Chapitre 1/4
John Maxwell remporta la vente du tableau « The dead mother » au forceps. Il déboursa près de trois millions d’euros pour se l’offrir. La faute à ce golden boy qui lui avait donné du fil à retordre en surenchérissant systématiquement après lui. Était-ce du bluff ? Il ne le pensait pas. Pour le milliardaire, cette somme n'allait pas le mettre sur la paille, mais tout de même. Le jeune homme avait hérité de la fortune de son père malgré son manque de contact avec lui. Jusqu’à sa mort, il vivait comme n’importe quel étudiant. Son père lui avait payé un petit appartement près de la faculté. Maintenant, plusieurs milliards s’entassaient grâce à de fructueux placements immobiliers et il en était désormai l'heureux propriétaire. John repartait donc avec son précieux trophée qui ornerait le salon de sa villa. L’œuvre d’Edvard Munch n’était pas très joyeuse. Elle représentait une petite fille au chevet de sa mère mourante. L’enfant pressait ses mains sur ses oreilles et tournait le dos au lit. Les râles de la femme agonisante devaient être horribles. En tout cas, le tableau le laissait paraître ainsi. John s’était rendu à la vente aux enchères mensuelle et fut immédiatement charmé par la toile, ou plutôt envoûté. Il est vrai qu’il avait un certain penchant pour les œuvres tristes et désenchantées. C’était le même constat pour les compositions musicales.
Une fois chez lui, il s’empressa de fixer la peinture au mur, juste derrière le long canapé de cuir noir qui délimitait l’espace multimédia, et à deux pas de l’entrée de la cuisine. Il l’admira encore et se servit un verre de martini blanc. Il vivait seul ici. Malgré sa grande fortune, il n’avait jamais trouvé chaussure à son pied. Pourtant, il ne manquait pas de courtisanes, mais la plupart ne s’intéressaient qu’à son porte-monnaie. Il fit construire cette villa à flanc de colline sur un terrain de quatre hectares. De hauts pins la rendaient invisible de la route toute l’année. Il contrôlait toute la propriété à l’aide de caméras et d’un système d’alarme dernier cri. Tous les matins, il faisait son jogging avant d’aller voir son meilleur ami Tom dans sa maison d’édition. Sa vie devenait de plus en plus monotone. Il lui fallait une occupation.
Le milliardaire se coucha très tôt ce soir-là. Il faisait gris dehors et sa lutte financière l’avait épuisé. Il monta à l’étage où un long couloir desservait quatre chambres et un immense bureau.
Le lendemain, vers les huit heures du matin, il descendit avec ses chaussures de course à la main. Il examina longuement le tableau avant de sortir. Ses couleurs étaient transcendées par la lumière du jour. Il l’admira puis s’éclipsa. Le ciel se montrait sous un jour meilleur et seuls quelques nuages blancs parcouraient l’onde bleue. La journée passa dans une quiétude douceâtre. Lorsqu’il vit Tom, il lui demanda de venir contempler sa dernière acquisition. L’éditeur lui promit de lui rendre visite dès le lendemain. John lui proposa de déjeuner avec lui. Il était un fin cuisinier et Tom accepta de bon cœur. À son retour, le milliardaire fit un détour par la spacieuce librairie de la ville. Il adorait cet endroit qui était décoré avec goût: meubles rustiques, étalages en bois massif, fauteuils confortables et un petit bar spécialisé uniquement en cafés, thés et tisanes.
Ce soir là, John se coucha avec le roman policier acheté dans l’aprés-midi. Il appréciait s’endormir après avoir lu quelques pages de ses auteurs préférés. Vers 23 h 15, il éteignit sa lampe de chevet et sombra dans le sommeil.
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