Intégration complète
Dans la description de ma famille d'accueil, j'ai volontairement omis de citer le père, Thomis.
Rassurez-vous, il est bien vivant et présent. Enfin, il est présent à temps partiel ; toute l'année, et ce depuis vingt ans, il alterne entre deux semaines de travail loin de la maison et deux semaines de repos entouré de sa femme et ses enfants. Son travail consiste à superviser de la machinerie sur le site d'extraction de pétrole de Komé, dans le sud du Tchad.
Le vendredi qui met un terme à ses deux semaines de repos, la compagnie affrète un avion à l'aéroport de N'Djaména pour lui et ses nombreux autres collègues vivant ici. Après quatorze jours de travail intense, le même avion fait le trajet inverse, ramenant dans leur foyer les travailleurs éreintés.
Cette situation convient parfaitement à Thomis bien qu'elle puisse paraître contraignante. En effet, elle lui permet de gagner suffisament d'argent pour faire vivre sa famille confortablement.
La maison est un premier témoignage de la situation financière de la famille. Montée sur deux étages, elle est abritée par un toit en tuiles rouges et est recouverte d'un crépi bleu gris. Le portail plein donnant sur sa petite cour en terre battue est imposant, il mesure au moins deux mètres cinquante et il est fait de deux battants massifs de fer peints grossièrement en gris et noir. L'intérieur de la maison est sobre, dénué de décoration, mais les pièces de vie sont grandes. Le sol est fait de carrelage à motifs, parfois habillés de tapis sobres et usés. Les murs sont peints dans des coloris variés et souvent mal accordés (par exemple, les murs du salon sont divisés entre le vert menthe et le rose pâle). Les meubles du salon et de la salle à manger se limitent à des tables basses, des canapés, et une vitrine dans laquelle est entreposée de la vaisselle hétéroclite et poussiéreuse.
Une télévision trône devant les canapés, avec une console et des manettes PS5 à ses côtés.
Il y a une cuisine d'intérieur et une cuisine d'extérieur. À l'extérieur, c'est un simple cabanon dans lequel il fait sombre. Il y a un plan de travail en pierre et des placards de rangement en planches de bois grossièrement assemblées . Par terre, il y a deux bonbonnes de gaz pour cuire les aliments. Dans le coin, un gros mortier et un pilon en bois massif, souvent utilisés pour écraser les herbes et les épices. Les bassines en aluminium, utiles au nettoyage des légumes ou du poisson, sont entrain de sécher par terre contre un mur. À l'intérieur, l'autre cuisine est encore plus petite. Il y a un évier en aluminium, un robinet avec filtre à charbon, un plan de travail carrelé, et un petit four à gaz à deux brûleurs. Un frigidaire est posé au milieu de la pièce, branché sur le réseau solaire de la maison.
Thomis a pû faire installer neuf panneaux photovoltaïques, fournissant assez d'énergie pour faire fonctionner constamment l'éclairage dans la maison, recharger nos smartphones, et tourner le frigidaire la quasi totalité du temps. Cette installation est plus que nécessaire, car elle prend le relai du réseau électrique qui ne fonctionne pas la plupart du temps.
Ce qui m'a frappé le plus avec la maison et le quartier, c'est l'hétérogènéité des logementsLe quartier dans lequel elle se situe est en effet plutôt pauvre. Les bicoques en terre battue et en tôles jouxtent les maisons en crépi colorés avec leur portail en fer forgé.
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