Chapitre 10: Liberté
La porte.
Dernier obstacle avant l'extérieur.
La liberté. Celle qu'on leur avait prise.
Devant les yeux impatients des six adolescents s'étendait à perte de vue une immense ville. La prison semblait être le point de plus haut de l a cité, dressée sur une colline. En levant la tête, ils pouvaient apercevoir la paroi du dôme, et une forte lumière qui se dégageait d'un soleil artificiel positionné au sommet de la cloche.
- C'est donc ça le "Controlarium"... murmura Blair.
Haussant la voix, elle demanda aux quatre jeunes tout juste libérés :
- Qui vit ici ? À quoi cela sert-il ?
- Ça va sûrement te paraître étrange, mais tous les prisonniers sont des humains. Et tous les habitants de cette ville sont des Étrangers. C'est la seule chose que je sais, expliqua Aedan.
- Je vois... Eh bien nous allons découvrir la réponse à toutes ces questions nous-même. En route ! lança Blair, en leur faisant signe de la suivre.
La jeune fille se lança, suivie par les autres. Un chemin descendait depuis la colline pour se perdre dans une forêt. La descente leur prit deux bonnes heures tellement le chemin était escarpé et périlleux. Pendant le trajet, ils échangeaient leurs théories sur les Étrangers, le dôme et la prison-laboratoire. Ils s'arrêtèrent rarement, tous voulaient s'éloigner le plus rapidement possible de leur ancienne prison.
- Moi, tout ce que je pense, c'est que ces gens sont fous ! Vous vous rendez compte du nombre de personnes enfermées dans ce truc ? Franchement, je vous remercie profondément de nous avoir libérés, dit Eden, un grand brun aux allures d'intellectuel.
- Je passais mes jours et mes nuits à entendre des cris, c'était pire que tout. Même le manque de nourriture était plus soutenable, ajouta Aylin.
- Comment se passaient les journées ? questionna Conan.
- On nous réveillait tôt avec des alarmes qui faisaient un boucan infernal. Ensuite, par étage, on devait tous se mettre les uns derrière les autres pour une douche glacée de trente secondes chacun. On portait tous ces affreuses combinaisons vertes, expliqua Heather en désignant sa propre tenue. Une fois par jour, on nous injectait notre nourriture dans les cathéters implantés dans notre bras. Pour boire, on devait se débrouiller avec le lavabo dans la cellule, même si, régulièrement, l'eau était jaunâtre, voir carrément inexistante la plupart du temps.
- Ce n'était pas une promenade de santé... conclut Conan. Vous étiez là depuis combien de temps ?
- Deux mois, répondit Heather
- Trois semaines, dit Aedan.
- Quatre jours, finirent Aylin et Eden, à l'unisson.
- Hum, je vois. Les durées divergent d'une personne à une autre, remarqua Blair. Ils doivent sûrement faire des rondes. Quant à Conan et moi-même, nous n'avons été admis qu'aujourd'hui seulement.
- Comment vous êtes vous échappés ? Nous avons tous essayé mais personne n'a réussi.
- Les conduits d'aération. Ils sont dissimulés dans le mur. Ils sont impossibles à détecter sauf si on sait comment est construit ce genre de bâtiment. Et avez-vous des souvenirs de ce qui s'est passé avant votre réveil ?
- Non, aucun, répondirent les quatre jeunes.
Un silence s'installa au sein de leur groupe. La marche commençait à devenir longue, cela faisait plusieurs heures qu'ils progressaient dans la forêt. Ils se trouvaient désormais devant l'entrée d'une petite grotte.
- Bon, il commence à se faire tard, alors on va s'arrêter ici et s'installer pour la nuit. Conan, tu penses que tu te souviens comment faire un feu ? demanda Blair.
- Oui sans problème, dit ce dernier en arrachant de la mousse accrochée à un arbre et en récoltant du bois sec qui traînait au sol et de pierres.
Ils s'engouffrèrent dans la grotte, tous chargés de grandes feuilles pour en faire des matelas. Jules s'attela immédiatement à la confection du feu et une étincelle craqua au bout d'une dizaine de minutes. Un grand feu brûlait peu de temps après. Le jeune homme plaça les pierres en cercle tout autour et ajouta du bois. Une chaleur réconfortante et rassurante se dispersa dans la grotte. Les six adolescents installèrent leurs matelas de fortune tout autour et s'allongèrent, les pieds vers le feu.
Ils s'endormirent tous rapidement, hormis Blair qui décida de veiller pour réagir en cas de problème. Sa vigilance était à son apogée. Elle se remémora la journée qu'elle avait vécu ; elle lui a semblé interminable. Il s'était passé tellement de choses en un court laps de temps. La jeune fille réfléchit au lendemain et élabora un plan dans sa tête. Malgré sa lutte, elle s'endormit au bout de quelques heures, épuisée, avant même d'avoir pu réveiller Conan pour qu'il prenne la relève.
Au-dessus de leur abris s'élevait une lune artificielle, diffusant une douce lumière blanche.
Annotations
Versions