Ce fut dans la cité des enfants qu’à 10 h 11, un couple, accompagné de leur fillette, entra dans la cabane d’astronomie, vide à l’exception d’un nourrisson, nu, endormi. Après ils se furent enquis auprès des visiteurs du « jardin » d’éventuels parents, puis de témoins de l’abandon, la jeune mère enveloppa le bébé dans son châle et partit à la recherche d’un animateur.

Tous les appels, par haut-parleurs, à tous les niveaux de la cité de la science et de l’industrie, étant restés vains ; une heure après avoir diffusé le premier la sécurité de l’établissement public, très occupée par le vol de l’ovoïde, avisa les services sociaux qui vinrent rapidement prendre le pauvre petit en charge.

Les abandons d’enfant « sur la voie publique » sont, fort heureusement, choses rares en France, mais leurs relations par les médias dépendent de l’actualité. La disparition du mystérieux objet aurait dû priver ce malheureux fait divers d’écho médiatique, mais la concomitance des incidents sur le même lieu, entraîna une surexposition.

On invita, sur les plateaux, des agents de sécurité, mais s’attendant à être vilipendé aucun n'y consenti. Le personnel de la DDCS de Paris déclina également les invitations. Seul le couple ayant découvert l’enfant accepta les interviews, mais répondant aux questions, ils ne purent que préciser quelques détails ; le nourrisson semblait âgé de huit à dix mois, il était de sexe masculin, il devait être d’origine asiatique ou mélanésienne. La jeune femme n’avait pas réussi à le réveiller, il respirait régulièrement, il ne paraissait pas fiévreux, mais il était lourd, ha ! Si les services sociaux voulaient bien rendre son châle à la charitable mère de famille, merci d’avance.

L’affaire rebondie deux jours plus tard. Le Marianne du 4 janvier titra :

Où est l’enfant trouvé

à la cité des sciences

?

Le point d’interrogation, corps 288, illustrait le scoop de l’année, laquelle était encore bien courte. Une pigiste de l’hebdomadaire après de multiples tentatives pour approcher le bébé, afin de la photographier, réussit à interviewer un membre de l’ex DDASS. Laquelle sous le couvert de l’anonymat l’informa que le nourrisson a été enlevé aux services sociaux dès le mardi en fin d’après-midi. Elle n’avait aucune idée d’où il avait été emmené, mais toutes les personnes ayant été en contact avec lui l’avaient accompagnées. Tous étaient partis dans deux Irisbus blindés, du Groupement Blindé de la Gendarmerie Mobile, encadrés de deux VBRG.