Chapitre Trois
Quel drôle de rêve ! Se dit il en s’éveillant. Tout avait l’air si merveilleux et pourtant si... Réel ! Non, vraiment, j’ai trop d’imagination, s’exclama-t-il de nouveau en secouant la tête. Mais, tandis qu’il bougeait, des pétales de roses, probables vestiges de sa longue sieste au bord du lac, tombaient de ses cheveux et de ses vêtements, et, après un long ballet aérien, se posaient doucement sur son lit.
Il en prit une dans ses mains en cherchant une explication plausible. N’en trouvant aucune, il mit l’épisode de côté et s’habilla pour descendre déjeuner.
Le Soleil était déjà levé, et son grand-père, dans le jardin, profitait du temps tranquille pour manger en paix. En le rejoignant, le jeune garçon s’attendait toutefois à y trouver sa grand-mère, fraîche et pimpante comme il l’avait toujours connue, et fut donc surpris et déçu en ne la voyant pas.
-Bonjour grand-père
-Bonjour mon garçon. Bien dormi ? Lui répondit il en se tournant vers lui.
-Ca peut aller...
Il s’installa, beurra quelques tartines et demanda, plein d’espoir :
- Est ce que grand-mère va descendre petit-déjeuner avec nous ?
Le vieil homme détourna son regard et marmonna :
-Je suis désolé, mais elle est trop fatiguée. Tu la verras sans doute... Bientôt.
Insatisfait, Dimitri ne répondit pas et mordit dans son pain sans rien dire. Il adorait sa grand-mère. Littéralement. Certes, il le montrais peu, mais n’avait jamais été doué pour les sentiments et se sentait terriblement désemparé en la sachant malade. Il aurait tant aimé faire quelque chose pour l’aider ! Depuis que ses parents avaient disparus, ses grands-parents s’étaient aussitôt occupés de lui. Sa grand-mère Linda était donc la seule véritable figure maternelle qu’il n’eut jamais eu, sa mère étant partie lorsqu’il était très jeune.
-Voudra tu m’accompagner au village, tout à l’heure ? J’ai mon dernier manuscrit à déposer, et ensuite on pourra faire un tour dans la campagne environnante, si tu es d’accord...
En général, il restait au manoir et aidait Linda dans ses peintures et en cuisine. A vrai dire, il n’aimait pas beaucoup ces occupations, qui ne lui permettaient pas de beaucoup sortir, mais elle était pour lui d’une compagnie si agréable, que ça ne le dérangeait pas, au final.
Il n’était donc pas allé au village très souvent, et, comme c’était une occasion qui ne se reproduirait peut-être pas avant un moment, il accepta de bon cœur.
-Pas de problème. Qu’est ce que c’est, comme manuscrit ?
-Un assemblage d’authentiques preuves scientifiques pour démontrer aux mystiques et à toutes les victimes de leurs sornettes que les extra-terrestres, ça n’existe pas.
Le vieil homme était écrivain à ses heures perdues et s’amusait toujours à démonter dans ses bouquins, avec des preuves irréfutables, les théories les plus farfelues dans le style : « Les extra-terrestres vont nous envahir bientôt », « Le président est un vampire », « les ampoules sont faites de feux follets »... Bien sûr, ses livres ne lui faisaient pas gagner sa vie, mais la petite fortune amassée par ses ancêtres lui avait permis de ne jamais avoir à vraiment travailler. C’était un hobby, rien de plus.
Après une courte discussion, ils débarrassèrent leur table. Puis, sans requérir de chauffeur, montèrent dans la même Ferrari que la veille et prirent la direction du village.
***
-Alors, questionna Dimitri, impatient d’en savoir plus. Ton manuscrit leur a plus ?
-Ca va. Comme c’est une maison d’édition qui aime les raisonnements scientifiques, ils acceptent facilement ce genre d’écrits. Et puis ça rentabilise bien, alors...
-C’est cool... On va où maintenant ?
Une minutes durant, le vieil homme parut réfléchir, puis sortit une carte de sa poche et la posa devant eux. Il sortit un crayon de sa poche et surligna certains tracés.
-On peut aller ici. Ca ferait une balade agréable pour terminer la matinée. Nous traverserions le village jusqu’à arriver à la plaine Malrôd. Sinon, c’est toujours possible d’aller de l’autre côté, mais il y a plus d’efforts physiques et de distance à parcourir. Qu’en dis tu ?
-Euh... Marmonna-t-il avec embarras. Il n’avait pas souvent des occasions de faire beaucoup d’efforts physiques, d’autant plus que la pension leur faisait pratiquer extrêmement peu d sport.
-Traverser tout le village me paraît être il bonne idée et il me semble que Malrôd est un endroit très agréable. Oui, cette promenade là me tente plus.
-Parfait ! Allons y. Tu verras, beaucoup de choses ont changé dans ce village. Ca promet d’être intéressant pour toi.
Convaincu et amusé par l’enthousiasme qui se dégageait de son grand-père, Dimitri le suivit d’un pas léger. Après tout, se dit il, ce n’est pas avec grand-mère, qui ne veut jamais sortir du domaine, que je pourrai faire de telles balades...
***
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