Romains contre barbares
Les armes cognaient tout autour de nous, créant un véritable vacarme métallique. Caius me cria quelque chose. Je l'entendais à peine. L'épée courte de l'ennemi me lacéra la cuisse, créant une longue coupure sanguinolente Un hurlement de douleur m'échappa, qui ne couvrit toutefois pas le vacarme ambiant. J'eut juste le temps de bloquer le coup suivant avec mon bouclier, le choc du métal produisit des étincelles aveuglantes. Le gamin recula de quelques pas, secoué. Je pris mon javelin et le propulsa avec force sur lui. La lame acérée pénétra avec facilité la chair exposée de son épaule, projetant sur le barbare derrière lui un liquide écarlate. Je dégainais mon gladius. L'autre homme, un barbu, se jeta sur moi. Sa hache fendait l'air à une vitesse inquiétante. La lame se ficha dans mon épaule gauche. La morsure froide de l'acier me transit pendant une seconde. Ma veste se teignit d'une couleur cramoisie inquiétante. Un sourire traversa le visage du barbu. La lame du glaive de Caius aussi. Mon ami repoussa le cadavre du guerrier de son pied, mais son arme était fichée dans le crâne du barbare. Il tira la hache et la lança sur un adversaire proche. L'arme se planta avec force dans le torse d'un adversaire, ce qui stoppa net sa course. Le barbare s'écroula. En touchant le sol, la hache fit une plaie béante dans ses intestins. L'homme tenta désespérément de les contenir à l'intérieur de son corps, sans résultat. Je vis un sourire illuminer le regard de Caius devant ce spectacle.
« Tu peux encore te battre ? »
Je n'avais même pas la force de lui répondre. Caius ramassa mon gladius. Il para juste à temps l'épée d'un grand roux musclé qui se jetait sur nous. La lame du barbare, de mauvaise facture, se brisa. Il était à présent sans défense. Caius prit mon glaive à deux mains et l'enfonça de toutes ses forces dans le torse offert de son adversaire. L'épée émergea dans son dos. Elle était rouge vermillon. Caius tenta d'extirper son arme du corps du barbare, sans résultat. Il jura et dégaina un de ses deux javelins. Il le tira sur les trois ennemis qui couraient dans notre direction, en vociférant des insultes dans leur langue de sauvage. Les barbares esquivèrent habilement son tir. Désarmé, Caius n’avais plus d’options. Il ramassa le bouclier en bois de mon premier adversaire et se rua sur le barbare le plus proche avec la force et le courage d’un taureau. Il renversa le barbare pourtant plus grand et plus musclé que lui. Il mit ensuite un coup de bouclier dans le deuxième sauvage. Sa mâchoire prit une position douloureuse, il cracha du sang ainsi que quelques dents. Caius fit une roulade, malgré sa lourde armure, et ramassa au passage l’épée de l’ennemi qu’il avait renversé. Il se mit en position pour se défendre contre les deux barbares. Devant la sauvagerie de ce petit romain, les deux guerriers hésitèrent. Je vis trop tard l’ennemi apparaitre derrière Caius. Un géant avec une masse au diamètre inquiétant émergea de la mêlée.
« Attention ! »
Trop tard. De toutes ses forces, le barbare frappa le crâne de Caius. Un craquement sinistre résonna alors que la masse en acier broyait aisément les os fragiles. Enfin, je ne l’entendis pas à cause du vacarme ambiant, mais je pus le sentir au fond de mon être. J’étais… J’étais seul, à présent. Je sentis un liquide chaud couler le long de ma cuisse. Le géant rigola en comprenant que je m’urinais dessus. Il s’approcha de moi avec une lenteur mesurée, alors que ses trois compères fonçaient vers un nouveau combat. Il me souleva. Mon galea tomba, dévoilant mes cheveux couverts de transpiration. À genoux, je reculais, sans arriver à distancer le barbare. Il fut rapidement à mon niveau. Il m’attrapa à la gorge. Je couinai un gargouillis pitoyable, alors qu’il me soulevait du sol, moi et ma lourde armure, sans effort apparent. Ses yeux luisaient de la lueur de la victoire. Mes jambes pendaient mollement dans le vide. Il me donna un coup de poing qui me coupa complétement la respiration. Puis un autre. Puis un autre. Du vomi parvint à passer à travers sa poigne pourtant puissante et coula lamentablement dans mon cou. Cela eut l’air de beaucoup l’amuser. Il enchaina encore quelques coups de poing. Puis, soudain lassé, me jeta au sol. Mon épaule droite, déjà meurtrie, heurta la terre avec violence. Une douleur me foudroya tout le bras, me faisant perdre instantanément toute sensation. Je m’appuyai sur ma main gauche pour me relever. Mon bras droit pendait lamentablement. Mon index se pliait frénétiquement, alors que les autres doigts restaient inertes malgré mes efforts. Ma dague pendait à mon flanc. Si seulement j’arrivais à la saisir... Le barbare se dressa au-dessus de moi, triomphant. Il commença à agiter sa masse. Je saisis la dague de ma main gauche et la planta dans les côtes du géant. Du sang gicla de la plaie alors que je dégageai mon arme. Le barbare tomba à son tour à genoux. Je lui donnai un deuxième coup. Puis un troisième. Un quatrième. Ma main entrait entièrement dans sa blessure. Un cinquième. Le guerrier ennemi pâlissait alors qu'il se vidait de son liquide vital qui se répandait sur mon plastron. Je poussai un cri de rage. Un sixième. Un septième.
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