Forêt que j'ai aimé ...
Aux pieds des montagnes, à l'extrémité de la plaine, d'épaisses forêts entourent les terres arables et habitées. Chênes, châtaigniers, sapins, ifs, noisetiers, tous ces arbres se côtoient dans un foisonnement inextricable de verdure, entourant des grottes et des ruisseaux, ainsi que de somptueuses clairières. Une route traverse cette forêt, aux frondaisons si épaisses que parfois le soleil y entre peu.
Vous ne tremblez pas ? Attendez que tombe la nuit. La magie du jour s'éloigne, et ce ne sont plus des silhouettes d'elfes que votre imagination vous montre, mais d'autres êtres.
La nuit vient et les passants se perdent dans cette végétation devenue soudainement silencieuse. Le gazouillement des oiseaux a disparu, laissant bientôt place aux hurlements des loups. L’obscurité s’intensifie, l’air devient plus coupant et le silence plus dense. Comme derrière le rideau qui vient de tomber sur une scène, tout s’anime : les arbres s’étirent et changent de forme, les animaux sortent de leur cachette, le chevreuil ose une échappée dans la clairière, les sangliers labourent la terre à la recherche de nourriture tandis que je m'enfonce un peu plus dans ces terres sauvages.
Dans l’obscurité qui s’est refermée derrière moi et qui me protège, guidée par la lune, je finis par voir clair comme en plein jour. Alors, seule au milieu de l’univers, je m’abandonne. Chaque parcelle de mon être entre en résonnance avec une parcelle de la forêt en de subtiles correspondances : l’étoile scintille dans ma tête, la feuille frémit dans mon dos, l’insecte tambourine dans ma cage thoracique, l’herbe sèche se froisse dans ma nuque, les fleurs ne font qu'un dans mon coeur...
Cette douce forêt résonne en moi comme seule compagnie, l'amour que je lui porte dépasse toute cérémonie ; c'est ainsi que j'en ai fait une poésie, afin de décrire ces paysages typiques d'Amazonie...
Ô Forêt, toi qui vis passer bien des amants
Le long de tes sentiers, Dieu sait que je t'ai aimée,
Confidente de tout, des cris et des serments,
Nature à qui l'on pouvait tout confier.
Ô Forêt, souviens-toi de ceux qui sont venus
Un jour d'été fouler tes mousses et paysages colorés,
Couleur de feuilles, couleur d'écorces, couleur feuillue,
Ils t'ont vénérée, ô toi ma sainteté !
Ô Forêt, tu fus bonne, en laissant le désir
Fleurir, ardente fleur, au sein de ta verdure.
L'ombre devint plus fraîche : un frisson de plaisir
Enchanta les deux cœurs et toute la nature.
Ô Forêt, souviens-toi de ceux qui sont venus
Un jour d'été fouler tes herbes solitaires
Et contempler, distraits, tes arbres ingénus,
Et le pâle océan de tes vertes fougères
A nos forêt que j'ai aimées, simple légéreté dans cette merveilleuse vie que j'ai menée...
Annotations
Versions