Le navire égaré

3 minutes de lecture

Le bateau était maintenant figé. Nul ne parvenait a déterminer la cause de ce brusque arrêt. Si c’était la faute du vent, les immenses draps blancs qui s’étendaient au-dessus du navire ne s’agiteraient pas autant. Le drapeau aussi dansait énergiquement sur le grand mat. Inévitablement, le malheur de l’équipage se situait ailleurs. Un des plus malins membres de cet éminent vaisseau se mit à réfléchir. Le reste de l’équipage s’installa près de lui afin de récupérer les bribes de pensées qui en émanaient. Tel un sage, il s’adressa à la masse qui s’étendait devant ses pieds:

« Je pense fermement que c’est un dieu qui a mis fin à cette traversée. Car en effet, la nature semble clémente. Mais si le vent est acharné, la marée quant à elle a cessée de bercer ce bâtiment. Je n’imagine pas un animal capable de tenir tête aux vagues. De ce fait, il est impensable qu’une créature retienne ce bateau. Mais si le mal qui barre le chemin du Justice ne vient pas de la brise et s’il ne vient pas des créatures des eaux tumultueuses, dans ce cas ce mal ne peut être que divin. »

Les marins restèrent perplexe. Le capitaine lui-même ne su que dire suite à cet argument. Lui si peu habitué à laisser paraître ses peurs senti de la sueur glisser sur ses tempes. Dans ses yeux naquit une flamme inversement chaude au sang qui glaçait ses veines. Il saisit le sabre à sa ceinture avec une hargne certaine. Sa fureur était mêlée d’une délicate frayeur, similaire à la terreur d’un enfant que viendrait accabler un affreux cauchemar. Il dégaina et tandis que sa lame visait le ciel il cira aux nuages qui le regardaient:

« Qui es-tu ? Que me veux-tu ? »

Le silence qui suivi diminua le stress de l’être dangereusement armé et c’est l’énervement qui guida la suite de sa tirade.

« J’ai bravé les plus terribles tempêtes, tué les plus vils mécréants, pillé les plus riches villages. Rien ne me résiste. Si tu ne veux pas également tâter de cette épée tu ferais bien de me dire immédiatement ce que tu as fait à ce bateau ! »

Puisque les cieux restaient muet, le capitaine laissa éclater sa rage.

« Par les sept enfers, mais que diable es-tu à la fin ? Un dieu ? Hilarant ! À mes yeux tu es minable. Que dis-je minable, tu es la plus lamentable, la plus vulgaire, la plus insignifiante des créatures de l’univers. »

Il s’en suivit une série d’insultes qui disparurent les unes après les autres dans le ciel silencieux.

Quand le capitaine eut fini d’attendre un signe, il rengaina.

Le temps passa. La lune traversa à quatre reprises le rideau de ténèbres sans qu’aucun bruit ne la dérange. Chaque matin était plus sec et affamé que le précédent. Animés de divers sentiments, les marins n’avaient de cesse de regarder les astres changer de place. Quand le cinquième crépuscule arriva, avant qu’une autre nuit n’éclaire la navrante épave, le capitaine s’assit et baissa la tête. Ce qui s’échappa de ses lèvres avait l’allure d’une prière.

« Ne me laisse pas enchaîné là sans me dire de quelle manière je peux me libérer !

S’il me faut te servir, je le ferais.

S’il me faut te présenter des excuses, accepte celles que je te fais à cet instant.

S’il me faut devenir quelqu’un d’autre, sache que je suis à présent déjà bien différent de celui que j’étais hier.

Mais par pitié, ne me fais pas disparaître de cette manière ! »

Ces phrases pareillement aux précédentes n’ébranlèrent pas même le plus petit brin d’air. Mais tandis que sa tête était baissée, le capitaine aperçu enfin ce qu’il cherchait. La clé du mystère que même le plus sage d’entre eux n’avait élucidé. Si le navire était ainsi paralysé, c’était simplement parce qu’il n’y avait plus d’o.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Miraya ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0