Je sortis ce soir-là afin de m'aérer l'esprit et de remettre de l'ordre dans mes idées. J'avais fort soif mais je n'avais pas le cœur à m'attaquer à quelque animal que ce soit. Il fallait que j'agisse et vite, sinon j'allais la perdre. Ce fut là, alors que je marchais dans le vieux quartier, que j'eus une illumination. Et si je lui avouais tout, et si elle devenait comme moi, un vampire; on pourrait vivre ensemble pour l'éternité.

Je réfléchis à comment j'allais lui annoncer la nouvelle sans trop la choquer ni trop l'effrayer. Et tandis que je réfléchissais, je n'avais même pas remarqué que j'avais fait toute la route jusqu'à son hôtel. Sûrement un coup du destin. J'hésitai à sonner à l'interphone puis mon doigt appuya machinalement sur le bouton d'appel.  

Je n'eus même pas à me présenter que la porte s'ouvrit. Je regardai à quel étage se trouvait Emilie puis montai. J'avais extrêmement mal au ventre, comme si j'avais reçu un violent coup de poing. Je voulus redescendre mais la voyant m'attendre sur le palier, je continuai d'avancer. Je la suivis jusque dans son appartement, sans dire un mot.

Emilie referma la porte derrière elle puis me dévisagea un instant comme si elle se trouvait face à un nouvel inconnu. Son regard était grave, perçant; elle était toujours en colère après moi et je ne pouvais que la comprendre. Je voulus dire quelque chose, ouvrir la bouche mais elle fut la première à le faire.

"Bon, si tu es venu c'est que tu tiens à t'expliquer, je suppose, dit-elle d'une voix calme et posée malgré la fureur qu'elle ressentait de s'être sentie abandonnée.

•  J'aimerais...j'aimerais t'expliquer, te dire pourquoi je suis parti sans donner de nouvelles...mais ce n'est pas si simple et puis ta vision de moi risque de changer à jamais. J'aimerais que tu gardes le meilleur souvenir de moi et pas de celui que je suis aujourd'hui, lui dis-je sans même oser la regarder.
• Oh, je t'en prie ! Dis moi ce qu'il y a, ce que tu as fais de si horrible pour croire que je ne voudrais plus être avec toi ! Je t'aime, putain de merde ! répondit Emilie au bord des larmes, encore.
• Ce n'est pas quelque chose que j'ai fait mais quelque chose que je suis devenu, dis-je sans même être sûr que mes paroles aient un sens.
• Que tu es devenu, répéta Emilie.
• Oui
• Raconte moi, que je comprenne.
• Assis toi, dans ce cas, il vaut mieux car tu risques d'avoir un choc."

 Elle s'assis. Je pris une profonde inspiration puis lui raconta tout. De ce jour où je m'étais fait agresser par un ours jusqu'à aujourd'hui, je lui ai tout dit. J'étais devenu quelqu'un d'autre, quelque chose d'autre...Un vampire. Je finis de lui conter mon histoire, elle me regardait avec de grand yeux, bouche bée. Y avait-il de la peur dans ce regard ? De la surprise ? ou bien une sorte d'excitation refoulée. Je ne saurais le dire mais j'étais content de m'être dévoilé. J'attendis sa réaction.