Chapitre 10
En arrivant sur Philadelphie, la veille, nous avions aperçu, sur le bord de la route, des panneaux publicitaires pour le zoo de Philadelphie. Il nous avait semblé que cette sortie pouvait être chouette et pouvait aussi plaire à tout le monde, après notre sortie au musée. Alors qu'Elyne prenait des photos de Sam et Phoebe sur le toit du bus, il me semblait qu'aujourd'hui était le bon moment pour faire une excursion chez nos amis les animaux. Demain nous reprenons la route en direction de Columbia et un peu d'air frai ne nous ferait pas de mal avant un voyage de 12 heures.
- Les filles ? Ça vous tente une virée au zoo aujourd'hui ?
Elyne se retourna avec un immense sourire aux lèvres puis couru armer son sac à dos d'une bonne dose de films pour son polaroid. Phoebe sauta du toit pendant que je prenais Sam sur mes épaules pour l'aider à descendre.
- Quelqu'un a pensé à réveiller la marmotte ? Demanda Phoebe en désignant les rideaux fermés de la couchette d'Eliott.
- Non pas encore. Tu veux t'en charger ? Lui lançais-je sournoisement.
- Hors de question ! s'exclama Sam, toujours sur mon dos. J'aimerais que cette journée commence bien. L'objectif n'est pas de se prendre la tête au bout de quatre jours de voyage. On sait tous que Phoebe ne le ménagera pas si elle le réveille.
- Comme vous voulez, annonça notre brute épaisse en s'asseyant sur les marches du bus d'un air innocent.
Je déposais Sam sur la terre ferme afin de m'occuper moi-même de ce réveil. Elyne mettait ses chaussures de marche sur le bord de son lit pendant que les ronflements de la marmotte faisaient rage au-dessus de sa tête. Finissant de lacer ses gros godillots, Elyne plongea son regard dans le mien. Elle avait toujours eu cette capacité de me clouer sur place quand elle me regardait, mais c'était encours plus troublant après trois ans sans se voir. J'avais perdu l'habitude. Les deux océans qu'étaient ses yeux étaient si sincères qu'ils me déstabilisaient. Il fallait que je parle avant de perdre tout mon vocabulaire.
- Tu t'occupes de réveiller le monstre ou tu préfères me déléguer cette lourde tâche ?
- On peut le faire ensemble. Au moins, il ne pourra pas bouder deux personnes en même temps, me proposa-t-elle d'un air complice.
Elle remonta ses lunettes sur son petit nez en trompette, sûre d'elle, grimpa à l'échelle pour se retrouver face au visage endormi d'Eliott. Sa bouche entrouverte laissant un filet de bave s'écouler sur son oreiller n'était pas la pose la plus sexy qu'il aurait pu prendre. Elyne s'approcha de l'oreille encore endormie d'Eliott et murmura doucement son prénom. Aucun geste. Elle se retourna vers moi, haussa les épaules l'air de dire "ça n'a pas marché, passons à l'étape supérieure". J'imaginais qu'elle se pencherait pour le remuer mais elle fit tout autre chose. Une chose que je n'aurai jamais attendue de sa part. Elyne prit le devant de sa propre main et asséna un énorme coup sur le front de la marmotte qui se réveilla en sursaut.
- Papa ! Pas encore un piège ! s'écria-t-il encore à moitié endormi.
- Ne t'en fais pas Eliott, ton papa n'est pas là, le rassura Elyne de sa voix chaleureuse.
Il resta planté dans son lit, les yeux rivés sur Elyne qui continuait de lui sourire tendrement. Quelle petite manipulatrice celle-là !
- On va au zoo aujourd'hui. Tu as dix minutes pour te préparer. À tout de suite petite marmotte.
Sur ce, elle lui laissa un doux baiser sur la joue et sortit du bus, son appareil photo accroché à son cou. Son petit air fier lui allait comme un gant. Pendant ce court instant j'avais vu une jeune fille sûre d'elle.
Eliott se précipita dans son jean et en se lavant les dents. Il enfila rapidement un t-shirt et des baskets.
- Liam ! Ton déo, vite !
Je lui lançai le tube qu'il attrapa et se précipita à l'extérieur. Arrivé devant la porte il marqua un temps d'arrêt et me fit signe de le rejoindre. Il me positionna face à lui et eut le geste le plus étrange qu'il n'avait jamais eu avec moi. Disons le geste le plus intime entre nous. Il me souffla dans le nez et me demanda : « ça va mon haleine ? ».Je hochais la tête sans comprendre ce qui se passait autour de moi. Puis, il sortit sans dire un mot. Je n'avais jamais vu Eliott se lever si vite sans faire d'histoires. Décidément, il se déroulait des choses bien inattendues au sein du bus magique.
Une fois tout le monde prêt et bien installé dans le bus nous partîmes en direction du zoo de Philadelphie. Le trajet se déroula dans le calme, je conduisais pendant qu'Elyne tâchait de faire une bonne copilote. Elle faisait preuve de tout le sérieux possible pour m'expliquer, c'est là que je retrouvais ma bonne vieille Elyne du collège. Toujours prête à aider les autres dans la plus grande des implications.
- Là, tourne à gauche. On arrive dans 15 minutes.
- Merci chef, tu te débrouilles mieux que Captain !
- N'exagère pas, nous savons tous que Sam est la personne la plus à même de prendre les devants dans une aventure. Elle a tellement confiance en elle.
- Organiser ça oui, c'est un génie en la matière. Mais appliquer, c'est parfois plus difficile, ironisais-je, me souvenant notre premier trajet en voiture.
Sam avait été distraite dès le premier virage. Elle n'avait indiqué qu'un chemin et était parti dans ses pensées, le visage tourné vers le paysage qui défilait.J'avais été forcé de lui rappeler son rôle tout le long du trajet, sans véritablement oser la couper dans ses rêveries. Elle avait beau être la personne la plus impliquée dans les projets et toujours avec le sourire, il lui arrivait de perdre sa bonne humeur l'espace d'un instant. Comme si, soudainement, quelque chose de triste lui revenait en mémoire. Que s'était-il passé pendant ces trois ans de séparation ?
Nous arrivâmes au zoo après quelques minutes de voiture, minutes dont Eliott avait profité pour se rendormir, la tête posée sur les cuisses de Sam désormais maculées de bave.
- Tu sais Eliott, avec toi j'ai l'impression d'être maman avant l'heure, lâcha Sam en essuyant ses cuisses avec un mouchoir.
- T'as commencé à me caresser les cheveux. Tu savais pertinemment ce que tu risquais, répondit-il.
Phoebe fut la dernière à sortir du bus, marquant un écart prononcé entre elle et notre ami la marmotte, affichant sa plus belle moue de dégoût. L'oscar de la meilleure actrice aurait pu lui être adressé.
Après avoir payé nos 24 dollars chacun, nous étions dans notre nouvelle aire de jeu. Nous pouvions déjà apercevoir des groupes d'enfants en visite devant nous, au plus grand déplaisir de Phoebe qui n'avait pas l'air enchanté par ces tendres bambins. Selon ses dires ils étaient « plus proches du singe hurleur que de l'Homme ». Notre guide du jour, aka Elyne, avait pensé à prendre le plan du zoo avec elle et commençait déjà à l'étudier scrupuleusement.
- Nous allons commencer par les amis proches d'Eliott : les singes. Suivez-moi, nous dit-elle.
- Je croyais que j'étais une marmotte ! se plaignit Eliott.
- Un seul animal ne suffirait pas à définir un être comme toi, répondit-elle avec un clin d'œil.
Décidément, elle était la seule à faire taire l'immense loquacité du chevelu. Les singes furent un bon divertissement pour tous, surtout lorsque Phoebe tenta une imitation en épouillant Eliott.
- À la fin de cette journée, je refuse d'être le seul animal de ce groupe, annonça-t-il. Donc on va tous nous trouver un animal totem dans ce zoo et vous allez tous arrêter de vous payer ma tête.
- Tu sais que tu vas créer le conflit, lui chuchotais-je.
- Là est l'objectif mon cher Liam.
Nous avançâmes droit devant, vers les reptiles. Les crocodiles étaient impressionnants mais c'est d'abord la tortue géante nommée Bubba, née en 1947 qui retint notre attention à tous. C'était un peu le papy de l'enclos et il s'avérait que les soigneurs venaient de lui donner à manger.Ce pauvre Bubba essayait d'attraper un morceau de clémentine juste devant lui. Eliott s'était mis à imiter l'anomal, faisant des bruits abominables chaque fois que son cou avançait pour tenter de manger un ridicule morceau de fruit. Cette imitation fit pleurer de rire Elyne qui essayait de ne pas s'écrouler à terre en s'accrochant aux grilles. Pendant qu'il faisait le pitre j'avais remarqué que Phoebe apportait un intérêt prononcé sur les crocodiles.
- N'auriez-vous pas trouvé votre animal totem mademoiselle ? la taquinais-je.
- Effectivement, il y a quelque chose, affirma Eliott qui venait d'arriver derrière nous. Je ne sais pas si c'est le nombre de dents ou le regard vide qui joue.
Phoebe se retourna et se mit à courir après lui le poing levé. Impossible pour ce cher Eliott de ne pas chercher la petite bête. Nous les suivîmes en marchant, un peu en retrait. Nous les retrouvâmes à côté des tigres. L'endroit était impressionnant. Au-dessus de nos têtes passaient des tunnels dans lesquels les tigres pouvaient rejoindre différents terrains.Leur démarche était majestueuse. Les yeux de Sam s'illuminèrent à leur vue et pour la première fois depuis le début de notre visite nous étions tous calmes.
Au cours de notre promenade au cœur de la vie sauvage nous arrivâmes devant un manège étrangement vide. Un vrai carrousel, comme quand nous étions enfants. Elyne et Phoebe s'étaient déjà mises à courir pour y prendre place.
- Bon, eh bien, on les suit ? demanda Eliott.
- Ce sera sans moi, je vais rester à côté des tigres, dit Sam les yeux rivés sur la tigresse face à elle.
- Je vais rester avec elle, Eliott tu dois jouer ton rôle de surveillant, dis-je une main sur son épaule.
- Si tel est mon destin.
Il partit et se retourna vers moi en m'adressant un salut militaire. De mon côté je me rapprochai de Sam et posai ma tête sur son épaule. Je me retrouvai plié en deux, dû à notre différence de taille.
- Alors comme ça on refuse de jouer au manège ?
- J'aime bien les observer, me dit-elle en souriant aux félins . Ils ont l'air fort. J'aimerais les voir dans leur propre habitat. Ici, ils me paraissent prisonniers.
- Si on y pense, ils sont tous nés en captivité dans un zoo. Au moins ça préserve un peu l'espèce. Puis ils ont un immense terrain ici je ne pense pas qu'ils s'y déplaisent.
- Liam, il faut que je te dise quelque chose.
Sam se tourna vers moi laissant ses cheveux roux caresser mon visage. Les yeux au bord des larmes elle me guida vers un banc au creux d'un buisson. Elle s'assit en tailleur, moi à califourchon pour lui faire face. Je n'avais jamais vu Sam pleurer, je l'avais toujours connu un sourire sur le visage.
- Tu dois me promettre de garder ça secret jusqu'à ce que je décide d'en parler aux autres, me pria-t-elle prenant ma main entre les siennes. Je t'ai toujours fait confiance Liam, tu es la seule personne à qui je me suis confiée sur tous les sujets, même après l'explosion du groupe. C'est pour ça que je souhaite t'en parler à toi en premier.
- Sam, qu'est-ce qu'il se passe ? Un problème avec le voyage ? Tu m'as caché quelque chose ? Tu es... amoureuse ? cette dernière question eut, au moins, le mérite de la faire sourire.
- Laisse-moi te raconter. Ça n'a strictement rien à voir avec mes relations amoureuses. On a tous choisit une orientation pour l'an prochain, enfin je suppose. J'ai pris une décision radicale Liam. Maintenant j'ai peur même si je sais que rien ne me conviendrait mieux. Liam... Je me suis inscrit à la fac d'archéologie Édimbourg.
- En Ecosse ? Tu pars en Ecosse ?! Mais c'est génial ! C'est une aventure exceptionnelle que tu t'apprêtes à vivre ! m'exclamais-je en la prenant dans mes bras.
- Je sais et je ne regrette en rien ce choix. Mais je pars pour de bon et je vais laisser tellement derrière moi. Mes parents, mes habitudes, vous. Toutes ces choses que j'ai connues, avec lesquelles j'ai vécu, tant de chose appartiennent au passé maintenant. J'ai peur Liam. Ce voyage, je l'ai organisé pour vous revoir une dernière fois, en me disant qu'une dernière aventure avec vous m'aiderai à avancer de mon côté. Mais maintenant je me demande si je suis prête à commencer cette nouvelle vie.
Ses bras s'étaient resserrés autour de moi alors qu'elle s'était mise à pleurer.
- Mais enfin Sam, tu es celle qui peut tout réussir. La meilleure dans l'art de vivre des aventures. S'il y a bien quelqu'un qui est capable de partir loin de ce qu'elle connaît c'est toi.
- Liam, je suis la seule personne du groupe à n'avoir jamais trouvé d'amis après vous.Toi, tu étais avec ton équipe, Phoebe était parti, Eliott avec sa bande de geek et Elyne se cachait derrière des portes quand je passais. Moi, je cherchais tous les jours à parler un peu avec chacun d'entre vous. Je me suis investie dans le journal du lycée ce qui m'a permis de devenir ami avec tout le lycée. Mais en étant amie avec tout le monde je n'étais véritablement l'amie de personne.
- Tout le monde t'adorait Sam, lui dis-je en la forçant à me regarder dans les yeux. Que ce soit nous ou le reste du lycée. Tu as toujours eu le monde à tes pieds. Ce sera pareil quand tu partiras. Nous on sera toujours là, quoi qu'il arrive.
- Tu ne comprends pas. Je n'ai jamais réussi à me construire sans vous. Je pensais que partir serait le moyen de reprendre ma vie à zéro, faire table rase du passé. Mais ces quelques jours me font réaliser que ma place est peut-être auprès de vous. Je me sens tellement bien dans ce bus avec vous quatre.
- Ce n'est pas nous, Sam, qui te permet de te sentir à ta place. Mais c'est ce que tu vis. Tu es entrée dans une aventure. C'est là-dedans que tu trouves « ta place » comme tu dis. Tu rencontreras des gens merveilleux en Écosse, de nouveaux amis qui te rendront heureuse. Quant à nous, jamais nous ne serons vraiment séparés. Sam, ton passé ne va pas s'évaporer avec l'arrivée de nouvelles opportunités. C'est une nouvelle vie qui commence pour chacun d'entre nous, tentais-je de la rassurer en passant ma main sur sa joue constellée de taches de rousseur.
- Tu as raison. Chez moi je me sens comme ces tigres en cage : prisonnière. Il me semble qu'il y a tellement de choses qui m'attendent hors de ma chambre, de mon lycée ou de ma ville. Mais comme eux, je ne peux m'empêcher de me demander si je vais réussir à m'adapter à ce nouvel environnement qui m'attend.
Elle posa son visage sur mon épaule, d'une main j'essuyai ses larmes et de l'autre enveloppai son corps de mes bras. J'avais moi-même les larmes aux yeux mais je refusais de pleurer tant que le voyage ne serait pas terminé. Il nous fallait à tous profiter de l'instant. Après tout, qui sait de quoi demain sera fait ?
En nous relevant pour rejoindre le reste du groupe, Sam me glissa au creux de l'oreille un sincère « merci »accompagné de son vrai sourire, celui qu'elle affichait quand nous étions dans la cabane de son jardin. Elle s'était mise face à moi et fis un signe de croix sur sa poitrine. Le signe qu'elle me faisait jurer de garder ce secret. D'une manière évidente je lui rendis son signe. Je ne dirai rien à personne de ce secret tant qu'elle n'aura pas décidé d'en parler elle-même.
La voyant reprendre son chemin j'eus la terrible impression que le temps reprenait son insatiable course.C'était simple : personne ne m'avait jamais fait cet effet à part Sam. J'observais sa chevelure danser au rythme de ses pas,dans le creux de son dos. J'étais toujours amoureux d'elle.J'étais amoureux d'elle depuis notre première rencontre et ça ne m'étais jamais passé. Aucune autre fille ayant partagé ma vie ne m'avait fait cette impression. J'avais eu plusieurs copines au collège puis au lycée. De très jolies filles, drôle également et douce pour la plupart. Je ne peux pas me plaindre de ce j'ai vécu avec elles. Mais chaque fois que l'intime commençait à entrer enjeu, je fuyais. Ce moment, cette fameuse première fois, je n'y avais jamais été prêt. Je voyais l'instant comme un moment important voire sacré. Il était essentiel que je sois vraiment amoureux de celle qui la partagerait avec moi. Elle n'était jamais arrivée.
Ce fût la vision d'Eliott par terre qui rugissait qui coupa court le flux de mes pensées. Il était maquillé en tigre et rugissait en essayant de mordre la cheville d'Elyne qui était grimpé sur une table de pique-nique pour lui échapper. Elle se tordait de rire pendant que Phoebe essayait de l'assommer avec une branche. Impossible de les laisser seuls quelques instants. Le tigre vint m'attaquer dès qu'il m'aperçut et agrippa le bas de mon short avec les dents. Phoebe était parti se cacher derrière ses mains un peu plus loin.
- Ne te cache pas! lui cria Eliott en se relevant. Faut vraiment que vous voyiez ça.
- Attends, tu ne comptes pas nous expliquer cette soudaine transformation ? demanda Sam.
- Juste en face du manège il y a un maquilleur. Phoebe et Eliott lui on dit de faire ce qu'il souhaitait comme animal, expliqua Elyne en riant. Eliott est ressorti avec un tigre mais Phoebe n'a pas eu autant de chance.
Sam s'approcha de Phoebe et la força à nous montrer son visage. La forte et coriace jeune fille que l'on comparaît à un alligator quelques minutes avant c'était retrouvée déguisé en coccinelle. Nous nous sommes tous mis à rire en cœur.
Suite à ce moment de doux enfantillages ,nous profitâmes de la table pour manger notre petit pique-nique préparé par Elyne en personne. Alors qu'elle s'apprêtait à mordre dans son sandwich, son sac se mit à vibrer. Elle soupira et décrocha, sous nos regards pleins de compassion mêlés d'inquiétude :
- Allô maman ? Oui, ça va très bien, on est au zoo là. Oui je fais attention à moi. Oui je me nourris maman. Mais enfin, je te dis que je mange. Mais oui je promets. Arrête de t'en faire pour moi, tout se passe pour le mieux. Pardon maman, oui je me calme et je parle mieux. Au revoir maman à demain...
- Mais quel enfer ! lâcha Phoebe. Chaque fois que tu décroches j'ai l'impression d'attendre les résultats du bac !
- Imagine ce que ça me fait à moi de devoir lui parler, répondit Elyne. Enfin passons. Regardez plutôt les photos que j'ai prises sur le carrousel.
Nous finîmes doucement de manger tous ensemble autour des photos de notre photographe attitrée. On pouvait observer Phoebe debout sur un cheval du manège et Eliott la main sur le ventre dans une terrible imitation de Napoléon. Après notre casse-croûte nous sommes repartit dans notre visite plus calmement,le temps d'une digestion. Nous observâmes oiseaux, chevaux,faucons, chameaux. Nous pûmes même nous installer quelques minutes à fondre à la vue les adorables pandas roux.
L'après-midi se finissait tranquillement quand nous décidâmes de rentrer. Nous étions tous épuisés et notre retour au parc National nous fit le plus grand bien.
Nous vaquions tous à nos propres occupations. Elyne observait ses photos du voyage et recomptais ses économies,assise en tailleurs sur son lit, ses cheveux étaient encore humides après la douche qu'elle venait de prendre. Elle avait des tout petits yeux derrière ses lunettes, elle devrait dormir comme un loir cette nuit. Eliott était le dernier à se laver ce soir et était encore sous la douche, déjà depuis 15 minutes. Phoebe et Sam s'étaient installées toutes les deux à table et faisaient des bracelets brésiliens. Un pour chacun d'entre nous, avait- elle dit. Les joues de Sam s'étaient empourprés avec le soleil du jour, cela faisait ressortir ses charmantes taches de rousseur.Elle me semblait plus belle que jamais sous cet air concentré mêlé à ce fameux sourire naïf qui me laissait penser que tant qu'elle souriait j'étais en sécurité. Quant à moi j'écrivais,allongé sur mon drap, quelques paroles, imaginant déjà les accords de piano qui pourrait les accompagner.
Demain nous repartions déjà vers Columbia.Nous devions faire cinq heures de route et finir plus tard, dans les jours suivants. La route jusqu'à Columbia était longue, alors une bonne nuit de sommeil serait la bienvenue. Eliott revint enfin de sa douche et exhalait le shampoing. Il me fit coucou de la main, tira les cheveux de Sam qui lui donna une fessée et monta dans le lit d'Elyne. Elle lui partagea ses photos avec plaisir. Le bus était calme ce soir, pas de disputes de la journée. J'étais fier de voir un groupe aussi soudé après seulement quelques jours de voyage. Ce n'était que le début de nos grandes retrouvailles.
Annotations
Versions