7.Doux adieux
"La fugacité du temps qui passe avait manqué d'effacer la chaleur de se sentir enfin chez soi..."
Captivant, fut ce paysage qui lui fit oublier la supercherie de sa tante.
Une simple et authentique tableau céleste d'une centaine de teintes autour des rougeâtres, d'une nuances de rouge, jaune et orangée se melant harmonieusement d'une beauté enchanteresse.
Les nuages sous cette lueur dorée à l'horizon étaient tels un vaste étendue de coton aux contours flous, reflétant les couleurs semblables du couchant.
Elle desserra les reines de sa monture, Blanche, elle aussi visiblement émerveillée.
S'était un chemin de retour à en couper le souffle, et comme les oiseaux dans leurs danse aérienne se dirigeant vers leurs abris, la jeune femme aussi n'attendait que le moment ou elle décèlerait la cime d'une cheminée familière.
Un cocon familial.
Son cocon familiale, qui tel ce coucher du soleil captivant rappelait en silence la fugacité du temps qui passe.
Siya frissonna car dans ce paysage grandiose l'air devint plus frais portant avec lui les arômes d'une terre qui s'éveille à une nuit naissante.
Elle galopa dans la nature, silencieuse mais contemplative.
Thomas avait pourtant suggéré au pas de la porte de la librairie de la raccompagner mais elle refusa. Elle ne voulait en aucun cas lui donner l'espoir d'un quelconque futur.
Siya face à cette mise en scène ne pu que penser à son age.
Car arrivée à la vingtaine, cette période charnière de sa vie lui imposait des attentes qu'elle ne voulait aucunement précipiter. En effet, pour toutes les jeunes mirabelliennes s'était un âge à se marier.
Mais la jeune femme ne voulait forcer le destin. Non, elle espérait simplement vivre heureuse au milieu des siens et si l'occasion se présentait et bien elle en fera le fruit d'une profonde réflexion.
Avançant à petit trots, les contours des arbres dessinaient des silhouettes face à la lumière magique du crépuscule.
Et puis soudainement, elle arriva à la remarquer...la petite cheminée crachant une légère fumée grisante de l'humble taverne.
Elle sourit.
La fugacité du temps qui passe avait manqué d'effacer la chaleur de se sentir enfin chez soi...
...
Après avoir nourri Blanche dans les écuries, la jeune femme traina son sac en bandoulière, épuisée face à cette longue journée.
Passée la porte de la cuisine, elle tomba nez à nez avec sa mère comme si cette dernière avait séjournée dans ce lieu depuis le beau matin ou elle l'avait laissé.
La dénommée Douria coupait des carottes en rondelles dans un calme apaisant ou l'on pouvait entendre les marmonnements d'une soucoupe mise au feu. Ses mains, agiles et expertes, s'activaient avec grâce, découpant, mélangeant, pétrissant avec une aisance qui témoignait de son expérience.
Mais lorsqu'elle se rendit compte soudainement de l'arrivée de sa chère fille, elle lâcha son couteau subitement:
- Oh ma fille ! Tu m'as fait une de ces peurs, je ne t'ai pas entendu arriver !
Siya esquissa un faible sourire.
- Que nous prépares tu avec toutes ces carottes ?
Sa Mère aux mèches blondes se retourna puis annonça dans un sourire radieux:
- Oh un délicieux fondue de carottes et pommes de terres au safran. C'est délicieux bien évidemment parce que je le prépare.
Douria qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à sa tante Fiona si ce n'est qu'elle était plus âgée, essuya ses bras dans les pans de son tablier coloré qui portait fièrement les marques du temps.
La jeune femme acquiesça et tenta de ne pas évoquer la supercherie qu'elle avait mise en place dont sa tante était complice. Hélas la mère de famille ne manqua pas d'aussitôt la questionner:
- Alors comment s'est passé ta petite escapade ? Comment vas Fiona ?!
Le visage quelque peu ridés de sa mère rayonnant d'un sourire bienveillant, bien différent de celui plein de malices de sa tante.
Autour d'elle, les ustensiles de cuisine s'alignaient, comme des fidèles serviteurs prêts à exécuter ses commandes. Des casseroles en cuivre poli étincelaient, reflétant la lumière tamisée de la cuisine. Des spatules en bois usées par le temps reposaient avec grâce sur le plan de travail, tous semblaient curieux d'en savoir plus sur les péripéties de sa journée.
Siya essaya tant bien que mal de garder son calme puis souffla des mots posées et réfléchis:
- Mère, je ne désire pas me marier... en tout cas pas pour le moment... Je sais que vous avez tous manigancée par amour, pour mon bien toi et tante Fiona, mais je ne suis tout simplement pas prête.
Les sourcils bruns fins de sa mère se foncèrent légèrement qui n'arrivait visiblement pas à comprendre figée dans sa propre vision d'une union qui à ses yeux ne pouvait fleurir qu'au sein de frontières préétablies, selon des coutumes ancestrales.
- Thomas est un homme bien, pourquoi ne pas tenter d'apprendre à se connaitre ? De lui donner une chance ?
- Non, je ne veux pas...mère je ne me sens pas confortable.
Leurs voix se mélangeaient dans une cacophonie de frustrations et de désaccords. Chacune tentait de faire entendre sa voix, d'imposer sa volonté. Mais les mots, pourtant puissants, semblaient impuissants face au fossé qui grandissait entre elles.
Siya ferma ses prunelles un moment en essayant de rester calme face aux émotions qui la submergeait. Ses mains, habituellement douces , s'étaient refermées sur son sac en laine, comme pour retenir les mots agacés qui menaçaient de s'échapper de sa bouche.
- Non, mère j'apprécie mais j'aimerais dans le future que l'on me prévienne à l'avance sans mensonges ni conspiration avec tante Fiona...je...
Elle redoutait et n'avait ni les mots, ni la force de convaincre sa mère. Elle ressentait la colère suivant ce sentiment d'etre incomprise. Comme si ses mots prononcés se perdait dans l'air, échouant à trouver un écho dans les esprits.
- Siya, tu ne lui as même pas donné une chance. Et puis c'est un homme droit et respectable...
Lorsque la jeune femme réouvrit ses deux immaculables rubis, quelqu'un se tenait devant la porte et avait mis fin à leurs discours qui commençait à s'enflammer.
Le soldat Yem qui la fixait à quelques mètres de ce même mystérieux silence. Avec une politesse empreinte de regret, il resta immobile laissant échapper un souffle léger pour signaler sa présence.
Son uniforme était toujours aussi impeccablement ajusté et son regard toujours aussi...envoutant.
Sentant sans doute une gêne grandissante, le soldat se pencha légèrement en arrière, son regard sincère, se posant sur la jeune femme , dont les visages était rougi par un mélange d'agacement et de colère.
- Je m'excuse pour l'intrusion. Ce n'était pas mon but, s'excusa-t-il d'une voix grave pour son écoute involontaire puis il continua, je voulais vous annoncer mon départ demain à l'aube. Je m'excuse également pour mon absence au souper. Merci pour votre hospitalité.
S'était des mots simples et comme des gouttes d'eau limpides dans un lac tranquille, portaient avec eux la pureté et la clarté d'une gratitude. Dépourvus de fioritures, leur simplicité même leur confèrait une force particulière.
Siya sentait sa vague de colère se transformer alors que immédiatement et imperceptiblement son coeur se serra.
Son départ était le lendemain à l'aube.
Une sensation amer tel un navire chavirant sous les flots.
Perdu, dépourvue des consignes directrices d'une étoile polaire, incertain de pouvoir rejoindre un nouveau port.
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