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« Bonjour, monsieur Milo ! Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ?

— Eh bien, le prochain cœur va me demander beaucoup de travail. Plus un cœur est brisé, plus les ingrédients pour le réparer sont durs à obtenir, et celui-là est bien amoché. Je dois aller chercher les ingrédients, mais c’est trop dangereux de t’emmener sans expérience. Tu peux ranger la boutique, faire un peu de ménage si tu veux. Si tu fouilles dans l’atelier, tu devrais aussi pouvoir trouver un ou deux bouquins qui parlent de l’utilisation de différents outils. Je devrais être revenu d’ici trois jours, ça ira ?

— Oui, monsieur, je vais bien nettoyer cet endroit ! Est-ce que je peux en profiter pour le décorer un peu aussi ?

— Tant que tu ne mets pas de petits cœurs roses partout, fais ce qui te chante. Je te laisse les clés de la boutique sur le comptoir.

— Merci, m’sieur Milo, à dans trois jours ! Faites attention à vous !

Le silence répondit à son au revoir, et l’instant d’après, elle était seule dans la bâtisse.

Juliette passa les deux jours suivants à nettoyer, ranger et redécorer l’ensemble du magasin, exception faite de la chambre où dormait le réparateur. Ayant bel et bien trouvé quelques livres lors de son nettoyage, elle passa le reste de la journée à découvrir une grande variété d’outils, tous aussi fascinants les uns que les autres.

Elle avait tout de même une préférence pour le marteau à coups de cafards, juste derrière la perceuse à trous de mémoire.

Lorsque Milo rentra le matin du quatrième jour, il fut satisfait de trouver l’atelier bien rangé et propre, comme il ne l’avait pas été depuis longtemps. La petite brune l’attendait, ses cheveux lâchés, maintenus hors de sa vue par un joli bandeau jaune, assorti à sa robe de la même couleur, embellie par de jolies roses brodées.

La surprise du réparateur épuisé arriva lorsqu’il découvrit ce qu’était devenue la partie « commerce » du magasin. La disposition générale restait la même, en plus propre. L’étagère d’ingrédients était rangée et délestée de ses grains de poussière. En revanche, la devanture était entièrement redécorée.

Là où trônaient auparavant de vieux outils se trouvait maintenant un cœur fait de bouts de métal assemblés entre eux. Un cœur mécanique, quoi. Original. De petites lumières éclairaient l’endroit, lui donnant un air féerique. De petites fioles d’ingrédients entouraient la pièce maîtresse, la mettant en valeur grâce à leurs couleurs vives.

— Qu’est-ce que vous en pensez, monsieur Milo ?

— C’est plutôt joli. Merci, Juliette. Je suis un peu fatigué, je me suis fait mal à la jambe hier, je vais me reposer aujourd’hui. Je réparerai le cœur ce soir, quand tu seras partie. Demain, viens avec une tenue adaptée, je t’emmène en expédition. J’ai déjà l’ingrédient qu’il me faut, mais il ne m’en reste plus beaucoup, et la semaine sera bientôt finie.

— D’accord, monsieur Milo, merci de m’emmener avec vous !"

***

L’homme lui fit un demi-sourire avant d’aller s’enfermer dans sa chambre. Ses vieux muscles étaient fatigués de toutes ces années à partir à l’aventure, il ne pourrait plus continuer bien longtemps.

« Bonjour, monsieur Milo ! Alors, qu’est-ce qu’on va chercher aujourd’hui ?

— Je dois réparer le cœur d’un homme qui vient de divorcer. Pour les divorces, les ingrédients sont très variables, mais l’important, c’est un bon avocat ! C’est dur à trouver, mais pas très dangereux.

— Qu’est-ce qu’il faut d’autre pour celui-ci ?

— On met toujours de la cordialité, mais il faut adapter la dose. S’il y a des enfants, on force la dose. Si les deux parties doivent se voir de temps en temps, lors de rencontres entre amis par exemple, on peut en mettre un peu moins. Souvent, quand les gens ne doivent pas recroiser leur ancien amour, ils me demandent de ne pas en mettre du tout et de rajouter de la rancœur. Ça permet de remplacer la douleur par la colère.

— Alors vous ne leur en mettez pas du tout ?

— Si, toujours un peu.

— Pourquoi ?

— Remplacer la tristesse par la colère rend le cœur plus rapide à réparer, mais ce n’est pas très efficace sur le long terme. La plupart des cœurs se brisent de nouveau après deux ou trois verres. C’est plus long de réparer lorsqu’on laisse la douleur, mais une fois fait, ça tient beaucoup mieux.

— Je n’aurais jamais cru que les ingrédients pouvaient avoir une influence sur la vitesse de réparation du cœur !

— Eh bien si. Allez, va chercher le sac à dos sur le comptoir, on va se mettre en route.

Juliette se précipita presque sur le sac et suivit le réparateur jusqu’au fond de l’atelier. Une porte recouverte d’un tableau de bord comblait le vide du fond de la pièce.

— Comment ça marche ?

— Tu vois l’écran ici ? Tu marques ta destination sur le clavier, et elle apparaît derrière la porte. Tu apprendras à connaître les lieux de chaque ingrédient.

— Où est-ce qu’on va aujourd’hui ?

— En Amérique centrale. »

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