Chapitre 15 : La fin de l’été

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Contrairement à ce que je pensais, le séjour de Na-chan fut plutôt calme. Yuna était parti pour son camp d’entraînement et n’ayant pas encore de petit boulot, elle a, et je la cite, « profité un maximum de son cousin préféré ! ». En même temps, quand on connaissait les autres, ça ne devait pas être très difficile…

Nous traînions tous les jours dehors à errer dans Tokyo, à prendre photos et selfies dans divers endroits pour ses réseaux sociaux. De ce que j’y constatais, elle jouissait d’une certaine popularité : pour les filles, elle était un point de repère pour les dernières tendances et pour les garçons… Disons qu’ils étaient plus intéressés par la personne. Le physique de la personne.

-Hé ! Ils sont pas tous comme ça ! Certains sont adorables et me soutiennent ! déclara-t-elle pour protéger sa fanbase.

-Si tu le dis…

En tout cas, ses fans semblaient aussi avoir la fâcheuse tendance à vouloir en savoir trop sur elle. Parce qu’en postant des photos de son séjour à Tokyo, nombreux ont été ceux qui voulaient savoir qui j’étais et si j’étais son copain. Rien que l’idée l’a fait éclater de rire et je lui ai dit de régler ça rapidement avant que je ne m’énerve ! Une courte vidéo plus tard et c’était réglé.

Le soir, elle était trop éreintée par ses journées et ne veillait pas trop. Généralement, nous parlions un peu après le dîner puis elle allait se coucher. C’était souvent à ce moment-là que Yuna m’envoyait un message ou m’appelait pour prendre de mes nouvelles. Parfois, quand elle était sûre d’être seule, elle m’envoyait des photos. Et souvent, des photos osées…

Que je conservais bien à l’abri dans un dossier caché de mon ordinateur.

Pour mon usage strictement personnel.

Je restais un ado influençable par ses hormones.

Parfois, je recevais un message de Saya. Nos échanges étaient plutôt courts, comparé à Yuna. Elle prenait surtout de mes nouvelles. En revanche, elle m’envoyait aussi des photos d’elle. Vu ses compositions, elle pourrait aisément se lancer dans la photographie. Et elle savait faire ressortir sa beauté…

Saeko aussi m’envoyait des messages. Eux aussi pour prendre de mes nouvelles. Mais à quelques reprises, elle m’a demandé si elle pouvait passer me voir pour parler de vive voix. Malheureusement, je lui expliquais que j’avais de la visite toute cette semaine mais qu’après, pourquoi pas…

Le jour du départ de Sa-chan de Tokyo, je l’ai raccompagné jusqu’à la gare. Elle était chargée de ce qu’elle avait acheté ici et encore, on avait fait le nécessaire pour faire livrer le reste chez elle.

-C’était super, ce séjour ! Surtout avec toi, Shû-chan. En récompense, je t’autorise à m’embrasser ! Sur la bouche !

-C’est pas drôle…

-Héhé !

Sans gêne, ce fût elle qui m’embrassa. Sur la joue. Quand même.

-Tu devrais passer à Sendai, un jour ! me dit-elle avec entrain.

-Pas si je dois me coltiner les autres…

-Hahaha ! Oui, c’est la seule ombre au tableau… Eh bien, on reste en contact, alors. Et prends soin de ta chérie !

Nous nous sommes dit au revoir sur le quai et je suis resté jusqu’à ce que son train disparaisse de mon champ de vision. La « tempête » Na-chan était passée mais elle ne fut pas si terrible que je l’imaginais.

En quittant la gare, j’ai reçu un message de Saeko sur mon téléphone.

(Je lui avais dit que Na-chan rentrait chez elle aujourd’hui. Elle est au taquet !)

Elle me demandait si elle pouvait venir me voir. Maintenant. J’avais l’impression que c’était urgent pour elle. Avant, j’aurai hésité à accepter, étant donné nos antécédents, mais maintenant…

Je lui ai dit que je n’étais pas chez moi mais que j’y serais dans une vingtaine de minutes et l’ai invité à me rejoindre d’ici là.

En arrivant devant ma porte, Saeko était déjà là. Joliment vêtue. Ce qui était inhabituel. En me voyant arriver, elle a un peu rougi.

-Quoi ? me fit-elle en étant sur la défensive.

-Rien. J’ai juste pas l’habitude de te voir en jupe… Courte, en plus.

-Profite parce que ça durera pas !

-Oui, oui…

J’ai ouvert la porte et l’ai invité à entrer. Pendant qu’elle prenait place au salon, je nous servais à boire un peu de thé glacé.

-Et ? Tu voulais me parler de quelque chose ?

-En… quelque sorte, me fit-elle en regardant un peu partout. Je… HYAAA !

Son cri de surprise (et mignon) était dû à Kurô qui était venu se frotter contre sa jambe, avant de pousser un petit miaulement.

-T’en fais pas. Il mord pas, contrairement à toi, lui ai-je assuré en lui donnant son verre.

Elle m’a lancé un regard noir et a bu silencieusement son thé.

-Je disais donc, reprit-elle. Je… voulais savoir comment ça se passait.

-De quoi ?

-T’es bête ou quoi ? Avec Saya et Yuna !

-Oh ! Bien… Yuna a eu un petit doute mais on s’est expliqué. Saya, on se voit souvent mais on ne fait pas toujours… ça. Sinon, elle se contente de m’écrire.

-Je… Je vois.

Elle rougissait encore et ne me regardait pas dans les yeux.

-Tu… Tu as prévu quoi, pour le reste de tes vacances ? enchaîna-t-elle.

-Un petit boulot. Pour rembourser une partie de l’argent que ma mère m’a prêtée. J’ai peut-être quelque chose. Je passe un entretien demain.

-Je vois… Tu seras donc occupé pour le reste des vacances.

Elle semblait un peu déçue et moi, je commençais à comprendre pourquoi elle voulait me voir. J’ai alors décidé de jouer là-dessus :

-Qui aurait cru que tu aurais tellement envie de me voir, maintenant…

-La ferme ! Tu en profites beaucoup, je trouve, depuis le Havre !

-Tu m’as beaucoup sollicité, il faut dire. Plus que Yuna.

-Yuna, c’est pas pareil !

-En quoi c’est différent, avec moi ?

-Tu le sais ! Je préfère les garçons !

Elle a fortement rougi avant de me taper le bras, alors que j’éclatais de rire en la voyant dans cet état.

Son visage était à présent face au mien. Plus de trace de colère. Juste une légère gêne. Moi, je continuais de la fixer. Je savais qu’avec elle, il fallait lui laisser faire le premier pas. Lentement, elle a rapproché son visage… et m’a embrassé. Je ne savais toujours pas si c’était en général ou qu’avec moi, mais ses baisers, même au Havre, étaient maladroits. Quoiqu’avec Saya… Mais ce décalage entre ça et son caractère habituel lui donnait un côté mignon qui me faisait sourire. Ce qu’elle remarqua bien vite.

-Qu’est-ce qui te fait rire ? me demanda-t-elle en me donnant un coup de poing sur l’épaule.

-Ta façon de m’embrasser.

-Ta gueule ! Ça te dérangeait pas, en France !

-J’ai pas dit que ça me dérangeait…

-Tu m’énerves ! Tu vas vraiment continuer comme ça jusqu’à la fin des vacances ?

-Avec toi ? Sans doute.

Elle était devenue rouge. De colère.

(Ah, ce que c’est bon, de l’énerver…)

Alors qu’elle était sur le point de recommencer à me taper, je me suis approché d’elle et lui ai murmuré quelque chose à l’oreille, comme dans ce film que j’avais regardé avec elle lorsque nous sommes allés au cinéma rien que tous les deux. Elle a de nouveau rougi. D’embarrassement. D’un hochement de tête, elle a acquiescé à mon idée. Je l’ai alors guidé jusqu’à ma chambre…

Avec Yuna, au début, j’étais doux et à mesure que notre relation évoluait, je devenais… Selon ses mots, pas les miens, j’étais devenu plus « sauvage ». Ce qui ne la déplaisait pas, bien au contraire.

Avec Saya, il fallait jouer la douceur, pour débuter. La suite, cela dépendait de son humeur. Et ça me faisait mal au dos quand elle était joueuse…

Avec Saeko… Parfois, on le faisait comme si nous étions ensemble. D’autres fois, elle se montrait plus soumise et d’autres encore, elle prenait les initiatives.

Nous y sommes restés jusqu’en début d’après-midi, la chaleur, la fatigue, la faim et la transpiration nous ayant arrêté. Elle a emprunté la salle de bain pour se laver puis, quand se fut mon tour, elle en a profité pour se rhabiller. Je lui ai proposé de rester déjeuner, chose qu’elle accepta. Durant tout le repas, il ne prononça presque pas un mot. J’avais l’habitude, maintenant. C’était toujours comme ça, quand c’était entre nous. Après tout, nous n’étions pas « amis » ni « amants ». Seulement des « camarades de classe ». Avec des bénéfices temporaires. Du moins, c’était ce que je croyais.

Après ce repas partagé et une vaisselle faite, j’ai raccompagné Saeko à la porte. Je voulais la raccompagner jusqu’à la gare mais elle refusa.

-Hé, Ni… Shûhei.

-T’as encore du mal à m’appeler par mon prénom ? Nishiyama, ça me convient, tu sais.

-La ferme !

-Encore la violence, pour cacher ta gêne… Ça commence à devenir lassant…

Elle rougit un peu puis me demanda :

-Comment… je suis ?

-Hm ? De manière générale ou au lit ?

-Les deux.

(Non mais je plaisantais quand je demandais « au lit ». M’enfin…)

-Au lit, tu es déchaînée…

-C’est une bonne ou une mauvaise chose ?

-Oui.

-… Tu m’énerves.

Je lui ai montré un sourire satisfait.

-De manière générale, ai-je poursuivit, tu peux te montrer sympa mais franchement, faut te supporter !

-Hm.

Elle joua un peu avec ses cheveux, pensive, puis me demanda, de but-en-blanc :

-Quand on retourna en cours, est-ce que ça te manquera ?

C’était… une question qui méritait d’être posée. Certes, mon amour était exclusivement pour Yuna, mais je serais un menteur si je disais que ces expériences sexuelles avec d’autres filles ne m’avaient pas plu. Et du peu que j’ai pu voir, ces nouvelles expériences ne déplaisaient pas à Yuna, même si elle préférait son Shûhei. Compréhensible.

(Autant être honnête…)

-Oui, ça me manquera un peu…

Ce fut rapide mais j’ai cru voir un sourire. Elle m’embrassa alors la joue puis s’en alla, non sans me dire que je pouvais lui écrire sur LINE pour discuter.

(Je me demande si elle restera aussi amicale à la rentrée…)

J’ai finalement commencé mon petit boulot de caissier à mi-temps dans une supérette à mi-chemin entre chez moi et le lycée. Apparemment, ma candidature tombait à pique car ils manquaient de personnel. Du coup, ils m’ont engagé moi… et une autre fille que je trouvais insupportable.

Une pile électrique sur pattes, du nom de Kaminari Karin. Bruyante, exubérante, exaspérante et provocante. Au point où, après deux jours, le manager était tenté de la virer. Elle n’embêtait pas les clients. Au contraire, elle était très professionnelle en leur présence. Mais avec les collègues… Mais pour le bonheur du manager et mon malheur, il s’avéra qu’elle était aussi une élève du lycée Hoshi, en première année. Ce qui faisait de moi son senpai dans les études et le manager se servit de cette excuse (pitoyable) pour me forcer (Oui, oui. Il n’y a pas d’autres mots !) à l’encadrer.

-Je compte sur toi pour m’encadrer, Senpai ! dit-elle en me faisant un clin d’œil charmeur, qui avait tout l’effet inverse sur moi.

(Pense à l’argent, Shûhei… Pense à l’argent !)

Pour le reste de l’été, je travailler l’après-midi et on m’avait dit que si je continuais avec un bon état d’esprit, ils pourraient me garder même après la rentrée. En repensant à mes obligations en tant que délégué qui allaient bientôt revenir, je voyais mon temps libre disparaître un peu plus… Et l’autre idiote qui me faisait du rentre-dedans durant les pauses, juste pour s’amuser ! Si je ne me retenais pas, elle s’en saurait pris une belle depuis longtemps !

Une semaine s’était écoulée.

Yuna était venue me voir au travail avec sa copine Mimura. Cette idiote essayait de ne pas éclater de rire devant la qualité irréprochable de mon service. Elle rigola moins en voyant ma jeune collègue. Plus tard, elle m’écrivit qu’elle soupçonnait Kaminari de vouloir plus qu’une relation platonique entre kôhai et senpai. En même temps, Kaminari et la subtilité, ça faisait d’eux. Et elle ne m’attirait pas, de toute façon…

Vers la fin de l’été, j’ai emmené Yuna assister à un feu d’artifice. Exceptionnellement, nous étions venus avec nos amis au complet, avec quelques invités. La seule fois de l’été où nous nous étions tous rassemblés. Saya et Saeko sont surtout restées entre elles. La collégienne qui traînait souvent avec Ueda le collait comme un pot de colle. Tanzaki ne me collait plus autant qu’avant, mais maintenant, son attention était surtout centrée sur Yagi. Malheureusement, Kaminari s’était incrusté et le pire, c’était qu’elle s’entendait facilement avec les autres. Surtout, à ma grande surprise, avec Masauchi… Serizawa restait fidèle à lui-même et tentait de séduire toutes les filles de la bande. Toutes. Tanzaki et Kaminari n’étaient pas insensibles mais n’étaient pas d’humeur à plus que de la drague… Saeko le rembarra avec violence et Saya… resta ambigüe. Yuna s’était contenté de lui tirer la langue et de me coller un peu plus dans son beau yukata fleurie qu’elle avait acheté pour l’occasion. Et avec sa poitrine qui débordait…

Si ça n’avait tenu qu’à moi, j’aurais planté les autres ici pour emmener ma copine dans un coin plus tranquille pour des baisers fougueux voire plus. Mais il fallait que je me tienne. Et que j’arrête de penser avec ce que j’avais dans le pantalon.

Enfin, ce fut une belle soirée amusante quand même.

J’ai finalement contacté cette Amy Jones, pour que nous fixions notre rendez-vous. En accord avec nos emplois du temps, nous avions convenu de nous voir la veille du dernier jour des vacances. Le dernier jour, je l’avais réservé pour autre chose…

Nous nous sommes donnés rendez-vous devant la statue d’Hachiko, à Shibuya. J’étais venu un peu en avance mais elle est arrivée peu de temps après.

-Hey, handsome !

Je ne l’avais vu qu’une seule fois et m’avait fait forte impression. Peut-être parce qu’avant de venir à Tokyo, j’avais vu peu d’étrangers. Mais à cet instant, sa deuxième impression avait eu l’effet d’une bombe. Yuna et Saeko pouvaient s’habiller, en cet saison, de manière sportive ou légère mais jamais vulgaire. Jones avait opté pour une tenue qui mettait en valeur sa silhouette, tout en dévoilant de manière excessive (selon mes goûts) sa peau, à tel point que tout le monde la remarquait. En bien comme en mal.

-Tu as l’air encore plus mignon que la dernière fois, me dit-elle dans un japonais presque parfait.

-Et toi, tu as l’air plus sournoise qu’à notre rencontre.

-Je vais prendre ça comme un compliment. Au fait, ma tenue te plaît ? Je l’ai choisi exprès pour toi.

-Un poil provocante et limite exhibitionniste.

-Oh, tu exagères…

Comme si de rien n’était, elle s’est mise à poser comme un mannequin pour me faire du charme. Je mentirais si je disais que j’y étais insensible et à en juger son expression faciale, elle le savait très bien. Avec un sourire narquois, elle m’a attrapé le bras et m’a traîné en premier dans un game center pour faire quelques parties sur quelques bornes d’arcade. Je n’étais pas un expert en jeux vidéo de manière générale et me prendre une déculottée n’avait rien de si surprenant, mais ma fierté en a quand même pris un coup. Après une énième défaite, elle est venue m’enlacer par derrière et me narguer fièrement. Pour pousser la provocation plus loin, elle a été jusqu’à m’embrasser la joue devant témoins. Je me suis vite dégagé mais ma réaction énervée semblait plus l’amuser qu’autre chose.

Pour midi, je l’ai emmené manger des grillades. Une occasion pour parler au calme.

-Depuis quand tu as Yuna dans ton collimateur ? lui ai-je demandé en posa ma viande sur le grill.

-Tu es du genre direct, toi, dit-elle en riant.

Elle mit un petit morceau de viande dans sa bouche et j’étais quasiment sûr qu’elle l’avait avalé directement.

-C’est simple, continua-t-elle avec un air plus sérieux. Quand je suis venu à Tokyo pour mon échange scolaire, je me suis renseigné sur les joueuses locales qui s’étaient faites un nom depuis au moins le collège. J’ai fini par les connaître toutes avant de venir dans ce pays, sans exception. Puis, peu après mon arrivée, j’entends parler de cette joueuse qui a fait forte impression au tournoi de l’hiver dernier. Nanahara Yuna. Les journalistes sportifs la pointent comme étant une joueuse à suivre et sa réputation ne fait qu’augmenter. Tu dois être au courant, non ?

En effet, sans suivre assidument l’actualité sportive au niveau lycéen, on parlait çà et là de joueuses de basket qui semblaient avoir un avenir brillant dans le domaine. Et le nom de Yuna commençait à revenir de plus en plus souvent. Elle travaillait dure pour s’améliorer et pouvoir passer professionnel, un jour.

-Tu la vois comme une pierre sur ton chemin ou quelque chose comme ça ? lui ai-je demandé.

-Ouh là, pas du tout ! s’écria-t-elle en rigolant.

Tout en profitant de son repas, elle poursuivit :

-Tu sais que je l’ai défié, non ?

-Oui.
-Elle n’était pas la seule. Depuis mon arrivée, je suis allé dans quelques lycées de la ville, pour affronter en duel des joueuses qu’on disait prometteuses. Je t’épargne les détails mais j’ai été assez déçue. Puis, je rencontre ta copine.

Après avoir fini son bol, elle posa délicatement ses baguettes et me regarda avec tout le sérieux du monde :

-En jouant contre elle, j’ai senti une différence comparée aux autres. Légère, mais présente. Malgré les provocations et la pression que je lui ai mise, j’ai vu quelque chose en elle que je n’ai vu que chez peu de joueuses qui méritent mon intérêt. J’ai trouvé un diamant brut et j’attends avec impatience qu’il soit taillé.

Plus que de la joie, je voyais de l’excitation dans son regard, lui donnant un air dément.

-Et qu’est-ce que je viens faire, dans tout ça ?

-Au départ ? Tu étais un moyen de pression, sur l’instant présent. Pour la faire sortir de ses gonds. Mais cela n’empêche pas que je te trouve tout de même mignon.

-Merci, je suppose…

Après déjeuner, j’ai payé et nous sommes parti. Amy a voulu qu’on se promène tout simplement en ville, tout en me tenant le bras pour faire croire que nous étions en couple. J’étais à la fois agacé mais aussi gêné. Je repensais à ce que m’avais dit Yuna, lorsque nous étions revenus de France. Je lui avais dit qu’il ne se passerait rien entre elle et Jones mais honnêtement, si je n’avais pas un minimum de volonté, je pense que j’aurais craqué.

Mais cette volonté était mise à rude épreuve. J’ignorais ce que valait vraiment Amy Jones sur un parquet et avec un ballon de basket en main, mais je ne pouvais que lui reconnaître qu’en tant que séductrice, il était très forte.

Avant que nous ne sortions ensemble, Yuna m’avait charmé avec sa personnalité espiègle et sincère. Amy Jones tentait de me séduire avec ses formes et son attitude sexy et provocatrice. Comme Tanzaki, sauf que les attaques d’Amy Jones étaient plus efficaces contre moi que je ne l’imaginais. Était-ce son côté exotique ? Ou le fait que son côté séductrice n’était pas la seule chose qui la définissait ? Je ne savais pas. Et en toute honnêteté, je ne tenais pas à le savoir.

Vers le milieu de l’après-midi, Amy a annoncé qu’elle avait passé une très bonne journée mais qu’elle aimerait aller dans un dernier endroit, avant qu’on ne se sépare. J’avais un très mauvais présentiment et je n’ai pas attendu très longtemps avant que cela ne se confirme. Dans un murmure séducteur à mon oreille, elle m’a partagé son souhait d’aller dans un love hotel. Avec moi. Est-ce que j’ai accepté ? En tant qu’ado esclave de ses hormones et de ses pulsions primaires, j’aurais sans doute accepté sans hésiter. En tant que petit ami, il en était hors de question ! Sa réaction ? Un rire et une déclaration comme quoi j’étais un meilleur gars qu’elle ne le pensait. Notre rendez-vous a pris fin et je l’ai raccompagné à la gare la plus porche. Toutefois, fidèle à elle-même, son ultime provocation fut de me voler un baiser avant de grimper dans son train. J’ai été surpris et honnêtement, je n’ai pas trouvé cela si désagréable. Mais sans doute n’aurais-je pas pensé comme cela sans cette nuit en France et l’accord qui s’en est suivis.

Une fois de retour chez moi, j’ai appelé Yuna. Pour lui dire comment tout s’était passé mais que tout, entendre sa voix.

-Vous n’avez donc rien fait…, dit-elle avec un certain soulagement.

-Je t’avais dit qu’il ne se passerait rien.

-Oui… Pardon d’en avoir douté.

-Pas grave.

-Shûhei… On se voit toujours demain, avec les autres ? Pour le dernier jour.

-Oui. On a commencé ensemble. Ce serait logique qu’on termine ensemble.

-Oui. C’est vrai.

-En plus, tu sembles manquer à Saya. Chaque fois que je la vois, elle te réclame.

-C’est vrai que je ne l’ai pas beaucoup vu depuis qu’on est rentré. Mais je suis occupée. Et puis, moi, j’aime les garçons !

-Tu ne semblais pas pour autant détester ce qu’elle te faisait, en France.

-La… La ferme !

J’ai rigolé puis nous avons discuté un peu, avant qu’elle ne raccroche en me disant qu’elle était de corvée de cuisine ce soir, à la pension.

Demain donc, Yuna, Saya, Saeko et moi-même nous retrouverions et mettrions fin à ce pacte qui nous liait jusqu’à la fin des vacances. Une expérience intéressante mais dont je n’étais pas sûr de vouloir renouveler à l’avenir. Peut-être…

Dans tous les cas, pour demain, je devais être en forme. Mon intuition me criait qu’elles allaient m’épuiser tout au long de la journée…

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