David
David rentrait chez lui de plus en plus maussade, son travail allait de plus en plus mal. On aurait dit qu’ils ne croyaient plus en ses capacités, même si Claire ne cessait de lui répéter le contraire. Mais qu’en savait-elle après tout de son travail ? Claire ? Mais où était-elle donc ? Ce n’était pas du tout dans ses habitudes de rentrer tard, d’autant plus qu’elle aurait dû être déjà de retour à cette heure-ci. David avait quitté son bureau plus tôt mais Claire devait avoir fini depuis bien longtemps. Non pas qu’il n’ait pas confiance en sa femme, bien au contraire ; il préférait simplement qu’elle soit à la maison lorsqu’il rentrait le soir. La sonnerie du téléphone fixe se fit entendre.
— Allô ?
Il y eut un long silence, suivi d’une voix d’homme à l’autre bout de la ligne.
— Claire est rentrée ?
— Non Claire n’est pas encore rentrée, répondit David d’un ton sec. Qui la demande ?
Son interlocuteur ne répondit pas et raccrocha assez brutalement. David fixa le combiné qu’il tenait dans ses mains, perplexe. Qui était cet homme ? Que voulait-il de sa femme ? Quelle mauvaise éducation de raccrocher au nez sans répondre ! Finalement il entendit la clé tourner dans la serrure et se précipita à la porte.
— Ah te voilà enfin ! lança-t-il à Claire le regard plein de reproches.
— J’étais…
Il l’interrompit brusquement ne lui laissant pas le temps de se justifier.
— Un homme a téléphoné il y a quelques minutes de ça, il te cherchait. Est-ce que par hasard tu aurais une idée de qui ça pourrait être ?
Claire ne put que secouer la tête, son mari ne la laissant pas répondre et s’agitait encore plus dans la pièce.
— Il m’a demandé si tu étais rentrée, quand je lui ai demandé qui il était, ce monsieur m’a gentiment raccroché au nez ! Alors ?
David lança à Claire un regard accusateur. Elle ne pouvait savoir de qui il s’agissait n’ayant jamais donné son numéro de téléphone à personne, ni à Alex ou à n’importe qui d’autre d’ailleurs.
— Non, je ne vois pas qui…
Il lui coupa violemment la parole.
— Ah non ? Tu te fous de moi par hasard ?
— Mais non ! Je t’assure que…
— Oh je t’en prie, ne fais pas ta petite innocente !
Vexée, Claire haussa le ton.
— Je peux savoir ce qui te prend à la fin ? Je suis à peine rentrée que tu m’accuses de je ne sais quoi, alors que depuis quelques temps j’ai l’impression d’être invisible ! Tu ne t’aperçois plus que j’existe et pouf ! Tout à coup tu m’agresses ! Je t’ai peut-être fait quelque chose de mal dis-moi ?
David demeura muet et immobile, Claire n’avait jamais haussé le ton auparavant.
— Je fais de mon mieux pour t’aider et c’est à moi que tu fais des reproches ?
Il bafouilla ne sachant quoi trop répondre.
— Excuse-moi mais j’ai eu une journée épouvantable…
Ce qui ne calma pas Claire pour autant.
— Ah oui ? Eh bien moi aussi figure-toi ! Et je ne défoule pas mes problèmes sur toi !
— Tu as raison. Je suis désolé de m’être emporté pour rien. C’est que… les journées au bureau… je rentre tu n’es pas là… un homme qui te cherche…
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que le téléphone fixe sonna de nouveau. Tous deux dirigèrent le regard en direction de l’appareil sans savoir si répondre ou non. Claire se décida finalement et décrocha.
— Allô ? Aucune réponse.
— On devrait peut-être changer de numéro, dit-elle en posant le combiné.
— Qui était-ce ? Un homme ?
Claire sourit du coin des lèvres.
— Jaloux ?
David ne répondit pas, elle s’avança vers lui et passa ses bras autour du cou de son mari.
— On fait la paix ?
Enfin calmé, il lui sourit et la pris dans ses bras.
— Bien sûr.
Après avoir passé un moment en silence tendrement enlacés, Claire leva les yeux sur David connaissant déjà la réponse de son mari à sa question.
— Pizza et dessert ?
— Et si on passait directement au dessert ?
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