Extrait / Midraël Beethoven et Krys Oudouaïr
"-Sacré bordel aujourd'hui hein ? Cette fois, là, j'ai vraiment cru que j'allais pas m'en tirer.
-Tu dis toujours ça et on s'en sort toujours.
- C'est pour ça que je te le dis toujours. Répliqua l'autre d'une voix rauque
- Toi et moi, nous sommes des forces de la nature, dit l'homme en allumant une cigarette."
Un cliquetis se fit entendre. La porte s'ouvrit, laissant entrer la lumière dans la pièce. Tirant les deux hommes de l'obscurité totale où ils attendaient depuis trois heures ; un homme noir et un homme blanc, l'un le crâne rasé, l'autre une coupe en brosse. Vêtus d'une tenue d'intervention militaire, ils étaient assis face à face dans ce conteneur, une bombe à expansion sonique longue, entre eux deux.
"Vous l'avez ?" Dit une voix sortie de derrière les portes. Un homme vêtu d'une tenue militaire se plaça dans la lumière. Une casquette blanche sur laquelle le symbole d'une épée portée par deux mains différentes était cousu. Un homme d'une cinquantaine d'années dont le physique restait impressionnant. Un visage sec et fier comme en ont les chefs de guerre. Une barbe bien taillée et grisonnante.
"- Monsieur Chaltier. C'est un véritable plaisir de vous revoir ! Dit l'homme chauve. Nous l'avons. Nous vous l'avions dit que se serait sans souci.
- Eh bien, sortez dont que l'on aille fêter ça. L'air dur de son visage avait laissé place à un sourire satisfait.
Les deux hommes sortirent du conteneur. L'homme blanc boitait.
- Qu'est-ce qui t'est arrivé ? Demanda monsieur Chaltier.
- Rien. J'ai juste pas couru assez vite."
La présidente, escortée du premier grand amiral, vint se poser façe aux deux militaires. Ils arboraient le même écusson que monsieur Chaltier, cousu sur leurs vêtements.
- C'était la dernière bombe. A l'heure actuelle. Il ne nous reste que deux territoires sous dictature à reprendre. Dans toutes les dernières nations militarisées, les peuples sont déjà devant les parlements. Savez-vous ce que cela signifie ?
- Qu'on pourra dans peu de temps vous entendre dire que l'union des peuples est proche madame la présidente, répondit l'homme blanc.
- Elle l'est plus que jamais messieurs. Et c'est en grande partie grâce à vous. Lorsque vous vous serez soigné colonel, prenez connaissance des résultats des opérations effectuées durant vos absences.
- Qu'en est-il des coupures de communication et de réseaux ? Nous avions cru un instant que la mission avait échoué, et que le territoire japonais n'existait plus.
- Le territoire japonais est encore sur cette terre. Il est sous le contrôle du peuple.
- Votre travail est terminé messieurs. Reprit le grand amiral. Rendez vous ce soir au QG pour récupérer vos médailles et les honneurs qui vous sont dus. Et ensuite vous irez fêter cela dans un bar.
- Je croyais que tous les bars étaient fermés, dit l'homme noir.
- Les choses sont déjà en train de changer colonel Oudouair. Allez vous décrasser. Colonel Beethoven et allez à l'infirmerie. Puis rendez-vous à 17h45 exactement, dit monsieur Chaltier avec un sourire amical.
La voix solennelle de la présidente s'élevait dans le hangar du QG.
"- Aujourd'hui. Les colonels en chef Midraël Beethoven et Samir Oudraïr sont promus au rang d'honneur de la paix, nommés au grade d'amiral. Leur service plus qu'utile pour l'A.T.U. l'armée des terres unies prend fin aujourd'hui. Pour les opérations méduses menaient contre les dictatures de l'Amérique et du Japon leur valent les médailles de l'aigle et du tigre. Les terres unies vous remercient "
La présidente continua de distribuer des titres et des rangs aux autres soldats présents.
" Le japon se sera mon meilleur souvenir, dit Samir du coin de la bouche.
- Tais-toi, je prie. Répondit Midraël.
- Putin pourquoi tu pries toujours dans les moments comme ça ?
- Ha ! Veux-tu bien te taire. Je te l'ai déjà dis, il faut bien que l'un de nous deux le fasse. Alors je remercie. N'empêche, ça fait du bien d'entendre que l'on reçoit ce genre de titre, continua Midraël dans un sourire."
Pour finir la cérémonie la présidente remercia une dernière fois l'ensemble des convives.
Comme prévu, le soir, monsieur Chaltier emmena Samir dans un bar. Midrael arriva un peu plus tard en béquille.
" Un bar ? Vraiment ? Que peuvent-ils bien servir ? Les dernières réserves d'alcool n’étaient-elles pas dans les mains de ceux qui l'ont interdit ?
Jeremy Chaltier avait été un des piliers pour l' A.T.U. Présent du début à la fin. L'un des premiers à financer les élections libres à travers l'ensemble des pays du monde. Le premier à avoir financé la recherche des meilleurs pirates informatiques possibles. Afin de détourner l'argent des banques pour le redistribuer équitablement. Jusqu'aux opérations pour récupérer les bombes à expansions soniques longues. C'était la menace qui avait remplacé les bombes atomiques en 3017. Leur logique était simple : L'anéantissement total du territoire, du peuple, et de sa mémoire. Plus, le poids sur les épaules de celui qui avait été la cause de son déclenchement. La base de tout était le son, le son et ces fameuses fréquences A et O. Une valise et un satellite c’était tout ce que ça nécessitait. La valise contenait un programme qui permettait de dicter à n'importe quel satellite d'envoyer les ondes A et O sur la région visée. Dans n'importe quel endroit, on trouvait du bruit. Il suffisait d'une parole, d'une note de musique, du chant d'un oiseau, d'une goutte d'eau dans un lavabo. Et la fréquence A se multipliait, de plus en plus haut et de plus en plus loin, emmenant avec elle la fréquence O. Son rôle à elle, étant de capter le bruit. Le problème étant, que lorsqu'un bruit entrait en contact avec elle, cela provoquait simplement la destruction de la zone d'où venait le son. A elle seule elle n'était pas si dangereuse. Elle se répandait sur à peine quelques mètres. C'était l'onde A qui la faisait durer et se propager. Et ce pourquoi, leur combinaison était une menace tyrannique. La restriction du nombre de kilomètres jusqu'où pouvait s'étendre au maximum les fréquences. C'était tout ce que l'O.N.U avait obtenu. Et utilisable uniquement en cas de rébellion totale du peuple contre la nation qui possède la bombe. C'était donc une arme propice pour faire son apparition en 2093. Lors de la plus grande vague de révolution des esprits que la terre n'aie jamais connue. Des mouvements de lutte contre toutes formes d'oppressions prenaient naissance dans tous les pays. La menace de cette arme, fut ce qui permit aux dirigeants de continuer à vivre comme ils l'avaient toujours fait. Ainsi que ce qui calma les esprits des révolutionnaires de cette époque. Mais quelques générations plus tard, le peuple avait pris les armes pour que le rêve de tant de leurs ancêtres se réalise enfin. Et tenter de bâtir le monde le plus en paix que l'Homme put. C'est ainsi qu'est né le mouvement des terres unies et avec lui l'A.T.U. La menace des bombes atomiques n'en était plus une, depuis longtemps. La technologie avait évolué et pour les experts, il devenait simple d'en désamorcer une à jamais.
"- Eh bien, il s'avère que ces hommes dont vous parlez, pour plus d'un, avaient des terres et des caves où ils le produisaient sans fin pour leur usage personnel. Alors la production commence lentement à reprendre. Ce bar là, est le premier à ouvrir. Et comme je sais que vous le méritez, je vous y emmène. Et vous, vous allez me raconter le Japon, reprit monsieur Chaltier.
- Le Japon c'est simplement l'endroit où vous devez aller. C'est la meilleure réponse que je puisse vous donner, répondit Samir.
- Je ne vous ai plus vu depuis que vous êtes partis pour l'Amérique. Comment étaient ces dernières opérations méduses ?
Les opérations méduses se menaient en trois phases.
Introduire des soldats en civil pour grossir les rangs de l'armée présente sur le sol. Positionner toutes les troupes de façon stratégique. Et lancer l'assaut partout en même temps paralysant l'ensemble des cibles adverses.
- En Amérique, la mort du dictateur et de ses hommes de main était inévitable. Pour le reste, nous avons enregistré des pertes des deux côtés. Mais au final. Elle est entièrement sous le contrôle de son peuple.
- Et au Japon ?
- Lorsque nous étions dans le palais de Yhong soon. Nous avons été aidés par des gens qui ne faisaient pas partie du plan. Des guerriers avec des sabres. Sans eux, nous n'aurions pas réussi. Dit Samir.
- Des guerriers avec des sabres! Étrange. Vous savez ce que vous allez faire maintenant ?
- A vrai dire on n’en a pas la moindre idée. Répondit Midrael.
- Eh bien soyez sans crainte messieurs. Il y a un programme en cours de développement. On a besoin de deux directeurs. On m'a vanté vos talents de chercheur en matière de son et d'architecture Midraël. Et on m'a aussi parlé de vos connaissances en matière d'ondes et d'aérospatial Samir. Vous serez parfaits."
Durant les deux ans qui suivirent, Midrael Beethoven et Samir Oudouaïr dirigèrent un projet qui portait sur la communication. Les plus grandes tours de relais de communication conçues par l'Homme jusque-là. Des tours mises sur orbite à différents endroits du globe. Une partait lorsque l'autre redescendait. Il y en aurait un couple lancé depuis l'Amérique centrale. Deux autres depuis l’Afrique et l'Australie. Un autre prenait son départ de la Russie, un autre d'Europe, un dernier au Brésil et c'était parfait. Les communications entre toutes les régions du monde seraient inébranlables pour un millier d'années au minimum. Elles avaient la capacité de résister même aux bombes à fréquence A et O. Tout se passait pour le mieux pour Samir et Midrael. Cependant un vendredi le grand amiral vint en personne leur rendre visite dans leur bureau. Depuis qu'ils avaient quitté officiellement l'A.T.U, les deux hommes n'avaient plus croisé un seul gradé de ce genre. Ça aurait été difficile de croire que cela put être sans raisons précise. Le grand amiral les informa que des espions de l'A.T.U œuvraient en ce moment au Japon pour s'informer sur des prétendants au pouvoir. Et que leur rappel dans les troupes leurs serait sûrement annoncé prochainement.
Les deux tours Macma dont Samir et Midrael avaient la responsabilité étaient celles dont la construction était la plus avancée dans l'ensemble du monde. Elles devaient contenir chacune une bibliothèque, un département scientifique, ainsi qu'un département botanique, en plus des installations de communications. La bibliothèque devait contenir une copie de chacun des plus grands livres connus, ainsi que les plus rares, tout comme ceux qui étaient les plus informatifs. S'il se passait quelque chose sur la Terre un jour. Tout le savoir emmagasiné par l'homme serait toujours là, dans ces tours, dans les départements de la bibliothèque et les départements scientifiques. Chacune des machines les plus importantes inventées devait avoir sa place. Le compartiment botanique, contenait chaque fleur, chaque plante, ainsi qu'un Zoo, comme une arche de Noé. Un grand nombre d'employés devait y travailler et y élire domicile, triant les informations et travaillant en collaboration avec les autres tours, pour être utilisées ensuite sur la planète entière. Ces tours représentaient l'âge d'or du savoir et de la communication.
Neuf mois plus tard, Samir se retrouvait responsable de la fin de la construction des deux tours, deux délégués sous ses ordres. Ils se révélèrent d'ailleurs très utiles lors de la construction de la fontaine du rez-de-chaussée, et des calculs pour la construction du globe d'or au sommet. De fabuleux architectes et des artistes doués.
Midrael avait été envoyé au Japon pour une mission d'infiltrations. Il avait toujours été le plus doué des deux en ce qui concerne la discrétion.Le déroulement de cette opération nécessitait qu'un homme seul porte son fardeau. Les portes du Japon s'étaient retrouvées fermées du jour au lendemain quelques mois plus tôt. Un groupe de conservateurs des valeurs du Japon féodal avait pris le contrôle du pays par la force, expulsant les résidents qui appartenaient à l'A.T.U. Depuis plus personne n'entrait et plus personne ne sortait du territoire nippon. Nul ne savait ce qui s'y passait. Toute communication, toute image étaient coupées ou brouillées.Les forces du parti repoussaient sans difficulté les tentatives d'entrée de l'A.T.U. Des rumeurs de technologies nouvelles s'étaient répandues comme une traînée de poudre dans tout le monde. La rumeur d'un champ bleu protecteur semblait devenue réalité. Les forces de l'A.T.U encore actives avaient fortement recommandé de ne pas s'approcher de cette zone. Le grand amiral était revenu dans leur bureau pour demander à Midrael de réussir à s'y rendre. L'Occidental avait choisi d'accepter. Samir n'avait plus une seule nouvelle de son ami depuis. Il pensait au pire pour Midrael, craignant que son ami ne voie pas leur travail décoller dans l'espace.
Le coéquipier de Samir n'avait toujours pas montré le bout de son nez lorsque la liste des équipes qui devaient aller sur orbite fut complète, ni même lorsque la navette qui devait effectuer des changements réguliers entre les tours et la terre fut terminée. Il n'avait pas vu s'ajouter les départements de justice et les écoles. Cependant, trois mois avant le décollage des tours, Samir eut vent d'une information qui venait des îles nippones. Des tours Macma avaient été bâties là-bas aussi. Samir sut que Midrael ne devait pas être étranger à cela. Néanmoins, dans un sens, cela le rassurait, il pouvait croire que son ami était toujours en vie.
L'ensemble des tours Macma autour du globe était terminé mais aucune d'elles n'avait encore décollée. Samir descendit d'abord au rez-de-chaussée puis sortit pour les observer. Elles étaient immenses. Il avait réussi là où Babel avait échoué. On ne voyait même pas le globe du haut de la tour dans les nuages. Elles devaient être visibles de si loin. L'homme avait bâti des montagnes. Le départ de celles d'Europe fut programmé en premier. Celles dont Samir s'était retrouvé responsable. Dans un premier lieu, il avait été convenu d'un commun accord que les tours seraient d'abord mises en marche quelques mois sur la terre ferme avant d'être lancées dans l'espace. Elles ne desserviraient que ceux qui souhaitaient s'y connecter dès son activation sur terre. Les premières semaines se passèrent sans aucun élément perturbateur. Des pluies diluviennes tombèrent près de toutes les tours pendant deux où trois jours. Le réseau fut un peu brouillé mais aucune perte de contacts n'était à déclarer. Vers la fin de la troisième semaine du deuxième mois en Russie il neigea tant que les scientifiques enregistrèrent un record loin devant tous ceux qui avaient déjà été enregistrés jusque-là. Quelques autres travaux eurent lieu pour remédier à ces problèmes, de sorte que le réseau ne soit plus brouillé. Que la communication et l'information soient de tout temps disponibles. Les bonnes nouvelles qui permirent d'avancer sur le sujet vinrent de l'ami de Samir du japon. Il y construisait aussi une tour. Un des chercheurs avait modifié la fréquence O. C'était un autre style de fréquence qu'elle capturait. La fréquence K. Pour la trouver, les chercheurs japonais avaient inversé informatiquement un procédé sonore connu depuis longtemps. Transformer un son en fichier informatique. Là, il s'agissait de transformer n'importe quel type de fichier informatique en un son. C'était ce son, la fréquence K, imperceptible à l'oreille. Un bruit créé sur la fréquence de zéro hertz. Une sorte de second silence, comme ils l'expliquaient à la télévision. Touché par la fréquence O le son se multipliait toujours plus, captant les informations envoyées et demandées par les connectés. Mais plus que tout, Samir Oudouaïr se questionnait sur ce que Midraël pouvait bien faire tout ce temps passé au Japon. Quatorze mois, déjà. Samir avait beau tenté de remonter ses sources d'informations jusqu'au plus haut gradé. Mais rien ne lui était divulgué. Ces inconvénients de brouillage avaient rajouté huit mois à la date de décollage. Ils devaient renforcer les choses, que les tours ne soient pas perturbées par les objets quelconques qui pourraient troubler leur champ d'action, une fois en orbite. Lorsque ce fut fait, le lancement eut finalement lieu. Et comme le craignait Samir, Midraël ne verrait pas ce sur quoi il avait travaillé. Cependant il pensa que peut-être, Midraël verrait la même chose au Japon. L'Europe fut la dernière à effectuer la mise en marche du décollage. Elle dut le faire six jours plus tard. Une tempête avait fracassé les alentours de la tour en Italie.
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