Douzième pas : laisser venir
« Nous approchons ? »
Oui, impatient lecteur !
« Alors, ce pas décisif ? »
Laisser venir…
« Cela sonne si simple !»
Oui, ami lecteur. Ce qui change tout, ce qui modifie en profondeur un rapport au monde, aux hommes, est toujours simple.
Et tout est dit : laisser venir ….
« Mais que voulez-vous dire ? »
Tant de choses !
Disons que je propose un nouveau rapport au monde, non pas un rapport technique, ni un rapport de domination .
Non je propose une réceptivité, le monde est là , je délaisse le petit moi, je laisse venir.
« Cela sonne si simple ! »
Illusion , ami lecteur, illusion !
Je suis, en fait loin , très loin de mes contemporains.
Ils ne rêvent que de frontières, ils ne rêvent que de barrières, ils ne rêvent que de police, ils ne rêvent que d’identités réductrices.
Et moi je te propose de t'ouvrir, de découvrir, en oubliant , pour de bon , ton petit moi …
« Comment faire ? »
L'hiver 1869 fut glacial, Claude Monet sort dans le froid .
Une pie se pose sur une barrière, autour tout est gelé.
Le peintre laisse venir les couleurs, les formes…
« Une sorte de voyage ? »
Oui, comme le dit Le Clézio Un Voyage de l'autre côté…
Naja Naja voyage dans le soleil…
C'est long d'arriver jusqu'à lui .
Il faut voyager pendant des heures, le poursuivre sans cesse.
Il ne faut rien voir d'autre que lui, rien qui qui fasse retomber…
Dans le soleil, ce n'est pas comme sur la terre : on ne pèse rien,on avance, léger, volatil, on est soi même comme un gaz, comme un nuage.
« Une vie de voyage ? »
Où une vie de présence, présence à l'arbre , à l'oiseau, à la musique, aux nuages, à la rivière, aux vagues…
« Mais que gagnons-nous ? »
On se sent léger aérien , l'esprit serein , paisible, on gagne ce que nous cherchons depuis le début : le bonheur !
« Sans faire de tri ? »
Oui, sans faire de tri.
Je laisse venir les pensées, les sensations, les souvenirs, le Bien , le Mal, les hommes, les femmes, le désir et son absence.
« Mais nous ne perdons rien ? »
Si, ami lecteur, nous perdons le petit moi , haineux, hargneux, criard, braillard, bruyant, exigeant, démesuré, hypertrophié.
Ce petit moi qui nous empoisonne depuis la naissance.
« Et que gagnons-nous ? »
Nous gagnons le monde.
En fait , avant, nous ne l'avons jamais vu, emprisonnés dans nos calculs, nos préjugés, nos exigences, nos impatiences, nos craintes, nos indignations, nos révoltes ?
Nous faisons une expérience inédite .
« Expérience, vous aimez ce mot »
Il fait si peur, c'est peut être la raison de mon amour pour les sixties, un moment où ce mot faisait rêver .
« Sans la drogue ? »
Cela va de soi : il est impossible d'être heureux sans être libre, et la drogue est le pire des esclavages !
« Et le bien , le Mal ? »
Oubliez les !
L'homme heureux a bien autre chose à faire que de nuire à ses semblables, tout en prenant plaisir à partager ce bonheur, ce bonheur simple, direct, spontané, ici et maintenant, un bonheur de chaque instant, le bonheur du laisser venir ….
Laisser venir
Ne pas retenir
Ne point convoiter
Ne point s enfermer
Dans une vérité
Laisser venir
La clef
Si peu cachée
Laisser venir
D un bonheur
Sans fadeur
Laisser venir
D un bonheur
Ici maintenant
Laisser venir
D un bonheur
Immanent
Laisser venir
Le bonheur
De Naja Naja
Laisser venir
Le bonheur
Ici bas
Laisser venir
Laisser venir
Laisser venir
Laisser venir
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