La dame au parapluie

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 Il pleut. Mais l'averse ne me dérange pas vraiment. je ne cherche pas à m'abriter. Je suis là, figée, devant le portillon de chez la voisine de mes parents. Du bleu, du rouge... Les gyrophares des gendarmes colorent les murs et le fait qu'il pleuve rend sa lueur encore plus désagréable. Mais je ne bouge pas les yeux. Je ne fronce pas les sourcils. Je regarde la civière faire le trajet de la maison au camion de pompier, dont un corp inerte y git. J'entends l'un des pompiers commenter qu'il y a peu de chance pour qu'elle se réveille, désormais.

 La Dame au parapluie n'est plus...

 Elle était surnommée ainsi par le voisinnage car peut importe le temps qu'il faisait dehors, elle avait une ombrelle noire, toujours au dessus de sa tête. Il y avait de drôles de rubans colorés qui y pendaient et cela lui donnait une allure mystérieuse. On aurait pu aussi l'appeler la Dame aux sabots. Ceux-ci claquaient au sol à chacun de ses pas rigides et elle avait une drôle de démarche, comme s'ils n'étaient pas à la bonne pointure.

 Je voyais son jardin de ma fenêtre de chambre. Elle avait la main verte. Une très grande serre où elle faisait pousser beaucoup de variétés. Elle faisait même de la vente direct. Elle me faisait un peu penser à une fée. Ou plutôt une sorcière, rassemblant tous les ingrédients nécessaires pour une décoction. Je ne sais pas ce qu'elle y faisait pousser réellement, mais le mélange d'odeur donnait un très fort parfum qui m'empêchait d'ouvrir ma fenêtre. Je me suis même demandé si elle n'avait pas du cannabis. Le fait est qu'ouvrir ma fenêtre revenait à sentir un peu trop fort un désodorisant aux plantes, brûlant les narines et piquant la gorge.

 C'est étrange comme une personne sortant de l'ordinaire peut pousser les gens à critiquer tous ses moindre faits et gestes et que ces critiques en deviennent drôle à l'instant même où la concernée approche de la mort. Les gens ne voulaient pas lui parler. Et aujourd'hui, tout comme je me tiens devant chez elle, nous sommes intrigués par sa singularité alors qu'il aurait peut-être suffit pour nous d'être curieux, mais dans le bon sens. Nous aurions pu être surpris.

 J'en viens à regretter et me sentir fautif de son sort alors que je ne suis pas concernée par sa maladie. Je ne l'ai pas tuée. Par contre, je peux malheureusement dire que je la regarde mourir, et ce n'est pas forcément mieux...

 Soudain, je sens quelque chose qui se frotte contre ma jambe. Mon pantalon, trempé, se retrouve couvert de poils blanc et dorés, délaissés par Ulysse, ce chat un peu trop gros qui vient me dire bonjour. Il ronronne et attends que je le caresse.

 A-t-il remarqué que sa maitresse est parti ?

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