Un combat intérieur
Sa présence sournoise m'a aveuglée, m'a entraînée graduellement vers un abîme où la lumière se fait rare et la remontée, ardue. Subtilement, elle m'a entraînée dans son filet, me condamnant à un destin infernal sans que je m'en aperçoive. Loin dans le temps, enfoui dans les méandres de mon adolescence, ce souvenir conserve une puissance émotionnelle intacte. Ma volonté de fer ne suffit pas à garantir la victoire dans chaque bataille, et la défaite parfois me tenaille. Parfois, la vie me semble être un océan impitoyable, et je lutte pour garder la tête hors de l'eau, menacée par la noyade. Pour ne pas blesser mes proches de la souffrance qui me ronge, je me retire dans un monde de silence, où mes démons et moi pouvons coexister sans les affecter. La victoire si proche se dérobe, me précipitant à nouveau dans les abysses de la rechute, et les larmes amères inondent mon visage.
Le souvenir des moqueries, des coups et des attouchements impitoyables me hante, me rappele la violence qui a brisé mon estime de soi et m'a laissée meurtrie à jamais. Anéantie par la honte et la culpabilité, je gardais le silence, enfermant ma douleur dans une cage de peur et d'isolement. J'avais l'impression de ne pas mériter d'être écoutée et la peur du jugement me rendait muette. La bienveillance n'était qu'un mirage, un leurre cruel pour mieux me briser. Chaque interaction se transformait en un nouveau supplice, me laissant sans voix, incapable de crier ma douleur et ma rage. Le miroir déformé que l'on me tendait ne reflétait qu'une image hideuse de moi-même. Dégoût et honte m'ont envahi, me noyant dans un océan de haine envers mon propre être.
L'idée de mettre fin à tout cela me hantait. Qui, à part ma famille qui se consumait d'inquiétude chaque jour, se souciait réellement de mon existence ? Le seul soulagement que j'envisageais était de mettre un terme au calvaire que je leur faisais subir.
Face à l'irréparable, une force insoupçonnée s'est manifestée en moi. Le courage a vaincu la peur, le désir de vivre a supplanté l'envie de mourir. Je ne leur offrirais pas la satisfaction de me voir disparaître. Je me battrais, pour mes proches, pour moi, pour retrouver la lumière.
Reconnaissant ma faiblesse, j'ai osé tendre la main. Le chemin vers la guérison a été long et sinueux, parsemé d'épreuves et de rechutes. L'enfermement dans un lieu de soins n'était pas toujours facile à vivre, mais il était nécessaire pour me reconstruire et retrouver la force de vivre.
Si j'ai appris à aimer la femme que je suis et à rayonner d'une confiance nouvelle, je n'oublie pas les ombres qui hantent mon passé. La dépression n'est jamais loin, un monstre tapi dans l'ombre prêt à me happer. Le combat est incessant, une épreuve de chaque instant pour maintenir la lumière en moi. La fatigue est parfois insoutenable, mais le désir de vivre et de vibrer me donne la force de poursuivre mon chemin.
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