dans des tas de domaines ou de formations professionnel.

—   Je me posais la question justement. Si je voulais rester à N?land?. Que devrais-je faire ? Me convertir, j’imagine. – S’intrigua-t-il. Hier, il était seul et sa vie était finie. Aujourd’hui, il avait Tseyang, l’espoir et des tas de projets.

—   Ah, c’est la grande question… Je ne sais pas. Nous n’acceptons pas n’importe qui. Il faut la recommandation d’un maître. Un lama reconnu. Tu as eu celle de lama Jigmé, celle du frère Joseph. Tu nous as fait à tous une excellente impression. Tu ne le sais pas encore, mais il émane de toi une très forte spiritualité. Je pense que si tu nous demandais simplement la possibilité de rester, nous ne pourrions te le refuser. – Répondit-elle. Il fut surpris, mais ravi.

—   J’ai lu quelque part, qu’il y avait trois prieurs et trois Abbés à N?land?. Lhamo, Jakli et Jamyang seraient les prieurs. Toi Drimey, Lama Matilda et Lama Khampo, seriez les Abbés. Je ne connais rien au bouddhisme, mais chez les chrétiens les Abbés passent au-dessus des prieurs. – Lui dit-il. Ce qui provoqua un nouvel éclat de rire.

—   Chez nous ça ne veut rien dire. Sa Sainteté le Dalaï Lama a demandé à ce que je sois Abbé de N?land?. Nous ne pouvions l’être tous, personne ne l’aurait compris. Nous avons partagé les rôles. Alors tu as raison, lors des conseils, lorsque nous décidons tous en votant, ma voix, celle de mes frères et sœurs compte pour beaucoup. Mais Lhamo, Matilda, Jakli, Sam, Ja, Jamyang et moi-même décidons en commun accord. – Il hocha la tête, ça semblait suffisant pour montrer sa compréhension.

—   Est-il vrai que Lhamo est morte et ressuscitée ? – Demanda-t-il en se forçant. Il avait conscience de dépasser une limite, mais ce point le travaillait tellement.

—   Oui, bien sûr que c’est vrai. Tu n’as pas foi dans les paroles de CNN ? – Questionna-t-elle en le regardant dans les yeux, avec un sourire apparent. – « Un Buddha parfait, ne peut être tué, blessé ou mourir. Il n’est pas encore en Nirv?na, mais n’est déjà plus de ce monde. » Crois-tu que tous nous suivent sans raison ? Nous sommes presque tous morts et revenus à la vie. Mes sœurs et Jamyang sont des maîtres parfaits et incommensurables. Ils sont de véritables Buddhas, venus directement de Nirv?na pour nous enseigner. Au sens chrétien du terme, ils sont des dieux véritables. Comme Jésus, Marie ou Joseph… Maintenant, à mon tour de poser des questions ! – Termina-t-elle en riant. – Il lui sourit, et fit un signe de tête.

Drimey, pila et jura, un camion venait de lui faire une tête à queue et restait immobile au milieu de la chaussée.

—   Seigneur ! – jura-t-elle. – Que se passe-t-il encore ? – Elle se retourna et attrapa sa sacoche de premier secours derrière elle, avant de crier à Steven. – Suis moi, tu pourras peut-être m’aider !

Ils descendirent tous les deux de la voiture et coururent jusqu’au camion. Il n’y avait qu’une personne à l’intérieur et il était affalé sur son volant.

—   Appelle le 911, s’il te plait. Je m’occupe du chauffeur…

Aussitôt, elle monta dans le camion et s’occupa du blessé. Steven se retrouva très dépourvu, il n’avait plus de portable depuis longtemps. Heureusement, le blocage d’une voie de circulation avait ralentis tout le monde, il fit de grand signe avec les deux bras, pour arrêter les automobilistes. Deux accélèrent, et passèrent sans s’arrêter. Le troisième ralentis et s’arrêta à sa hauteur.

—   Que pouvons-nous faire ? – Demanda la passagère. – Elle était jeune, la trentaine.

—   Appelez le 911 ! Dites-leur d’envoyer une ambulance et peut-être la police pour régler la circulation… Je ne suis pas de la région, je ne sais pas où nous nous trouvons. Précisez-leur l’endroit.

La voiture redémarra, mais elle ne disparut pas comme les autres avant elle. Elle se gara devant le camion. La femme passa un portable à son compagnon, avant de descendre de la voiture.

—   C’est un problème médical ? – Questionna-t-elle. Il répondit d’un signe de tête. – Je suis infirmière, je peux sûrement aider. Qui est avec le chauffeur ?

—   Un médecin, mais elle aura peut-être besoin d’aide…

La femme ne perdit pas de temps à discuter et monta dans le camion. Steven resta impuissant près de la voiture du couple qui les avait aidés.

—   Ne vous en faites pas, monsieur. Valeria est infirmière urgentiste, elle saura quoi faire. De toute façon vous n’y êtes pour rien, j’ai tout vu, je n’étais pas si loin derrière vous. Vous avez eu de la chance de pouvoir l’éviter. – Lui dit le jeune homme.

—   Merci – Répondit Steven. – J’aimerai juste que le chauffeur s’en sorte…

—   N?land?. Vous êtes fantastiques et incroyables. J’ai faits trois stages chez vous. Vous ne pouvez sauver tout le monde. C’est la règle. Personne de déroge à la mort. – Répondit-il, avant d’ajouter. – Les secours sont en route, ils seront là dans moins de cinq minutes. L’hôpital le plus proche est juste à l’entrée du périphérique.

—   C’est vrai, tout est impermanence et rien ne dure, surtout pas la vie. Mais la mort n’en est pas gaie pour autant… Heureusement que votre femme et vous, connaissiez le coin, j’étais perdu, c’est la première fois que je viens à Peoria. – L’homme se mit à rire.

—   C’est ma grande sœur, c’est vous qui avez de la chance, elle a passé sept ans avec les secours ambulancier de la ville. Moi, je ne suis qu’un révérend dans l’église presbytérienne.

—   Et vous êtes allé en stage à N?land? ? – S’exclama Steven.

—   Prier, s’apprend. Les méthodes changent, pourtant une prière est une prière. À N?land?, je ne me suis jamais senti déplacé. Personne ne m’a imposé ses croyances et j’ai appris beaucoup. Vous devez le savoir mieux que moi avec votre robe ! – Steven eut envie de rire. Son Chougu était tellement naturelle, qu’il l’avait oublié. – Il tapota l’épaule de l’homme en souriant. Puis il entendit la voix de Drimey hurler :

—   Steven, vient ici tout de suite. Jeremy accompagne le, nous avons besoin de vous !

L’automobiliste, donc Jeremy, et Steven, coururent vers le camion. Drimey et Valeria les attendaient avec le chauffeur. Valeria était d’un côté et le maintenait. Drimey était de l’autre et elle l’empêchait de tomber sur le sol. Il ne pesait pas loin de cent dix kilos, elles auraient été incapables de le porter à deux. Drimey donna ses ordres, Jeremy se tiendrait près de sa sœur, pour l’aider à porter le chauffeur. Steven resterait près de Drimey, pour le porter et le poser sur le sol. Ce serait le seul endroit où l’on pourrait lui prodiguer les soins nécessaires. 

Ils comptèrent jusqu’à trois et soulevèrent l’homme. Ils le déplacèrent doucement, ce qui n’était pas des plus simples, il fallait que Jeremy et Valeria puissent descendre l’échelle d’accès entre le poste de pilotage et la route. Ils arrivèrent tant bien que mal à le sortir et le poser sur le sol. Valeria hurla.

—   Je n’ai plus de pouls, plus de pouls, il faut faire un massage et le bouche à bouche !

Dans l’instant, Drimey commença le massage cardiaque, dès qu’elle s’arrêtait, Valeria la relayait avec le bouche à bouche. Elles s’activèrent ainsi pendant dix minutes. Drimey se releva en pleurant presque.

—   Ce n’est plus la peine, c’est fini, nous l’avons perdu. – Lança-t-elle dans un cri de rage.

La sirène des secours se faisaient entendre, mais il était trop tard. Valeria était près de son frère, le corps à l’abandon. Steven s’assit près de lui.

—   Qui étais-tu, toi l’inconnu ? Un monstre ? Ou un homme simple qui travaille pour nourrir sa famille ? Écoute-moi, tu es un homme dont la vie a été trop courte. C’est injuste. Mes prières t’accompagnent, je te souhaite une vie éternelle près de notre seigneur Jésus Christ. Soit bénis au nom du père, du fils, du saint esprit et de tous les Buddhas. – Murmura-t-il.

Ça n’avait pas la moindre importance, personne ne l’écoutait. Il posa sa main sur le cœur de l’homme et sentit une décharge, comme un violent choc électrique. L’homme « mort » ouvrit la bouche et hurla, puis aussitôt se calma et ouvrit les yeux. Dès le premier cri, Drimey et Valeria avaient accourus. L’homme les regardait tous en souriant.

—   Où est Gena ? – Demanda-t-il avant d’essayer de se relever. Drimey l’obligea à se rallonger.

—   Qui est Gena ? – Demanda-t-elle.

—   Ma femme, elle était près de moi au départ de Milwaukee. – Murmura-t-il. Il n’avait pas encore la force d’en faire plus.

C’est à ce moment précis, que la police et les ambulanciers les entourèrent. Aussitôt, l’homme fut ausculté et pris en charge. La police s’occupa de fluidifier le trafic.

—   Où l’emmenez-vous ? – Leur cria Drimey.

—   Notre secteur est sur l’hôpital de l’Insurrection.

—   S’il vous plaît, emmenez-le à Saint Francis, médecin traitant Drimey, Stéphanie Isabelle Donsel. Je travaille là-bas, je suis la première à l’avoir vu, j’aimerais le suivre… – Plaida-t-elle. L’ambulancier la dévisagea, un court instant avant de demander, presque timide.

—   Êtes-vous la Drimey Donsel que tout le monde connait ? – Elle se mit à rire.

—   Tout le monde, je ne l’imagine pas. Mes amis, probablement. Ma maman, Vanessa Donsel, très certainement. – C’était très fin, pensa Steven, sans rien dire elle imposait l’autorité présidentielle sur le pauvre chauffeur. Il lui sourit de son plus beau sourire.

—   Je suis fan de l’équipe Donsel. Votre patient sera à Saint Francis dans peu de temps. Ne m’oubliez pas si vous avez besoin d’infirmier, je viens tous juste d’obtenir mon diplôme, mais un grand hôpital comme Saint Francis me plairait beaucoup…

—   Comment va votre malade ? – Réclama-t-elle d’un ton froid. Le chauffeur se tourna vers l’arrière et parla avec les ambulanciers.

—   Il est en pleine forme, il veut déjà partir, nous risquons de devoir l’immobiliser pour l’empêcher de sortir. – Elle sortit deux cartes de visites de son portefeuille et les tendit au chauffeur.

—   Voici ma carte de visite professionnelle et celle du chef de l’hôpital de Saint Francis. Nous cherchons sans arrêt des infirmiers compétents et plein de compassion. Si vous répondez à ces deux catégories, appelez-le dès demain. Dites-lui que je vous ai donné son numéro.

Il n’insista pas plus longtemps, la remercia d’un signe de tête, mit la sirène en route, et s’en alla en prenant la bande d’arrêt d’urgence. Pendant que la police s’occupait du camion, Drimey échangea des cartes de visite avec Valeria, puis revint près du 4x4 et fit un signe à Steven.

—   Nous avons utilisé plus de temps que nous n’en avions en réserve… – Lui dit-elle.

Il s’installa immédiatement sur son siège, Drimey repartit vers Peoria. Ils roulèrent trois à quatre minutes avant que Drimey ne demande :

—   Qu’as-tu fait Steven, qu’as-tu fait ? Cet homme était mort. Je connais mon métier, je ne fais plus ce type d’erreur depuis longtemps. Je suis Sangye Menla. J’ai vu cet homme en route vers le bardo. Je pourrais éventuellement douter des signes cliniques, mais jamais je ne pourrais voir l’esprit d’un être mort, alors qu’il ne l’est pas. – Demanda-t-elle, irritée.

—   Je n’ai rien fait. J’ai prié simplement.

—   Qu’as-tu dit ou demandé dans ta prière ? – Insista-t-elle.

—   Je crois que les mots étaient : « tu es un homme dont la vie a été trop courte. C’est injuste. Mes prières t’accompagnent, et je te souhaite une vie éternelle près de notre seigneur Jésus Christ. Soit bénis au nom du père, du fils, du saint esprit et de tous les Buddhas » Je n’ai rien dit d’autre, je ne comprends même pas ce que tu me reproches. – Répondit-il très incertain.

—   Seigneur, tu ne comprends rien n’est-ce pas ? Tu es l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde… Cet homme était mort, je suis médecin, Valeria est urgentiste, elle n’avait aucun doute non plus. Nous étions d’accord, il ne servait à rien de continuer. Nous avions tout essayé. Massage cardiaque, bouche à bouche. Sans la moindre réaction. Tu viens près de lui et il se réveille. Qu’est-ce que je dois en penser ? – Questionna-t-elle, avant de l’observer en détail. – Comment te sens-tu ? N’as-tu pas envie de dormir, n’as-tu pas l’impression d’être totalement vidé de ton énergie ?

Steven eu réellement l’impression que Drimey sautait du coq à l’âne. Il sentit pourtant que la question n’était pas innocente.

—   Je pense que tu devrais te concentrer sur la route, car tu ne roules plus droit. Je détesterais être victime d’un accident maintenant. Quant à mon énergie, elle est au top, je pourrais courir un cent mètre. En quoi est-ce important ? Je te le redis, Drimey ; Je ne suis rien ni personne. Je suis… Comment l’appelez-vous ? Simple Vacuité. – Elle éclata de rire, et eut du mal à s’arrêter, heureusement, l’autoroute était oubliée, un feu rouge l’obligea à stopper.

—   Simple vacuité, c’est la définition que tu m’offres ? Sais-tu ce qu’est la vacuité avant de parler ? La vacuité est le grand rien et le grand tout. C’est ce qu’elle est. Inexistante, limpide et rien. En même temps, elle est la sagesse, la sainteté, l’univers, tout, et rien. Tous les Buddhas ont expérimenté la vacuité, tous les autres cherchent à la comprendre. La vacuité est le saint Graal. Toi tu m’annonces comme une évidence que tu es simple vacuité. C’est simplement dingue ! – S’exclama-t-elle. – ça fait de toi un être magique. Tu as promis de garder le secret, alors je vais te parler de la résurrection. Quatre fois déjà, j’ai ramené de la mort des amis. Tashi qui avait fait une chute de près de cinq mètres de haut après une tentative de meurtre. Puis un autre ami, atteint d’un cancer des poumons qui nous avait annoncé sa mort prochaine. Deux autres en Chine. Après la guérison de Tashi, je me suis senti très faible. Mon énergie avait disparu, j’ai eu une grosse hypoglycémie. Par contre pour la guérison de Monsieur Migmar, nous avions travaillé de concert mes sœurs, Jamyang et moi. Nous avons failli mourir. Nous avons dû passer la nuit sous perfusion pour nous remettre. Ensuite nous avons enquêté et découvert que d’autre résurrection avait eu lieu dans l’histoire du Bouddhisme au Tibet. Mais à chaque fois les auteurs sont mort, d’hypoglycémie gravissime.

—   Tu ne parles pas des derniers hommes que tu as ramenés à la vie ?

—   Non, car à cette époque, nous étions enfin conscientes de nos pouvoirs. Nous n’avons plus de limite. Comprends-tu ce que cela veut dire ?

—   Drimey, je ne comprends rien à toute cette histoire. Je n’ai rien fait consciemment. Allons à l’hôpital, fait moi passer tes examens et partons. Tu commences à me mettre très mal à l’aise.

Elle l’examina du regard, ne répondit pas et démarra. Ils roulèrent encore un quart d’heure puis elle rentra dans un parking sous terrain, alla jusqu’à la place 138, se gara et éteignit le moteur. Ils descendirent en même temps de la voiture, puis elle verrouilla les portes.

—   Tu as raison Steven, accepte mes excuses. Si tu connaissais tes capacités, tu n’aurais aucun besoin de nous. Saches néanmoins que lorsque mes sœurs et Jamyang apprendrons cette histoire, tu oublieras le statut d’invité et deviendra l’un de nos frères… J’insistais sur le fait, que chacun des auteurs de ses résurrections à finit par mourir. Nous même, n’avons pu nous en sortir, que grâce aux connaissances de la médecine moderne et parce que, nous sommes un peu particulier. Toi, tu viens de ramener un mort à la vie, tu n’éprouves même pas une petite fatigue. Je ne sais pas ce que tu es, mais tu n’es sûrement pas totalement humain. – Il lui sourit.

—   Drimey, j’aime N?land?, c’est en moi, je m’y suis sentis chez moi, à l’instant où je me suis trouvé en son sein. Pourtant, tu te trompes, je ne suis vraiment personne… Juste un malade comme n’importe quel autre…

—   Tu as raison, alors, je vais te guérir. Fait-moi confiance. – Tout en terminant sa phrase elle lui tendit la main, qu’il prit sans discuter. Leurs deux cœurs se mirent à battre à l’unisson, et chacun d’eux le ressentit. Drimey le regarda, le sourire aux lèvres.

—   Tu es comme Jamyang ou mes sœurs un Buddha parfait. Je ne sais pas qui tu es, mais tu es notre frère.

Ils n’en parlèrent plus et prirent l’ascenseur jusqu’au cinquième étage. Ils étaient dans un grand couloir menant à des salles d’examens. Une infirmière montait la garde à l’entrée, devant la salle d’attente. Elle les fixa d’un regard noir, du genre « qui viens troubler ma sieste. » Puis elle reconnut Drimey, aussitôt sa grimace se changea en sourire. Elle la salua, avec toute la condescendance nécessaire en pareille occasion.

—   Docteur Drimey, quelle surprise, que puis-je faire pour vous ?

—   Biper le Docteur Méricourt, j’aimerai le voir le plus vite possible… – Répondit Drimey.

—   Je le bip tout de suite. Il est dans le service, je l’ai vu il y a peu de temps…

Ils attendirent tous les deux, sans parler. Steven examinait l’étage. Ce n’était pas un service d’urgence ou d’hospitalisation. Juste un service de consultation, mais vu le nombre de patient, ce n’était pas un service surchargé. Il n’y avait que deux patients dans la salle d’attente. Peu de personnel. Quatre ou cinq infirmières, rien de plus. L’infirmière les prévint que le professeur arrivait immédiatement. Drimey la remercia, ils attendirent cinq minutes de plus.

Un homme, de près de deux mètres, à l’air imposant et à la mine sévère, arriva dans le couloir. Il n’avait pas loin de soixante-dix ans, mais il était encore très alerte. Il ne s’arrêta pas devant l’infirmière et vint directement jusqu’à Drimey. Il stoppa devant elle et demanda froidement :

—   Docteur Donsel, vous me bipez en pleine réunion des chefs de services, j’espère que vous avez une bonne raison…

—   Arrêter vos jeux, Harlan. Je n’ai pas le temps de jouer aujourd’hui, j’ai besoin d’une aide réelle. – Annonça-t-elle.

Le professeur hautain et sans considération pour ses subalternes, n’était qu’une bulle qui se dégonfla immédiatement. Il entraîna Drimey et Steven dans une salle de consultation libre.

—   Que puis-je faire Maître ? – Demanda-t-il.

Aussitôt, l’homme suffisant était devenu un disciple attentif aux désirs de son lama. C’était réellement choquant. Elle répondit avec le sourire.

—   Professeur, mon ami porte les nouveaux capteurs PE317, j’aurais besoin de les lire sans tarder. C’est réellement important. – Le professeur réfléchit un grand maximum de deux secondes avant de répondre.

—   Vous savez Docteur, que le traitement de ces capteurs ne se fait que le matin. Tous les opérateurs sont partis ou en train de vérifier les dernières lectures.

Drimey se mordit la lèvre, sa déception était immense. Elle se tourna vers Steven hésitante.

—   Steven je suis désolé, nous devrons revenir. Personne ne pourra lire les données maintenant. Je suis désolée, nous ne sommes pas venus assez rapidement. – Alors le professeur sembla satisfait. Il rentra le ventre et se dressa sur ses jambes, un peu molles. Avant de s’adresser avec le sourire à Drimey.

—   Docteur Drimey, je suis professeur dans cet hôpital. C’est une très longue expérience qui me permet de faire un tas de choses que vous seriez certainement en mesure d’accomplir, si vous connaissiez mieux notre informatique. Aucun des opérateurs ne peut prendre ce poste sans que je ne l’aie formé avant. N’est-ce pas le but d’un professeur ? Former des étudiants ? Allons dans la salle douze, nous y serons tranquilles.

Ils suivirent tous les deux le professeur Méricourt, le long du couloir, jusqu’à une porte verte où il s’arrêta. Il ouvrit la porte et leur tint, le temps qu’ils rentrent. C’était un cabinet médical très classique. Le bureau du médecin et la table d’examen avec les instruments rangés dans une armoire métallique. Plus inhabituel, était le second bureau, avec un ordinateur, flambant neuf, au top de la technologie et plusieurs appareils médicaux, visiblement électronique, que Steven n’avait jamais vu.

Drimey demanda à Steven d’enlever sa chemise et de s’allonger sur la table d’examen. Dans le même temps, elle fit un bilan complet à son disciple de l’état de Steven. Celui-ci examina rapidement Steven, pouls, tension et hocha la tête.

—   Une forme étonnante Monsieur Onnen. Êtes-vous sportif ? – Steven pouffa.

—   Pas le moins du monde. Je ne fume pas, ne bois pas et je marche beaucoup. Ça ne fait pas de moi un sportif.

Ensuite, le professeur, lui passa une barre de cinquante centimètres de long, au-dessus du corps et regarda l’écran de l’ordinateur sur le bureau. Il sembla satisfait.

—   Vos capteurs, ne se sont presque pas dégradés. Ils ont encore dix jours de vie devant eux.

—   Je croyais que c’était dix jours maximum ? – Interrogea Steven.

—   C’est une moyenne. Selon les individus, cela va de 3 jours à vingt jours. Donner moi le boitier, ce sera plus pratique pour lire les données.

Drimey et Steven échangèrent un regard désolé. Tseyang l’avait secouru cette nuit près du lac, le GPS avait dû rester dans sa poche, ou sur leur table de nuit. Drimey s’excusa auprès du professeur. Elle avait oublié de vérifier la pièce maitresse.

—   Ça fera une leçon au grand Buddha de médecine. Un médecin vérifie trois fois que rien ne lui manque avant de partir. Et quand il est certain de ne rien avoir oublié, il vérifie une quatrième fois. Heureusement, tout est prévu. Regardez sur le dossier de Monsieur Onnen, le N° de série à dix chiffres et cinq lettres se trouvant à la ligne Identification. Ce sont les références du collier qu’il porte à la cheville. Vous me les donner.

Le Docteur Méricourt, s’installa devant l’ordinateur, l’écran afficha une case de saisie. Il entra un par un les chiffres et lettres que lui lut Drimey. Un écran divisé en cinq fenêtres s’afficha. Il appuya sur « Entré » et se tourna.

—   Voilà, c’est en cours de lecture, ce sera un peu plus long qu’avec le GPS, car l’ordinateur va devoir se connecter au GPS via la ligne téléphonique ou par satellite et dans le même temps, au bracelet que votre patient porte à la cheville. Toutes les données seront vérifiées deux fois. Ce n’est finalement pas idiot, ça évitera toute erreur. Ensuite, nous aurons finis. Je vais vous mettre toutes les données sur un disque et sur une clef USB. Vous pourrez le lire sur n’importe qu’elle écran relié à un ordinateur. Mais nous irons déjà le lire dans la salle prévue à cet effet. – Expliqua le professeur.

Il fallut plus d’un quart d’heure avant que les données ne soient entièrement chargées, et transférées sur le disque. Ça représentait trente Téra octets de données. Le professeur l’éjecta de son boîtier puis récupéra la clef USB qu’il prit dans sa main, invitant Steven et Drimey à le suivre. Ils prirent le couloir à nouveau et s’arrêtèrent devant une salle indiquant : « Lecture protocole CP137 ». C’était une grande pièce, avec dix sièges, disposés comme une salle de projection. Un écran de trois mètres de diagonale trônait au milieu de la salle, un ordinateur identique à celui se trouvant dans le bureau du docteur Méricourt se trouvait dans l’angle. Le professeur, tapa son login et mot de passe, puis inséra le disque dans son lecteur. L’écran s’alluma. Il était divisé en six fenêtres. Trois en haut de l’écran, deux à droite, et une grande au centre. Le professeur expliqua rapidement, que les trois écrans du haut indiquaient, respectivement, EEG, ECG, et une synthèse de toutes les données physiques. Les graphiques oscillaient et changeaient de couleur en fonction des résultats. Les couleurs étaient sommaires. Vert, Orange, Rouge. Les deux écrans de droite correspondaient au son entendu, ou plus exactement, l’influx sonore qu’interprétait le cerveau du patient. Que cette sonorité soit réelle ou non. Et d’autre part, le dernier écran donnait la position GPS du lieu où se trouvait le patient. Enfin, l’écran central recréait à l’aide du supercalculateur, l’image que voyait, ou croyait voir le patient. Ce n’était pas une belle image, mais plus un assemblage de forme et de couleur.

La lecture commença. Pose des capteurs et calibrage avec le frère Dominique. Drimey, à l’aide d’une télécommande, avança la lecture. Le décor était étrange, Steven devina qu’il était chez Paul, mais une personne se trouvait face à lui. Une femme. Le son reconstitué ressorti d’une voix métallique : « Chiara, perché dovrei aspettare per voi ? ». Steven ouvrit la porte et suivit le fantôme de la femme qu’il venait d’appeler Chiara. Il marcha ainsi un long moment, et arriva chez Tseyang, c’est là qu’il s’écroula. Pourtant les images continuaient de défiler. Avec une Chiara, qui ressemblait très précisément à Tseyang.

Drimey avança encore, jusqu’au passage où Steven s’était rendu au lac. Il tournait en rond dans la chambre, regardait Tseyang, et son image reconstruite était aussi nette qu’une photo. Il avança vers la porte, et passa simplement à travers. Ensuite, le passage ou il courait dehors, était quasiment de la neige, on ne voyait plus rien. Une nouvelle image apparut. Le lac, mais il ne ressemblait pas au lac de N?land?. Il y avait des barques, des pêcheurs et toujours la jeune femme. Le Steven virtuel prononça encore plusieurs paroles, mais elles étaient incompréhensibles. Il s’assit près de la jeune femme et la vision s’arrêta. Drimey avança un peu, jusqu’à leur voyage pour venir à l’hôpital. Ils virent l’accident assez nettement, le routier étendu sur le sol, et son esprit sortir pour rejoindre le Bardo. Elle l’avait vu, c’était une de ses capacités, mais Steven l’avait vu comme elle. Ensuite, il se mit à genoux près du cadavre et parla à nouveau, mais Steven se rappelait très bien de ce moment, ce n’était pas une absence, or le son qui leur parvint, était une langue structuré mais qu’aucun d’eux ne comprit. Ils virent très précisément, le moment ou l’esprit du camionneur revint en lui, lorsqu’il se réveilla l’image disparut. Drimey arrêta la lecture et récupéra le disque de trente Téra contenant les données. Et une clef USB de cinquième génération avec la bande son.

—   Je crains que vous n’ayez de quoi faire, Maître. – Lança le professeur à Drimey.

—   Oui, Harlan, je trouve cela extrêmement intéressant. Qu’en pensez-vous ?

—   Ce ne sont pas des hallucinations au sens propres. Elle ne serait pas apparue de cette manière. Une hallucination, est trouble et mal défini. De plus l’EEG montre des perturbations dans ce cas. Ici, l’EEG est normal, comme le vôtre ou le miens. Steven voit ses images, comme je vous vois actuellement.

—   Bien, je vais essayer de découvrir ce qu’est cette langue étrange. Je pense que ce serait un bon indice pour comprendre. La première langue me semble familière, je pense que c’est de l’Italien. Tu parles Italien, Steven ? – Lui demanda-t-elle.

—   Pas un mot. Je ne parle qu’un peu le français.

—   Nous verrons. Rentrons… – Puis elle s’adressa au Professeur – Harlan, je compte sur vous. Voilà près de deux semaines que vous n’êtes pas venu…

—   Vous savez bien que je prends mes vacances la semaine prochaine. Je serai à N?land? le jour même.

Puis le professeur, devint clairement l’élève et se pencha en avant. Drimey le prit par les épaules et posa son front contre le front de son professeur, qui était visiblement son disciple. Steven sentit que c’était un geste de bénédiction, mais il garda le silence. Le disciple Harlan se redressa et redevint le professeur dirigeant l’Hôpital.

—   Docteur Drimey, vous m’avez apporté un cas réellement intéressant aujourd’hui. Je compte sur vous pour me faire un rapport détaillé sur vos découvertes et ce cas, dès que vous l’aurez résolu. Quoi que vous trouviez ! – Dit-il d’une voix mesuré mais autoritaire. Drimey se transforma en élève attentive.

—   Vous aurez toutes mes données Docteur, plus un article détaillé. – Promit-elle.

Le professeur, lui fit une bise, puis serra la main à Steven.

—   Je vous souhaite un bon séjour à N?land?, Jeune homme. Faite confiance à notre Buddha elle ne vous abandonnera pas.

Steven, lui murmura quelques mots de remerciements, puis suivi Drimey jusqu’à l’ascenseur. Une fois les portes refermés derrières eux, il affirma :

—   Si je peux me permettre, vos rapports sont réellement étranges… – Elle éclata de rire.

—   J’imagine que ça peut paraître étrange vu du dehors. Le professeur, était un des étudiants de mon père. C’est un excellent ami de ma mère. Je l’ai connu dans ma petite enfance. C’est lui qui est à l’origine de ma vocation de médecin. J’avais à peine cinq ans, qu’il me racontait déjà des histoires sur la façon de sauver des vies. Nos rapports peuvent sembler très étranges. Il est mon professeur et mon mentor, je le respecte et je l’adore, comme un oncle âgé et bienveillant. D’un autre côté, je suis son maître. Nous jouons, c’est aussi simple que ça. Je suis son maître et de temps à autres, il aime me rappeler qu’il est le mien. Pourtant, si nous avons un véritable allié dans cet hôpital, c’est cet homme qui nous aidera à coup sûr, n’en doute jamais.

—   Je ne comprends pas réellement. Si vous êtes Sangye Menla, Buddha de la médecine. Pourquoi étudier encore ? – L’interrogea-t-il.

—   Ah, Steven, que dire… Le temps n’est pas encore venu où nous pourrons guérir tous les malades avec l’imposition des mains. Je suis Docteur en médecine et en génie génétique, mais nous n’avons jamais finis d’apprendre. Le professeur Méricourt est mon chef de recherche pour mon troisième Doctorat. Et j’en apprends chaque jour.

Je vous crois, Maître, plus qu’il n’est possible de le dire.

[i] First in – First Out. Terme informatique résumant la pile du langage machine : Première donnée entrée – première sortie.

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