Royaume de chat
Il était une fois un empire prospère, à la tête duquel se dressait une impératrice précieuse, mais belliqueuse. Son armée de soldchats était redoutée de tous les pays avoisinants. Fort heureusement, le chat dormant la plus grande partie de sa journée, les petits royaumes des rongeurs et celui, plus aérien, des oiseaux étaient tranquilles de longues heures avant de devoir se réfugier à l’abri de leurs griffes acérées.
L’impératrice gouvernait ses sujets d’une patte pragmatique, s’ils avaient faim, qu’ils chassent, et surtout, que personne ne vienne la déranger pour de stupides querelles de voisinage. Elle était solitaire et n’appréciait guère la compagnie. Les rares sourires qu’elle arborait étaient lorsque son cher cuisinier lui apportait ses plats raffinés et inventifs. Elle les dévorait en quelques bouchées et s’en léchait les babines.
Un matin, le coursier lui apporta une lettre cachetée d’une patte griffue. C’était un vieil ami de passage qui souhaitait la revoir et prendre de ses nouvelles. Elle ne le portait pas tout à fait dans son coeur, il n’était ni roi ni empereur, mais ses moustaches et son œil coquin lui égayeraient son quotidien.
Valet !
Votre grandeur ? s’empressa de lui répondre le petit chat.
Préparez une chambre pour mon invité ! Et informez-en le cuisinier, il mangera avec nous ce soir !
Bien votre majesté !
Et le chaton partit en galopant.
Ils préparèrent la chambre, coussins, grattoir, herbe à chat, un accueil en grande pompe, mais son ami ne venait pas. Agacée, l’impératrice demanda à ce qu’on passe à table sans l’attendre, il mangerait les restes !
Le cuisinier, pour l’occasion, s’était surpassé. Il avait préparé un énorme rat farci. L’impératrice en raffolait. C’était rare d’en trouver de si gros. Elle l’attaqua et engloutit plusieurs bouchées; succulent, tendre et juteux. À la quatrième, elle resta la patte en suspend et leva le museau.
D’où vient ce rat ?
Il trainait aux alentours du château, cet imbécile ne se méfiait pas le moins du monde ! Il essayait de nous attendrir en prétextant un rendez-vous avec Sa Majesté…
Le cuisinier finit sa phrase dans un murmure. Mon Dieu… l’invité…
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