La disparition
Il est là. Il est là devant son bureau et il attend. Le temps passe sans lui, sans un sourire, sans un mot. Il ferme son livre, se lève, soupire. Sans un sourire, sans un mot. Se laver, manger, se brosser les dents, soulever sa couverture. Sans un sourire, sans un mot. Il regarde son lit, soupire, s'y glisse. Sans un sourire, sans un mot.
Demain.
Après-demain.
La semaine suivante.
Le mois d'après.
Sans un sourire, sans un mot.
Se lever, s'assoir à son bureau, ouvrir l'un des livres et travailler. S'y astreindre, tous les jours. Penser ses livres en mangeant. Penser ses livres, en dormant. Penser ses livres en se brossant les dents, en pissant, en chiant, en courant. Sans un sourire, sans un mot.
Demain.
Encore demain.
Encore demain.
Et tous les autres.
Aujourd'hui, il sort. Le bar, les amis, l'alcool, la musique, les bourrades, les accolades, les blagues. Sans un sourire, sans un mot. Il pense ses livres. Elle le regarde se lever, sans un sourire, sans un mot et lui attrape le bras. Le lâche. Il tourne la tête, soupire. Elle le regarde partir sans un sourire sans un mot.
Elle serre les dents et maudits ses livres qui ont volé son sourire. Avant la médecine il était un autre homme. Il riait, dansait, chantait, pleurait, rageait, buvait, riait encore. Il riait tout le temps. En mangeant, en pissant, en chiant. Il riait.
Cet homme-là a disparu.
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