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Le soleil se levait. Sergey entra dans le salon. Il remarqua que Desya était là, observant le paysage depuis la véranda. Il le rejoignit.

« Encore une insomnie ? » s’enquit-il.

Encore une nuit blanche, tu veux dire.

Son camarade hésita, puis reprit avec prévenance :

« Nous sommes tous là pour t’aider à revenir. Il suffit juste que tu tendes la main toi aussi. »

Il n’y a pas de retour.

Il y eut un silence. Desya reprit :

Et quand bien même je te raconterai ce qui s’est passé, jour après jour, nuit après nuit, dans cette salle de torture, tu ne pourrais pas comprendre. Tout juste serais-tu perturbé, comme l’a été cet homme.

Le jeune homme eut un sourire amer.

C’est toujours quand on en vient à désirer ardemment la mort, et que finalement on l’obtient, qu’on se rend compte à quel point on tenait à la vie. Mais la mienne me fait presque horreur, à présent. Je suis condamné une nouvelle fois, mais à vivre. Et pourtant c’est ce que je veux, sourire réellement à nouveau, rire en entendant tes batailles de jeux de mots avec Gavriil, me passionner pour ce que Pavel m’enseigne, m’amuser des remarques toujours justes de Nikita. Seulement, j’ai perdu tout cela.

Il avait les larmes aux yeux, à présent. Sergey posa la main sur son épaule.

« Il ne tient qu’à toi de le retrouver. »

Puisses-tu avoir raison. Sakura me reproche presque ma froideur, parfois. Et je sais qu’elle n’a pas tort. De nous deux, c’est elle qui cherche le plus à comprendre. Mais je ne sais plus où j’en suis. Je n’ai plus d’espoir. Je suis vidé.

Il fit une pause, puis reprit :

J’ai essayé de faire comprendre à cet homme à quel point il m’avait détruit, et combien je le haïssais pour cela, lors de notre duel. Mais j’ai échoué. Je n’ai même pas pu le faire souffrir avant de le tuer. J’aurais voulu lui faire ressentir au moins une part de l’horreur qu’il m’avait faite subir avant de l’achever. Mais tout ce que j’ai réussi à faire a été de le décapiter, si tu veux savoir.

Un éclat sombre et douloureux passa dans son regard.

J’aurais voulu le détruire ! Lui faire regretter d’être né, le laisser agoniser avant de lui porter le coup fatal ! Lui faire subir ce qui m’avait fait souffrir ! Et même s’il est mort… Je le hais !

Le jeune Chasseur sembla prendre conscience de ce qu’il venait de dire. Ses yeux cristal s’écarquillèrent d’effroi. Il se détourna et alla s’assoir dans l’un des fauteuils. Il se prit la tête dans les mains et demeura immobile. À ce moment, Gavriil et Pavel entrèrent. Ils s’immobilisèrent en voyant la scène. Nikita arriva lui aussi.

« Que se passe-t-il ? » demanda-t-il.

Il remarqua immédiatement ce qui n’allait pas. Il rejoignit Desya et mit un genou à terre devant lui pour se mettre à sa hauteur. Il le força à le regarder dans les yeux.

« Desya, reprends-toi. Dis-nous ce que nous pouvons faire ou trouve un moyen de revenir à la vie. Je veux t’aider à te sortir de là, mais tu ne dois pas te laisser abattre. »

Le jeune homme voulut détourner le regard.

« Regarde-moi. lui dit le Lieutenant. Y a-t-il quelque chose que je puisse faire ? Tu sais qu’en tant qu’opheleiai je peux retirer ces souvenirs de ton esprit. Tu n’as qu’une seule parole à dire et je le ferai. »

Non, répondit Desya, car tu aurais à supporter mes souvenirs pour le restant de tes jours. Et enlever cette part de ma mémoire ne supprimera pas la douleur.

« Alors y a-t-il quelque chose qui puisse être fait pour t’aider ? »

Je ne sais pas.

« Quelqu’un peut-il t’aider ? »

Le jeune homme ne répondit rien.

« Je refuse de te laisser ainsi. Et il en est de même pour nous tous. Ça prendra le temps qu’il faudra, mais tu guériras. Tu reprendras goût à la vie. »

Desya fixa un instant Nikita, puis éclata soudainement en sanglots. Le Lieutenant le serra dans ses bras. Autour d’eux, les Chasseurs désolés cherchaient comment réconforter leur camarade. Une fois que le temps du choc serait passé, le jeune Chasseur pourrait revenir à la vie. Le chemin serait long et difficile, mais il pourrait compter sur le soutien de ses proches.

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