Chapitre 3

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Je retournais à ma place tout en furetant. Les gens devaient se demander ce que je faisais à regarder les chaussures. Il ne manquait pas de talons aiguilles noirs mais aucun ne semblait correspondre. Je revins donc à table et fus surprise par le regard amusé du compagnon d'Emy. Mon frère quant à lui me fit un commentaire déplaisant à peine discret :

— Tu en as mis du temps ! Tu t'es perdue ?

Je souris sans rien ajouter. De toutes façons il ne m'écoutait déjà plus. L'homme en face de moi me regardait toujours avec de la malice au coin des yeux. J'en arrivai à me demander si ce n'était pas lui, l'homme des toilettes aux lacets rouges. Je plongeai mon regard dans le sien tout en buvant une gorgée du champagne que l'on avait servi en mon absence. Comme s'il suivait le cours de mes pensées il me demanda avec un léger rictus qui lui déformait les lèvres :

— Auriez-vous fait une drôle de rencontre mademoiselle ?

Je reposais mon verre, essayant d'analyser sa voix, elle me semblait familière sans pour autant être celle des toilettes.

— Il s'y passe parfois de drôles de choses vous savez ? reprit-il.

Troublée, je répondis :

— Vous y avez peut-être participé ? Seriez vous l'un des acteurs du spectacle auquel j'ai assisté ?

Il éclata de rire en rejetant la tête en arrière. J'en fus presque vexée ne comprenant pas ce qu'il y avait de drôle. Une femme qui était assise non loin et qui nous observait depuis un moment se leva et approcha.

— Voyons John ! Cessez de torturer cette jeune femme.

— Vous avez raison Stella. Sachez mademoiselle que je ne peux malheureusement pas être cet homme, car voyez-vous je me déplace sur roues...

En disant cela il recula de sa place et je pus voir qu'il se trouvait sur un fauteuil roulant. Ses jambes amaigries par l'inactivité ne pouvaient certainement pas le porter. Je fus gênée et bredouillai quelques excuses maladroites. Il reprit son sérieux et avec douceur déclara :

— Ce n'est pas vous qui m'avez privé de mes jambes, en aucun cas vous n'avez à être désolée et puis je dois avouer que je trouve cela flatteur que vous ayez imaginé que je sois l'un des acteurs de ce "spectacle".

Il avait insisté sur le dernier mot en me faisant un clin d'œil. Je rougis malgré moi. Mon frère intervint à ce moment là et demanda de quel spectacle nous parlions. Je ne lui répondis pas laissant mes interlocuteurs se dépatouiller de la situation. John noya le poisson et je me retins de rire.

Plus tard dans la soirée, Diego s'éloigna pour échanger avec quelques artistes et agents. La jeune femme qui avait pris la place d'Emy, s'adressa à moi sur le ton de la confidence :

— J'espère que mon partenaire et moi vous avons diverti tout à l'heure.

Voyant que je fronçais les sourcils ne comprenant pas son allusion, elle ajouta à mon oreille :

— Dans les toilettes...

J'écarquillai les yeux de stupeur. Je jetai un œil discret à ses chaussures. Noires, à talon aiguilles et semelles rouges.

— Vous ?

— Oui. Je fais partie d'un groupe très sélect qui profite des plaisirs de la chair sans s'attacher avec des sentiments. Parfois certains tombent amoureux, mais ce n'est pas le but de ce site de "rencontre".

— Ah et quel est-il ?

— Pouvoir s'envoyer en l'air avec des personnes sans risque de se faire avoir par des personnes intéressées et mal intentionnées. J'imagine que vous devez y être confronter parfois avec un frère comme le vôtre.

— Si encore ce n'était que parfois ! répliquai-je amère.

— Tenez.

Elle me tendit une carte noire et rouge avec l'adresse du site et un code au dos.

— On ne peut accéder au site que sur recommandation. Discrétion oblige, vous comprenez ?

— Oui je comprends, mais pourquoi moi, enfin pourquoi me recommandez-vous ?

— Vous me plaisez. J'aime comment vous avez réagi au "spectacle", vos joues rouges et votre délicieux décolleté en sont la preuve. Et puis plusieurs de nos étalons présents ce soir vous ont remarquée.

— Vous voulez dire que le spectacle était prévu pour moi ?

Elle ne répondit pas mais sourit malicieusement. Je rangeai la carte et précisai :

— Je ne vous promets rien. Je suis troublée par tout cela, je..., j'ai besoin d'y réfléchir.

— Bien entendu ma chère. Vous pouvez toujours vous connecter et poser toutes les questions que vous voulez. Cela n'engage à rien si ce n'est de la discrétion sur le sujet.

J'acquiesçai comprenant sa requête et elle changea aussitôt de sujet. Je compris rapidement pourquoi quand mon frère revint vers moi. Il me fit comprendre qu'il était temps de rentrer. J'étais un peu déçue, pour une fois que je m'amusais ! Je saluais mes voisins de table, notamment John qui me fit un nouveau clin d'œil lorsqu'il déclara avoir hâte de me revoir.

Diego me laissa quelques minutes plus tard, avec un simple salut. Pensive, je me dévêtis et ce fut en tenue de nuit, une tasse de tisane à la main que je regardais la carte que j'avais reçu ce soir au gala. Elle était vraiment jolie, sobre et délicate. Je me fis la réflexion que mes deux "acteurs" portaient du rouge et du noir sur leurs chaussures, l'un avec ses lacets, l'autre sur ses semelles. Je souris au souvenir de la conversation à mots couverts avec John et Stella. Ce fut vraiment un moment charmant quoiqu'un peu gênant. Je repensais à cette scène surréaliste dans les toilettes et je laissais mon esprit dériver m'imaginant cette fois à la place de Stella, prise par derrière contre la porte des toilettes par un étalon viril. Je sentis mon intimité pulsée et rapidement j'en envie de me caresser. Une main sur un sein, malaxant le téton dressé je glissais l'autre entre mes cuisses qui s'étaient ouvertes. Je pus constater que cela me faisait de l'effet, j'étais trempée et si j'avais eu un mâle sous la main, je me serais directement empaler sur son sexe. Mes doigts s'activèrent sur mon clitoris gonflé et je glissai ensuite deux puis trois doigts en moi. Bien que ce ne soit pas confortable et que mes doigts ne soient pas assez longs, je jouis vite. Ce fut délicieux. Rien d'extraordinaire mais juste ce qu'il fallait pour étancher ma soif de luxure. Je posais la carte près de mon ordinateur me donnant jusqu'au lendemain pour décider de son sort et du mien par la même occasion.

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