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Ils avaient cheminé pendant de nombreuses journées dans le royaume, empruntant des itinéraires détournés pour échapper aux troupes armées. En traversant le pays, ils avaient pu constater à quel point toutes les activités étaient orientées vers la préparation de la guerre. Les Chasseurs et Eriko en profitaient pour glaner un maximum d’informations, et les trois autres jeunes gens cherchaient à se rendre utiles, notamment en rédigeant des rapports réguliers de ce qu’ils observaient. Ce journal de bord était surtout tenu par Tōru et Sei, qui se relayaient pour y écrire, généralement lors de leurs haltes nocturnes. Sakura et Desya ne s’éloignaient jamais l’un de l’autre, paraissant craindre à tout instant de ne plus se revoir s’ils étaient séparés. Gavriil et les jumeaux mémorisaient tous les détails possibles sur leur chemin, conscients que le conflit imminent pourrait les amener à retourner dans le royaume. Et Nikita passait beaucoup de temps avec Eriko, s’entretenant de divers sujets importants tout en essayant d’obtenir un maximum d’indices sur son identité.
Quand ils parvinrent enfin aux montagnes, la jeune femme fit encore route quelques jours avec eux, puis leur dit au revoir et partit en direction du sud. Ils s’étaient séparés dans un bois non loin du centre de la chaîne montagneuse. Un silence pensif régna quelques instants après son départ, tandis qu’ils attendaient de se remettre en route. Pavel prit finalement la parole, esquissant un sourire :
« Sergey, ce paysage ne te rappelle rien ?
- Nous ne sommes pas loin de chez nous ! s’aperçut son frère. Nikita, on pourrait faire un détour par notre village ?
- Pourquoi pas, accepta celui-ci, après tout le soleil commence à descendre, et il nous faut un endroit pour nous arrêter cette nuit.
- Merci ! s’exclamèrent les jumeaux.
- Je vous laisse nous guider. » ajouta le Lieutenant, amusé.
Ils repartirent donc, et en moins d’une heure arrivèrent à un petit village au bord d’un plateau. Les deux frères les guidèrent à une maison située en périphérie, non loin d’un vaste champ en jachère. Quelques enfants les regardèrent passer avec curiosité, détaillant leurs chevaux et les uniformes des cinq premiers. Arrivant devant la petite bâtisse, tous mirent pied à terre et Sergey toqua à la porte. Ce fut un homme âgé d’une trentaine d’années environ qui leur ouvrit. Il mit une fraction de seconde à réagir puis rejoignit les jumeaux et s’exclama :
« Sergey ! Pavel ! Mais que faites-vous ici ?
- Anton ! répondirent-ils en même temps.
- Ça fait si longtemps ! poursuivit Pavel.
- Dix ans, en fait ! » ajouta Sergey.
Leur grand frère les serra dans ses bras. Il reprit :
« Comme vous avez grandi ! La dernière fois que je vous ai vus, vous n’aviez que douze ans. »
Les jumeaux sourirent. À ce moment, une femme d’âge mûr arriva de la maison. Elle s’arrêta sur le seuil, observant avec une surprise non dissimulée ce groupe de personnes qui avait l’air de revenir de loin. Les trois frères se tournèrent vers elle.
« Bonjour, Maman ! la salua Sergey. Pouvons-nous entrer ?
- Bien sûr, mais… pouvez-vous m’expliquer ?
- C’est une très longue histoire… » soupira Pavel.
Le grand frère des jumeaux montra aux voyageurs une étable non loin de là pour y laisser leurs chevaux, et après cela leur mère fit entrer tout le monde chez elle. Elle trouva une place pour chacun dans son salon, aidée de ses fils. Elle se rendit ensuite à la cuisine et en rapporta des rafraîchissements pour tous.
Alors qu’elle posait le plateau sur la table au centre, on toqua à la porte. Sergey se leva et passa dans l’entrée. Il ouvrit et se retrouva face à une jeune femme de son âge, aux cheveux blonds tressés et aux yeux clairs.
« Shynar ! Je suis si heureux de te revoir !
- Bonjour Sergey ! J’ai entendu dire que des soldats s’étaient invités ici, alors j’ai voulu voir de qui il s’agissait. »
Il s’écarta pour la laisser entrer. Elle l’embrassa sur la joue en passant et remarqua :
« Comme tu as changé !
- Je ne suis pas le seul. Tu es devenue encore plus belle en grandissant. »
Comme lui un instant plus tôt, elle rougit. Il rit.
« Arrête un peu de raconter des bêtises, reprit-elle, et laisse-moi deviner : tu reviens d’une mission dangereuse où tu as joué avec ta vie ?
- C’est à peu près ça, confirma-t-il, mais sous-entendrais-tu que j’aime prendre des risques inutiles ?
- Aurais-tu oublié ton enfance ? »
Les deux jeunes gens sourirent. Il ajouta :
« Rejoignons les autres, tu entendras le récit de nos aventures. Et tu verras que je n’avais tout simplement pas le temps de m’amuser.
- Tu as intérêt à avoir été sage. Et je suis curieuse d’en savoir plus.
- C’est une très longue histoire. »
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