24- Le psychologue
Après de nombreux conseils, je me décide à prendre rendez-vous au psychologue. Je pense qu'avant de pouvoir revivre normalement, j'ai besoin d'évacuer ce qui peut me ronger à l'intérieur de moi.
Je me prépare et je vais au rendez-vous à pied, l'air frais sur moi me fait du bien.
Arrivée devant la porte, je souffle un grand coup, avant de franchir le seuil. Une sonnette est à l'entrée afin d'annoncer notre arrivée. J'hésite longuement avant d'appuyer dessus, puis je le fais et m'installe dans la salle d'attente.
Après quelques minutes, qui m'ont paru assez longues, une jeune femme s'avance vers moi.
-Bonjour, vous avez rendez-vous ? Me demande-t-elle
-Bonjour, oui j'ai rendez-vous avec Madame Alix, je répond.
- Votre nom s'il vous plait ? M'interroge-t-elle en regardant l'agenda devant ses yeux
- Je suis Lola Dupres.
- Très bien Madame Dupres, je vous laisse me suivre, me dit-elle
Je la suis jusqu'au bureau qui se situe le plus au fond de la salle. Elle s'installe derrière son bureau et me propose de m'asseoir.
Je dépose ma veste et mon sac sur le dos de la chaise et m'asseois.
Elle me regarde, sûrement attendant que je parle, mais je n'y arrive pas. Alors, voyant mon silence, elle commence :
-Qu'est-ce qui vous amène à venir me voir ? Me sourit-elle
J'hésite à lui répondre, ne sachant pas par où commencer mon histoire.
Elle me sourit et tente de me détendre :
- Prenez votre temps, ne vous inquiétez pas
Je finis par prendre mon courage et commence à lui raconter :
- J'ai rencontré mon copain à l'âge de 15 ans...
Voyant mon malaise, elle me demande :
- Vous vous êtes rencontrés à l'école ?
- Oui, jusqu'à il y a quelques mois, c'était un vrai bonheur, je réponds la voix commençant à trembler.
- Que s'est-il passé pour que vous me dîtes jusqu'à il y a quelques mois ?
- Franck,... est devenu violent avec moi ... lui dis-je avec la gorge nouée.
Je ne suis pas très loin de pleurer quand elle me pose la question :
- Il y a une raison particulière qui l'a rendu violent ?
- Je lui ai appris ma grossesse, il l'a très mal pris la nouvelle, me traitant, et m'accusant de l'avoir trompé.
- Il vous a dit quoi exactement ? Et pourquoi a t-il pensé que vous l'aviez trompé ?
- Il m'a traité de salope, il m'a accusé de l'avoir trompé car cette grossesse s'est fait sous pilule...
- Est-ce que vous l'avez trompé ?
- Non, je n'en n'aurais pas été capable
- Vous me parlez de violences, il utilisait uniquement des violences verbales ?
- Non, il m'a frappée aussi
Elle me regarde, voyant la douleur dans mes yeux.
- Avez-vous porté plainte contre lui ?
- Pas aux premiers coups
- Pourquoi ? Et votre grossesse, vous avez un enfant avec Monsieur ?
La question qui me fait le plus de mal, elle finit par me la poser. Je ravale les larmes qui menacent de couler, et je réponds :
- Car je l'aimais, l'aime... Non, j'ai perdu mon enfant... lui dis-je en baissant les yeux, je ne veux pas qu'on me voie pleurer.
Elle avance la boite de mouchoirs qui est posée sur sa table vers moi. J'en prends un et m'essuie les larmes qui ont coulé.
- Je suis désolée pour vous. Êtes-vous toujours avec Monsieur ?
- Non, il m'a abandonnée lorsque j'ai accouché de mon bébé mort-né. Je renifle en terminant ma phrase.
- Où en êtes-vous à l'heure actuelle dans votre vie ?
- Je travaille, j'ai été accueillie dans une association, j'ai porté plainte contre Franck...
- Vous faites quoi comme métier ? Et votre plainte a donné quoi ?
- Je travaille dans une boulangerie. Pour ma plainte, il y a eu le procès.
- Je peux me permettre de vous demander si il a été condamné ?
- Oui, il a pris 3 ans de prison dont 1 an avec sursis. J'ai appris, lors de son procès qu'il a déjà été violent par le passé.
- Le verdict a du vous soulager ?
- Oui, je me sens plus en sécurité maintenant car il n'a également pas le droit de m'approcher également.
Le temps a filé très vite qu'il est déjà l'heure de la fin du rendez-vous.
- Vous souhaitez reprendre un rendez-vous ?
- Je veux bien s'il vous plait.
- Le prochain est dans deux semaines, cela vous convient ?
- C'est pafait, merci à vous
- Bonne journée Madame Dupres
- Merci à vous aussi.
Je rentre, en ayant une partie de conscience soulagée. C'est vrai que cela fait du bien de me dévoiler.
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