Chapitre X. Une putain de rage à l'intérieur
Ainsi, c'était ça la boxe : une fureur qui montait du plexus, qui envahissait le torse et explosait dans les poings. Bianca la regardait se débattre avec cet énorme polochon de cuir rembourré de paille ou de crin. Très mobile sur ses jambes, elle semblait danser. Elle leva les yeux vers le haut du corps, son buste aussi scandait une sauvage chorégraphie elle gonflait sa poitrine. Bang ! le poing explosait. Bang! l'autre poing suivait le même chemin. Elle alternait série longue, série courte. La série longue était une succession de petits coups rapides. Pour la courte, les coups étaient plus amples, moins fréquents, mais plus forts. Bianca, admirait la sportive, elle avait selon les dires de sa cousine, le même âge qu'elle, mais elle en paraissait plus. Brune, les traits réguliers, elle avait cette force brute, cette sauvagerie dans le regard, un je ne sais quoi qui faisait froid dans le dos, mais qui pourtant attirait. C'était ça, elle était Civa la déesse de la vengeance de la guerre et des combats. Oui c'était ça, Lara Croft, c'était elle. La métisse, esquissa un pas de danse, décocha un coup de poing qui aurait déboité l'épaule d'une fille normale et en se retournant bloqua le traversin de ses longs bras musclés. Elle dit :
- Tu sais quoi maintenant à toi!
- Euh!
- Quel est ton problème, ma chérie ? Tu me mate comme jamais aucun mec ne m'a matée et tu refuses de me montrer ce que tu peux faire avec tes jolis petits poings ! je n’aime pas les tièdes, les timides , les frustrées, tu prends les gants, ou tu dégages !
Alors Bianca se laissa bander les mains.
- Laisse-toi faire, ainsi protégées tes jolies menottes de fillette ne risqueront plus rien, si je ne les emmaillote pas tu risques de te péter les phalanges. Fais voir la main gauche maintenant.
Timidement elle osa regarder dans les yeux la fille qui le moment d'avant martyrisait ce pauvre sac à coups. Le regard de la jeune femme s'était enfin ouvert, elle souriait à présent. C'était bizarre, elle faisait son âge maintenant. Les traits durs avaient laissé la place à un visage presque enfantin, des yeux de biche, des lèvres pleines.... Elle se gourmanda à ainsi dévisager cette fille.
- Tu me trouves à ton gout mignonne ? ricana Marcia.
- Oui, je te trouve très belle, mais ce qui m'a le plus sidérée, ce sont tes traits de visage, tu étais tendue, toute en force et en colère. Maintenant tu sembles calme détendue. Tu te permets même de plaisanter, tu n'es plus du tout la même personne. Comme si en posant tes gants, tu avais déposé ta hargne.
- Pffftt ! Tu parles bien mignone, je t'avais décidément mal jugée. Allez, assez les bandes, je serre bien les gants, ça t'évitera les bobos. Tu te tiens bien droite, bien souple les jambes, tu accompagne tes coups, comme si tu dansais la salsa ou un tango et tu tapes à la vitesse et avec la force que tu peux.
Au premier coup Bianca rata sa cible, le geste était ample, la course du bras trop long, elle fut déstabilisée perdit l'équilibre et se retrouva à terre. Marcia l'aida à se relever, tout en riant aux éclats. Bianca, vexée écarta la main secourable, se releva toute seule, mais ne pus recommencer à boxer tout de suite, gagnée par le fou rire communicatif de sa nouvelle copine. Marcia qu'un rire en cascade secouait dans tous les sens s'approcha de Bianca et posa sa main sur son épaule.
- Allez ma belle, merci pour cette séance de rire j'en avais bien besoin ! je me mets derrière toi et je vais guider tes mains, ne t'inquiète pas, ça arrive à tout le monde au début. Il ne faut jamais commencer une séance d'entrainement par des gestes aussi amples. Tu apprivoises ton corps d'abord, ton jeu ensuite et enfin tu peux te permettre des gestes de dingues qui...
Son corps bien malgré elle était encore secoué par un fou rire qu'elle ne maitrisait que difficilement.
- Qui, reprit -elle ! des gestes contrôlés, puis plus rapides , plus amples, des alternances de gestes longs et forts , puis courts et secs.
Marcia pris une grande inspiration et les yeux encore pleins de larmes d'avoir bien ri, se ferma d'un coup. Elle se positionna derrière Bianca, je jusqu'à coller son corps contre le sien et prenant les bras de sa comparse dans ses mains longues fines, légèrement calleuses les fit bouger dans tous les sens. Bianca cala sa respiration sur celle de sa siamoise, le contact de ce corps chaud qui pesait contre le sien n'était pas désagréable du tout. Elle se concentra, le rire avait enfin cessé, oui cela faisait du bien de se marrer. Elle ne l'avait plus fait depuis si longtemps; mentalement elle remercia Marcia de lui avoir permis ce fou rire. Elle avait chaud, et cela n'avait rien à voir avec la moiteur de cette fin de journée de juillet. Elle laissa les mains de l'autre la manipuler comme si elle était sa marionnette, elle se concentrait sur sa voix.
- Droite , gauche, long ,court, long court, gauche , droite, respire, la poitrine se baisse, tu creuses le ventre, tu visualises le traversin, tu colles une tête que tu n’aimes pas dessus et tu te concentres sur ton poing, tu gonfles ton ventre, tu souffles ton bras se détend, tu frappes....tu respires, le ventre d'abord, puis la poitrine, tu prépares tes poings tu visualises, tu souffles eeetttt, bang, allez je te lâche !respire ,prépare visualise souffle droite ! Respire prépare visualise souffle gauche long. Oui c'est ça, je me tais, reste concentré, tu es bonne dans ce que tu fais !Bianca regrettait presque de ne plus avoir le ventre de l'autre appuyé sur le sien, elle sentait encore la chaleur de ces mains sur sa peau nue et malgré la chaleur de sa figure en feu, ressentait de petits picotements et de petits frissons dans le dos. Elle se concentrait, les mots de Marcia étaient gravés , respire....feu bang, quand elle s'en sentit prête tout en respectant le rythme de sa respiration à laquelle elle n'avait jamais fait attention avant ça, elle accéléra la cadence, petit à petit les coups étaient plus rapides plus fort, le bras était plus puissant. Elle imagina la gueule de la fille qu'elle aimait le moins et lui bourra la gueule de coup et lorsqu’elle l'imagina les yeux et les pommettes en sang, enfin elle arrêta et visant le nez décocha la droite la plus puissante qu'elle put imaginer. Chancelante, ruisselante de sueur Bianca s'arrêta, elle n'aurait jamais cru être capable de cela, mais finalement cela lui plaisait bien ! Marcia, surprise félicita chaudement la jeune fille et lui dit
- Tu m'as pris pour une poire, tu as déjà fait de la boxe !
- Non, c'est la première fois
- Eh bien, ma grande ,tu es douée, tu devrais t'inscrire, tu m'as vraiment convaincue, bravo, hein coach, tu en penses quoi !
Bianca ouvrit enfin les yeux, toute la salle s'était arrêtée et tous formaient un demi-cercle autour des deux filles.Le coach prit la parole, de sa voix rocailleuse et cassée par les excès de la vie il coassa.
- Au premier abord je voulais t'engueuler Marcia, tu n'avais pas sans mon autorisation à prêter tes gants et le punching-ball à ta copine qui je te le rappelle n'est pas licenciée et donc pas assurée. Puis j'ai vu qu'elle ne se démerdait pas mal alors j'ai laissé faire. Je suis d'accord avec toi Marcia, Bianca est douée, si elle le veut, et je ne lui en laisse pas le choix, je lui prépare une carte, je lui prête des gants et je lui prépare une licence. OK Bianca demain dix heures à l'ouverture de la salle, je veux voir ce que tu as dans le ventre, en un entrainement tu as donné des coups plus forts que ta cousine en six mois de présence. Tu dois avoir une putain de rage à l'intérieur de toi. Demain 10 h ici Bianca. Bon les filles, Marcia et Anna, en place !
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