Le vieil homme se laissa glisser dans la fosse de braise où une immense ombre noire l'attendait.

Il n'entendait plus les rumeurs du monde, l'ouïe perturbée par de nouveaux sons.

Un galop sauvage venait à lui et repartait, comme si la Chose refusait de l'approcher.

Puis, sous ses yeux ébahis, un immense cheval de sang se présenta à lui.

De son pelage s'écoulait une lave ardente qui creusait le sol toujours plus. Cette lumière vive rongeait l'espace pour disparaître et l'enterrer vivant.

Alors que le vieil homme était pris d'une peur soudaine, l'animal de rage rôda autour du corps voûté avec élégance. Sa longue traîne ensanglantée creusait le sol et pourrissait la chair de la Terre Mère, qui galopait jusqu'aux chevilles nues du vieil homme.

Des larmes, puis des lames de brûlantes, se dressèrent dans l'air et attaquèrent de tout côté ce pauvre homme, dont le corps se déchirait sous l'assaut.

Sa chair ainsi malmenée, transpercée, perforée, fondue, le tuait à petit feu. Ses yeux plein de savoir pleuraient d'impuissance et son pauvre coeur, ne pouvant supporter cet outrage, s'éteignit dans la fleur de l'âge, belle créature incendiaire.

Le Cheval de sang continuait ses rondes sournoises autour de ce corps qui brûlait dans un craquement funèbre.

La créature continua son manège jusqu'à la fin. Le corps du viel homme était noirci et commençait à s'effriter comme un vieux souvenir inutile.

Le savoir s'envolait dans l'air en particules fines que la vue ne pourrait jamais reconnaître.