Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Et alors, qu'est-ce qui s'est passé après ? me demande Alice. Elle est pendue à mes lèvres, me regardant avec des yeux curieux, mais qui n'ont surtout pas beaucoup dormi . Ex aequo. J'ai une tête épouvantable.
Le thé qu'elle nous a préparé est brûlant. Je souffle sur ma tasse. Elle lit sur mon visage que j'hésite à raconter la suite de ma soirée. Je n'en suis pas très fier et d'un autre côté si. Oui, je sais, c'est compliqué dans ma tête.
Je sens un courant d’air dans la pièce, aussi, je remets sur mes épaules, la couverture à carreaux que m'a gentiment proposé mon amie. Je grimace en apercevant des poils de chat dessus. Je vois Helmut me narguer du haut du fauteuil sur lequel est assise Alice. T'as plutôt intérêt à rester perché, sinon je t’ébouillante sale con. Et dire que j’ai accepté d'emménager la semaine prochaine dans cet appartement, malgré ta présence repoussante et néfaste. Toi et moi, il va falloir faire quelque chose pour que nous cohabitions.
Je sens comme des battements horribles cogner inlassablement dans mon crâne qui m’empêchent de réfléchir convenablement. Je crois que je suis malade, un rhume, un truc du genre. Mais surtout malade de ce qui s'est passé hier soir pour ma première sortie au pays des merveilles. Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Je me revois, en pleine nuit, me réveiller en sursaut, dans le lit de ce garçon que je ne connais que depuis quelques heures. C'est bien la première fois de ma vie que je me comporte comme ça. On a dû baiser au moins deux fois minimum. Rien que d'y penser, ça se réveille dans mon slip. Je souris bêtement, avec ma tête de vantard qui assure au pieu. Contre toute attente, tout s'est enchaîné facilement avec lui, les préliminaires vite expédiés, le dessapage aussi, il était question, je l'ai vite senti, de sexe, rien que de sexe. Intense, sauvage, savoureux. Je me suis surpris à me lâcher avec simplicité. Ça doit être dû à ce maudit café et son ambiance à la fois légère et fantasmée qui est devenue réalité.
Mais une autre m'a rattrapée, lorsque je suis parti précipitamment de chez lui, vers 3 heures du matin. Il a été davantage surpris que furieux, je crois. Il n'a rien dit. Il devait être trop dans le coltard pour me dire quoi que ce soit pour me retenir ou au contraire pour m'envoyer sur les roses. À moins qu'il n'en ait rien eu à faire? va savoir, Charles. Une chose est sûre, ce qui est fait est fait. Me voilà bien embêté. Il va falloir assumer, car je serai forcément obligé de le revoir si je retourne au Petit Marcel, car oui, j'ai envie d'y retourner malgré tout.
Je bois ma première gorgée de thé, je grimace légèrement, mais la boisson me réchauffe et me fait du bien, m'apaise un peu.
Et dire que je lui ai laissé mon numéro de téléphone sur la table de sa cuisine, avant de partir. Je suis trop gentil, trop con. Une forme d'excuse. Je prie pour qu'il n'appelle pas tout de suite. On a couché ensemble. Point barre. Ne pas imaginer plus. Ça ne sert à rien.
Alice claque des doigts afin que je revienne sur Terre, loin de mes pensées. Je lui fais comprendre que j'ai besoin d'aller au petit coin. Lorsque je reviens, Alice est restée dans la même position, assise en tailleur, sa tasse dans les mains pour se réchauffer.
— Bon, alors ? On ne va pas y passer la journée. Qu'est-ce qui s'est passé ? insiste Alice.
Après tout, autant lui raconter. Ce n'est pas comme si elle ne connaissait pas toute ma vie sexuelle (édulcorée pour les détails techniques).
— Je les ai explosés, qu'est ce que tu crois ? Je suis imbattable à ce jeu.
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