L'éléphant Dredka
Durant une nuit, Yoshitérù ne cessa d'avoir des rêves étranges.
Le premier, le portait haut dans le ciel, les bras écartés. Lorsqu'il tournait la tête, ouvrant grand les yeux horrifiés, il s'apercevait que ses ailes bleues diminuaient pour ne devenir qu'un squelette de pennes maigrelettes. Sa chute libre le réveillait en sursaut.
Le second rêve parlait de l'histoire du pain d'épice, prêt à dorer, qui voulait se marier, avant d'être cuit, avec la gaufrette légèrement acidulée. Comment faire pour séduire la fine friandise délicate ? Son embonpoint rassurait la fragile demoiselle amusée par sa bonne mine. Un jour, le pain d'épice, pour plaire à la gaufrette croquante, se tartina de chocolat sur tout le corps. L'éléphant Dredka passa par là, de sa trompe l'aspira, l'avala sans broncher. La gaufrette craqua, fondit en larmes, et de rage se précipita à l'assaut du pachyderme débonnaire. Elle se colla sous sa patte arrière. Gêné par la sucrerie fondue, Dredka n'eut d'autre recours, pour s'en débarrasser, que de se baigner dans l'eau profonde du fleuve Absolutis. C'est cet éléphant d'ailleurs qui, depuis ce jour, lança la mode des grands bains rafraîchissants. Ses congénères adoptèrent l'attitude délassante, sans savoir qu'au départ, il s'agissait d'une histoire d'amour entre un pain d'épice à dorer, et une gaufrette distinguée.
Au petit matin, Yoshitérù plongea lui aussi dans l'eau du fleuve, pour se laver, se dégourdir l'esprit, énervé par cette nuit agitée.
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