Chapitre 4
Roman Boronov, drapé dans un lourd manteau, les mains enfoncées dans les poches, la capuche rabattue sur la tête, patientait devant le Tord-Boyard, un établissement miteux au nom douteux où se réunissaient régulièrement des vieillards rougeauds pour quelques parties de belote entrecoupées de plaisanteries graveleuses et de canons de rouge. La décoration intérieure était d'aussi mauvais goût que le jeu de mots fièrement gravé au fronton. De Patrice Laffont à Olivier Minne, de Felindra à La Boule, partout, posters et encadrés du fameux jeu télévisé couvraient les murs. Les tenanciers avaient poussé le concept à son extrémité en embauchant un serveur nain. À tout bien considérer, il ne manquait que les tigres. La rue longeant le bar était déserte, à l'exception d'un habitant du quartier promenant son chien, silhouette isolée dans l'obscurité du soir. Les véhicules qui stationnaient dans cet axe déjà étroit en faisaient un goulot d'étranglement jusqu'au feu donnant sur le boulevard. Les maisons arboraient des volets clos et devant les portails se dressaient des poubelles noires, ribambelle de menhirs sombres. Une odeur désagréable planait, relents d'ordures ménagères et de pots d'échappements. Les épicéas agitaient leurs bras paniqués sous l'effet du vent et les marronniers tordaient leurs branches nues vers le ciel, projetant des ombres grotesques dans la lueur blafarde des lampadaires. Malgré l'aspect lugubre de la rue, Roman répugnait à pousser seul la porte du bistrot, craintif à l'idée d'être soudain l'objet de l'attention générale. Il restait donc dehors, dans le froid mordant de la fin d'automne, concentré sur les nuages jaillissant de sa bouche à chaque expiration, en attendant l'arrivée des autres.
À mesure qu'avançait l'année scolaire, des groupes s'étaient formés dans la classe de Roman. Chacun possédait son rituel. Pour Enzo Ferretti et sa « bande », cela consistait en une réunion hebdomadaire au Tord-Boyard, le vendredi soir à vingt-et-une heures, pour refaire le monde autour d'une ou plusieurs pintes. Ils avaient choisi leur repaire, malgré son aspect peu engageant, pour sa tranquillité et ses breuvages bon marché. Roman, avec ses difficultés à se lier, était heureux de faire partie de ce petit cercle social. Enzo, son plus proche ami, en était le fondateur et la figure de proue. Toujours prêt à rire, bon vivant et tchatcheur invétéré, l'Italien n'avait pas eu grand mal à rameuter des camarades. Mohamed « Brosse » Saadi, à la barbichette taillée en pointe, dont les plaisanteries toujours inventives pouvaient parfois s'avérer décevantes, faisait partie du cercle, tout comme Maxence « Max » Terrier, le petit brun sec à l'humour piquant. Les deux derniers membres étaient Rachel et Flora, avec qui la joyeuse Américaine avait tissé des liens à force de voisinage scolaire, pour le plus grand bonheur de Roman.
— Salut Roman !
Le jeune homme sursauta et se tourna en direction de la voix, le souffle court. Flora, vêtue d'un long manteau brun élimé aux entournures, approchait d'un pas ample et élégant. Une écharpe beige était jetée autour de son cou et quelques mèches folles lui balayaient le front.
— Euh, salut, répondit Roman en forçant ses lèvres à dessiner un sourire pour dissimuler son embarras.
Une seconde auparavant transi de froid, il sentait désormais le rouge lui monter aux joues. Devançant un silence qui s'annonçait gênant, il reprit :
— Des nouvelles des autres ?
— Non.
— Ah, dommage...
Le jeune homme laissa son regard flotter quelques moments dans le néant. Flora vint s'adosser au mur du troquet à côté de lui, sans mot dire. Roman, peu à son aise, hasarda :
— Tu n'as pas froid avec ce manteau ?
— Non, ça va, répondit sa camarade en jetant un coup d’œil distrait à la faible épaisseur de son pardessus.
Question fermée, réponse fermée, retour du silence. Il n'était décidément pas doué pour mener une discussion, et elle manifestement pas d'humeur loquace.
— Tu sais, Flora, je me suis rendu compte l'autre jour que je n'avais pas encore ton numéro de téléphone.
C'était la première fois depuis le début de l'année scolaire qu'il se retrouvait seul avec elle. Stupéfait de son audace, ses jambes se mirent à flageoler et une goutte de sueur glacée lui roula le long de la nuque. Il avait du mal à maîtriser son envie de fuir à toutes jambes. Flora le dévisageait d'un air calme, mais une étincelle de surprise éclairait ses pupilles.
— Si tu veux, répondit Flora d'un ton neutre.
Elle égrena les chiffres, comme s'il s'agissait d'une formalité.
— Tu ne notes pas ? l'interrogea-t-elle.
— J'ai bonne mémoire, expliqua Roman.
Pour tout autre numéro, cela aurait été un mensonge, mais il savait qu'il retiendrait aisément celui-ci. Pendant que la jeune femme peu prodigue en paroles émettait un « Ah... » dubitatif, il grava cinq fois l'objet de sa quête dans une zone vierge de sa mémoire, prenant grand soin de ne pas exulter de manière visible.
Roman fut sauvé d'un nouvel épisode muet lorsqu'un vrombissement sonore accompagné d'un bref coup de klaxon retentit juste à côté. La bouche de Flora forma un « O » de surprise en découvrant la moto. Un magnifique bolide, tout en nuances métalliques noires et rouges. Peinture rutilante, carter et disques chromés, poignées et pédales ergonomiques, pneus striés en caoutchouc brillant, lignes agressives et racées : un véritable bijou de mécanique italienne ronflant de nouveauté. Le passager descendit et ôta son casque, révélant une queue-de-cheval blonde.
— Hello ! salua Rachel en se précipitant pour serrer les deux jeunes gens incrédules dans ses bras. Le conducteur descendit à son tour. Sa visière coulissa, dévoilant le visage d'Enzo, les joues mangées par une broussailleuse barbe noire. L'ensemble de motard, pantalon et blouson de cuir renforcés, lui donnait une carrure impressionnante qui camouflait son léger embonpoint naturel. Il retira enfin son couvre-chef, décoiffant ses cheveux bruns.
— Enzo, c'est quoi ça ? demanda Roman, interloqué.
— Cadeau du padre !
L'Italien fit un clin d’œil joyeux, et poursuivit :
— Je voulais l'essayer tout de suite, alors je suis allé chercher Rachel.
— That was awesome ! déclara l'intéressée.
— C'est ton anniversaire ? interrogea Flora. Il me semblait que c'était plutôt en avril, non ?
— C'est bien ça. Le 19 avril. La moto, c'est juste un cadeau comme ça...
— Quoi ? s'exclama Roman, estomaqué. Mais ils font quoi exactement, tes parents, pour pouvoir t'offrir ça, « juste comme ça » ?
— Oh, peu importe, non ? répondit Enzo avec un sourire traduisant une légère gêne. Ça ne vous dit pas de rentrer et d'attendre les autres au chaud ? On se les pèle là.
Les filles acquiescèrent tandis que Roman scrutait le motard avec admiration. Il avait habilement changé le sujet de la conversation, et ainsi éludé la question. Toute insistance serait considérée comme malpolie.
Assis sur des chaises bancales autour d'une table en bois recouverte d'une nappe ornée de lilas brodés, les six compagnons enfin réunis sirotaient leur bière en discutant, environnés d'un parfum d'encens. La conversation voletait de-ci de-là, entre de vagues opinions politiques concernant l'élection présidentielle à venir six mois plus tard et les derniers modèles de baskets à virgule. Roman écoutait d'une oreille distraite. Il remarqua que Flora avait le regard figé en direction d'un tableau du père Fouras, peint façon Joconde au milieu de sa vigie.
— Flora ?
La jeune femme secoua la tête, plissa les yeux et fronça les sourcils.
— Je vous jure, j'ai l'impression qu'il m'observe à chaque fois qu'on vient. C'est dérangeant.
— C'est normal, cara mia Flora, déclara Enzo d'une voix caverneuse forcée.
Roman le fusilla du regard, mais l'Italien lui adressa un sourire entendu et poursuivit d'un ton théâtral.
— Qui se lasserait de contempler un si beau visage ?
La jeune femme lui répondit par une moue désabusée. Elle avait l'habitude du faux numéro de charme d'Enzo. Max, de son côté, ne put s'empêcher de prolonger la plaisanterie.
— Moi ! s'écria-t-il en levant la main. Franchement, Flora, je ne vois pas ce qu'il te trouve.
— Je vais t'expliquer, s'interposa Mohamed.
Il mima la réflexion quelques secondes, ménageant son effet, puis prit une voix chevrotante :
— Mon premier indice... La fin de sa phrase s'abîma dans l'hilarité générale.
Un peu plus tard, Rachel se pencha vers Flora et lui chuchota quelques mots au creux de l'oreille. Celle-ci adressa un regard complice à Enzo, l'accompagnant d'un petit balancement de tête. Les trois se levèrent presque en même temps.
— Vous allez où ? demanda Mohamed.
— Oh, on va faire un tour dehors, répondit Flora avec un mince sourire entendu. Tu veux venir ?
— Ah ! Le jeune homme ouvrit la bouche puis la referma. Non, désolé, toujours pas. C'est pas pour moi.
— Max ? Roman ? fit Rachel pour les inviter à leur tour.
Le premier refusa. Roman décida de sortir. Au cours des soirées qu'ils passaient ensemble, les trois s'éclipsaient régulièrement pour partager un joint. Roman préférait ne pas participer à ce petit rituel, refroidi par les discours parentaux parfois stupéfiants sur les dangers de la consommation du cannabis. Il n'aimait pas savoir que ses amis s'adonnaient à ce type de loisir. Il n'appréciait pas non plus qu'Enzo fournisse la marchandise... Mais il en adorait l'odeur. Il suivit donc ses amis à l'extérieur pour repaître son nez des délicieuses volutes.
Lorsqu'ils rentrèrent dans le Tord Boyard, frigorifiés, Max annonça qu'il prenait congé. Les cinq amis se lancèrent alors dans une partie de tarot. Chacun prit connaissance de son jeu. Roman n'avait presque rien en main. Aucun oudler, une dame de trèfle isolée, beaucoup de carreaux dont le roi... La seule chose qui le sauvait était une jolie collection d'atouts. Les enchères furent remportées par Rachel, qui appela le roi de carreau. Roman resta impassible. Il était donc en équipe avec elle, et espéra que le jeu de l'Américaine suffirait à compenser le sien. Le premier pli fut remporté sans encombre par le roi de cœur d'Enzo. L'Italien ouvrit ensuite avec le roi de pique.
— Ambitieux ! réagit Flora. Trop ambitieux... conclut-elle en voyant Rachel rafler la mise d'un atout habilement dégainé.
— Fallait tenter, répondit Enzo en haussant les épaules.
Rachel joua à carreau, espérant découvrir son binôme. Un adversaire coupa sans que Roman pût se dévoiler. La partie allait être compliquée.
Au fur et à mesure des coups, la perplexité et le doute s'installèrent. Les uns se mirent à jouer pour forcer la coupe des autres. Assez vite, Rachel finit par jouer son dernier atout, bientôt imitée par Enzo. Roman, seul à connaître la composition des équipes, fit mentalement un rapide état des lieux de la partie. Son duo possédait peu de points et seulement un oudler sur les deux déjà joués. Le troisième et dernier, le « petit », se cachait toujours dans la main de quelqu'un... Pour espérer l'emporter, il fallait absolument le voler au trio adverse.
Après qu'il eut pris la main, Roman fit mine d'hésiter puis joua sa carte d'atout la plus élevée, priant avoir bien compté.
— Qu'est-ce que tu fais ? demanda Brosse, persuadé d'être dans son équipe. Joue de la couleur, on est maîtres.
— Bof, je ne suis pas vraiment sûr, c'est pour voir, feinta Roman.
Il gagna le pli et rejoua de l'atout. Du coin de l’œil, il vit Flora lui lancer un regard noir. Elle avait compris. La chasse était engagée. Il sourit et elle l'imita, dévoilant un peu ses dents blanches. Lorsque Brosse n'eut plus d'atout, le duel se confirma. Les autres jouaient encore, mais tout l'enjeu était le sort du « petit ». Roman parvenait à garder la main et jouait un atout après l'autre. Flora ripostait, défendant son oudler avec l'énergie du désespoir.
Il ne restait que deux cartes en main. Le trois d'atout et le roi de carreau pour Roman. Dans l'intensité de la chasse, il avait perdu le compte. Tout allait se jouer maintenant. Si Flora avait encore deux atouts, il aurait fait tout cela pour rien et perdrait la partie. Il posa son trois, craintif, et lança un regard en biais à la jeune femme. Celle-ci resta un instant immobile, puis haussa subrepticement les épaules et grimaça.
— Et merde, lâcha-t-elle en faisant glisser à regret le « petit » au milieu de la table.
Roman empocha le pli et lança le roi de carreau sur la table avec un sourire triomphant. Rachel se leva et dansa une gigue improvisée avant de venir serrer son partenaire dans ses bras. Celui-ci n'eut pas le temps de se lever de la chaise et ils basculèrent à la renverse dans un éclat de rire général. Ils se retrouvèrent au sol, leurs visages à deux doigts l'un de l'autre. Quelque chose passa dans le regard de l'Américaine, puis elle se releva, hilare.
— Merci Roman ! Bien joué !
— On a eu de la chance ! Ça s'est joué à un atout ! répliqua-t-il en redressant la chaise.
— La prochaine fois, tu t'en tireras pas aussi bien, maugréa Flora en souriant. Mais oui, bien joué, j'y ai cru jusqu'au bout.
La partie suivante, la jeune femme hérita d'un jeu tel qu'elle parvint, avec l'aide de Brosse, à écraser l'équipe de Roman. Elle tendit le bras au-dessus de la table, un sourire resplendissant en travers du visage.
— Sans rancune hein ?
— Sans rancune, répondit le jeune homme en serrant la main tendue.
Ils quittèrent le Tord-Boyard à la fermeture, vers une heure du matin. Mohamed prit congé le premier puis Enzo proposa à Flora de la raccompagner à moto. Une fois les « bon week-end » rituels échangés, Roman resta en compagnie de Rachel sur le trottoir. Ils marchèrent lentement en direction du boulevard, l'Américaine à trois mètres devant le jeune homme, occupée à consulter son téléphone portable. Après le bon moment passé avec ses amis, Roman se sentait relâché, soulagé de toute tension, délicieusement engourdi par la douce chaleur parcourant ses membres. Il nageait entre l'onctueuse euphorie de l'alcool et la tendre ivresse d'avoir obtenu le numéro de Flora. De la bise automnale, il ne recevait qu'une légère caresse, son organisme entier rayonnant de joie. Le vent avait chassé l'odeur des poubelles. Sous l'éclairage urbain, une fine pellicule d'humidité scintillait sur l'asphalte granuleuse et des ronronnements rassurants de moteurs retentissaient dans le lointain. Les branches des marronniers s'agitaient délicatement pour saluer deux petites étoiles solitaires emmitouflées dans le manteau nocturne.
Après à peine une dizaine de pas, le regard de Roman s'arrêta sur un véhicule stationné à une vingtaine de mètres. Un 4x4 Chevrolet vaguement familier. Où l'avait-il déjà vu auparavant ? Il essaya de se souvenir, en vain. Une ombre le dépassa par la droite, le bousculant violemment de l'épaule, manquant de le déséquilibrer. Avant qu'il ne reprenne ses esprits, il vit une main se refermer autour de son poignet droit ; une main froide aux longs doigts livides, qui serrait avec force. Le jeune homme leva la tête et croisa le regard de l'inconnu. Il fut happé par les yeux globuleux aux iris gris pâle dont les prunelles obscures étaient dilatées de satisfaction gourmande. L'instant dura des siècles. Roman était incapable de détourner la tête, hypnotisé par les pupilles anormalement larges. Enfin, il fit un geste, mais la poigne de l'homme était telle qu'il ne put extraire son bras de l'étau squelettique. Les babines de l'inconnu s'étirèrent, ersatz de sourire, mince fente dévoilant une rangée de crocs jaunis par le tabac. Enfin, le regard inquisiteur se détourna du jeune homme. Ce dernier put alors l'observer. Petit et mince, rien dans sa stature ne laissait présager une telle force. Il avait le teint cireux, une cicatrice en forme de croix sur la partie gauche du front, des cheveux blonds mi-longs rassemblés derrière la nuque, mais une absence totale de sourcils. Il portait un complet noir et une cravate cyan. Ce détail fit tiquer Roman, qui sentit les rouages de sa mémoire se mettre en rotation. Mais avant qu'il ne réussisse à identifier l'homme, celui-ci le relâcha soudain.
— Vous devriez faire plus attention quand vous marchez, jeune homme, murmura-t-il d'une voix sifflante au ton mielleux.
— Hey dad ! s'exclama Rachel.
L'inconnu se tourna vers elle et ouvrit les bras pour l'y accueillir.
— Let's go home, okay ? proposa-t-il à l'issue de l'embrassade.
Il la prit par la main et l'entraîna en direction du 4x4 chromé. Le véhicule démarra et le conducteur klaxonna à l'intention de Roman avant de tourner à droite sur le boulevard.
Roman resta longtemps immobile, incrédule. Rachel avait réagi spontanément, normalement, comme d'habitude. Tout s'était produit si vite... N'avait-elle rien remarqué ? Avait-il rêvé l'entrevue ? Les souvenirs remontaient doucement, trop nets pour être factices. Cette marque rouge sur son poignet, preuve de la menotte inexpugnable de l'Américain, cet avertissement chuintant à peine audible, l'étincelle de faim dans ces yeux fantomatiques, tout était réel. Trop réel. Roman avait la chair de poule, les poils des avant-bras hérissés, l'estomac noué. Un torrent glacé dévalait ses veines. Ses muscles étaient tétanisés, son corps entier tendu en un réflexe défensif inattendu. Il ressentit une légère douleur à l'intérieur de la joue droite, l'explora de la langue, y rencontra un goût métallique caractéristique. Du sang ?
Roman bondit sur place lorsque la porte du Tord-Boyard claqua avec force dans son dos. Il se retourna avec l'envie impérieuse de fuir, puis sentit son palpitant ralentir après analyse de la situation. Le serveur nain du bar terminait son service et marchait vers lui d'une démarche chaloupée.
— Tout va bien, monsieur ? demanda l'homme avec sollicitude.
— Oui, oui, mentit Roman en essayant de dissimuler son trouble.
— Ça n'a pas l'air, mais bon. Dites, je pourrais vous demander une faveur ? Je sais que c'est le thème du bar, et je ne me fais pas d'illusion sur les raisons de mon embauche, mais au fond je déteste l'émission... Votre ami, là, avec les cheveux en brosse, ça vous dérangerait de lui en toucher un mot ? Qu'il arrête avec son « Combien de bières, Passe-Partout ? » à chaque fois... Je m'appelle Paul...
— Oh ! Désolé. Je vais lui en parler, aucun problème.
— Merci. Alors bonne fin de soirée et à vendredi prochain. Et rentrez vous reposer, vous avez l'air malade.
Sur ces mots, Paul passa son chemin, laissant Roman derrière lui. Le jeune homme fit un pas en avant et faillit s'étaler de tout son long tant ses jambes tremblaient.
En route vers chez lui, obnubilé par les ombres ramassées dans les coins des murs, prêtes à bondir, Roman fit de son mieux pour oublier la rencontre et se convaincre qu'il avait paniqué pour rien, mais il avait la fâcheuse impression d'être en danger.
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