32, rue Ballu

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La journée est longue jusqu'à 17 h. Charlie ne finit pas avant 16 h et il me tarde d'aller la rejoindre chez elle. Une sorte de surprise qui n'en est pas vraiment une. J'ai à nouveau cette forte envie de la tenir tout contre moi. Effleurer son corps doux et brûlant du bout de mes doigts. Entièrement nue sous mes caresses, dans mes bras ou blottie contre moi, suppliant de prolonger son plaisir. Mon désir est tel que je n'ai même pas réussi à me plonger dans mon cours suivant, ni même me pencher sur le catalogue d'une galerie d'art italienne mise en ligne.

Quand enfin arrive l'heure convenue, je m'approche et m'impatiente devant chez elle, avant de me lancer à appuyer sur le bouton de l'interphone. Je suis tendu. J'appréhende d'être à nouveau déçu. Qu'elle me repousse ou qu'elle ne puisse pas être là. Ou bien qu'elle soit occupée à d'autres loisirs plus attractifs que moi. Mais c'est bien sa voix qui se répercute et me rassure, à l'instant où la porte s'ouvre. Je pénètre dans le hall.

Avant d'atteindre le bas des marches du perron, j'entrevois une vieille dame au dos voûté sur le point de caresser un chat. J'ai l'impression d'être dans un remake de la Belle et la Bête de Disney. Confronté de plein fouet à la sorcière en début d'animation. Elle m'interpelle d'une voix rocailleuse et directe :

— Qui c'est celui-là encore ? meugle-t-elle. Vous venez tirer la voisine du sixième ou du cinquième ? À moins que ce soit la nana avec son mioche qui braille à longueur de temps ?

— Euh....

— Ça fait que s'tirer la bourre dans ce bousin, ronchonne-t-elle, toujours très tendre avec son matou.

Très détendue. Un peu trop à mon goût.

— Excusez-moi ma petite dame. Je ne comprends qu'à demi-mot ce que vous me dites.

Elle me dévisage de la tête aux pieds.

— Eh bien ! Vous n'êtes pas d'la courtille, vous. Qui c'est la morue qui a mis l'grappin sur vous ? La p'tite blondinette là ? Ou la Marie-couche-toi-là, l'éclopée d'la caboche ?

— D'accord. Bonne journée, Madame.

Elle fait demi-tour et se gargarise en patois méconnaissable à mon niveau de français.

Quand j'atteins le cinquième, Pascal Durand m'appelle pour me convier demain dix heures à l'Atelier Drouot, afin d'identifier le Delacroix non répertorié, et négocier avec le collectionneur du prix de réserve. Une proposition que j'accepte à la hâte avant de raccrocher, bien trop pressé de me retrouver près de Charlie, seul à seule.

Je sonne et elle m'ouvre en petite culotte et t-shirt court, appuyée contre la porte qu'elle maintient ouverte. J'entre sans quitter des yeux son corps, réclamant à être caressé, pétri, mordu et fessé. Je n'ai pas le temps pour la douceur verbale ni physique dans l'état où je suis.

— Bonsoir, lui dis-je en mettant un pied à l'intérieur de chez elle.

— Bonsoir, professeur, répondit-elle avec un sourire radieux, ouvrant encore plus grand la porte.

Je lui dépose un baiser sur la joue, prenant soin de la lui caresser de la mienne. Elle referme la porte derrière moi et me passe devant pour me guider, alors que mon regard s'accroche aux plis de ses fesses qui s'entortillent sous sa démarche.

— J'ai rencontré une dame très bizarre en bas, lui expliqué-je en enlevant mon manteau.

— Oh ! Mamie Renée ? s'écrie-t-elle en le prenant pour le poser sur le bar de la cuisine. Vous n'avez rien dû comprendre à son charabia ? C'est de l'argot. Elle passe sa vie à radoter et s'occuper des affaires des autres.

— Qu'est-ce que c'est qu'un bousin au juste ?

— Une maison close, me signale-t-elle. Parce qu'en fait, l'immeuble est un ancien bordel.

— Donc là nous sommes dans un appartement où il y avait moult passages de ...

— ... michetons qui se faisaient des turbineuses..., ajoute-t-elle en s'approchant de moi, tout sourire, ses bras pendants.

— Plus près, lui ordonné-je.

Elle s'élance en se jetant à mon cou et je la récupère en la tenant fermement par son moelleux croupier, ses jambes autour de ma taille, ses mains s'agrippant à ma nuque.

— Iban n'est pas là ? demandé-je, espérant qu'il ne rentre pas.

— Non je l'ai congédié pour la soirée. Je voulais que l'on soit seuls. Cette fois-ci, j'ai besoin de crier sans retenue, répond-elle, comme si elle avait lu dans mes pensées.

— Indique-moi ta chambre.

Elle me montre la première des portes présente à droite. Je m'y précipite, plus excité que jamais et referme la porte avec le pied, Charlie suspendue à mon cou.

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