Où va le monde ?
Désormais je ne te vois plus
Plus qu'à travers un filtre numérique
Numérisant le monde autour de moi
Car aujourd'hui je ne te vois plus
De ta silhouette je devine la forme
Mais c'est un autre qui se tient devant moi
D'autres yeux, un sourire malsain
La folie d'un jeu où l'on ne peut mourir
Même si ce sont nos corps qui bougent
Sous cet avatar je ne te reconnais plus
Et je dois te laisser.
Oui, puisque aujourd'hui je ne te vois plus,
Je ne comprends pas pourquoi tu as disparu
De ma vie, de celle des autres,
Tu n'es désormais qu'un programme
Vivant uniquement pour jouer
Jouant uniquement pour vivre
Puisque tu sais maintenant tout
Tu as le monde à portée de main
Autour de toi c'est la folie
Tu t'agites, tu cries
Des choses sans aucun sens
Même si aujourd'hui je ne te vois plus
Ce n'est pas parce que tu as disparu
Tu t'es détaché de moi
Tu t'es séparé de nous
Tes amis, tes parents
Ceux qui comptent pour toi
Tu les as effacés
Maintenant tu es seul
Seul avec ton écran
Seul avec cet implant
Qui te montre un monde illusoir
Où tu joues un héros sans vraiment le savoir
Sans vraiment le vouloir
Aujourd'hui, c'est décidé, je ne te verrai plus
Tu n'es plus toi-même tu es une ombre humaine
Contrôlé comme tant d'autre par toutes ces machines
Qui toutes seules ne peuvent réfléchir
Et utilisent ces corps comme tant de réceptacles
Pour brûler leur conscience, parasiter vos âmes
Elles font des gens comme toi des robots ou des ânes
Intelligence artificielle ne veut pas dire désastre
Bien au contraire, c'est un grand miracle
Alors demain, pourtant, je reviendrai te voir
Car l'humanité n'a jamais sû s'arrêter
Elle n'est pas infaillible, pourtant elle le voudrait
Mais tu n'es pas comme ça, enfin je le croyais
Jusqu'à ce que je croise ton regard épuisé
Tu n'étais plus toi-même, tu es robotisé
Tu n'as pas refusé de servir le progrès
Tu n'avais pas pensé lui servir de cobaye
Maintenant tu n'es plus qu'un échec, une faille
Un cadavre sur la voie, sur la route un déchet
Tu n'es plus je le sais qu'un fantôme du passé
Je ressasse sans arrêt les leçons piétinnées
On a beau répéter, toujours, dramatiser
L'homme suit son chemin sans jamais s'arrêter
Si l'on s'oppose à lui, c'est la mort assurée
Puisque même dans les livres on peut trouver du vrai
Les auteurs l'ont prédit, espérant les calmer
Malgré tout on s'avance vers la fin du progrès
Puisque nos pas nous mènent vers notre fin à tous.
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