Un souffle de verre, une vapeur brumeuse qui s'évade des cheminées, la lumière vacillante d'un réverbère sous le crépitement de la pluie... Le jour a laissé place à la nébulosité du quartier de mon enfance et un sombre voile balaie les environs. Quelques étoiles brillent à la surface d'un ciel mordu par ses sanglots. Légère mélancolie glissante vers leur flamboyante lumière. Je ne sais pas quelle heure il est, à mon coeur, les aiguilles se sont arrêtées de tourner pour librement penser à ce  qui le fait battre. Quel est le nuage exquis qui semble voler sur la ville ? Sans doute la promesse du lendemain, cette idylle... Eut-il fallu que je flâne dans les rues pour y rencontrer la paix ? Je pose mon doigt sur la vitre pour frôler la buée, qui laisse une trace transparente au milieu d'un champ trouble. La pluie cogne aux carreaux, hurle des mots que je ne comprends pas ; c'est un appel continu, celui qui étreint ma poitrine et celui de tous ceux que la solitude chaque jour abîme. Fenêtre ouverte, larmes dans les yeux, folie déserte, éternel feu. Une étincelle enflamme la brisure des étoiles et se répercute dans cet infini de poussière où personne, jamais, ne se rendra. Mon infini de poussière. La pluie battante et les paroles qu'elle entonne sont les mots que je n'adresserai à personne. Il suffit d'un pas et plus jamais leurs voix en aigue cacophonie ne frapperont mes tympans comme des lames acérées, des brûlures douloureuses, plus jamais la lune ne serait ma confidente, plus jamais les mensonges ne s'écorcheraient sur des sourires artificiels...

Le réveil arrache mon âme à cette nuit sans amour... cette nuit de velours.