De l'art de faire le bien
Ami, montre-toi prudent envers les princes et les riches barons. Épargne le pape, les évêques et les inquisiteurs. Torture mollement le bas clergé.
Ne laisse pas le blasphémateur risquer l’enfer. Sauve-le. Sauve-toi. Sauve-nous.
Si on t’amène un fou, enferme-le jusqu’à ce qu’il recouvre la raison, alors seulement tu pourras le juger. Emploie la ruse, demeure calme et doux, l’accusé qu’on présente devant toi toujours se révélera coupable. N’hésite pas à user du mensonge, apprends que celui dit au bénéfice du droit est vertu.
Qu’on ne te traite pas de bourreau.
La torture doit rester décente et traditionnelle. Ne l’inflige aux enfants qu’au-dessus de dix ans. N’admets pour eux que des coups de bâton et de fouet. Soumets celui qu’on te confie à la question pour lui arracher des aveux sincères. Respecte bien nos règles. Ne démords pas de sa culpabilité. Il n’en a sans doute pas conscience, à toi de la lui révéler.
Tu œuvres pour guérir, libérer et dire vrai. Si tu n’as su le convaincre du délit dont on l’accuse, use d’assez de charité pour lui laisser une nouvelle chance. Peut-être lui faut-il plus de temps pour comprendre, admettre sa culpabilité, se soumettre.
Son sang ne doit pas couler. Seul le bûcher pourra sauver l’apostat des feux de l’enfer.
La finalité de ta mission sacrée consiste à préserver le bien public, en terrorisant le peuple.
Alors, oui, tu seras bon. Tu connaîtras la béatitude de ceux qui servent, avec humilité, Dieu et son Eglise.
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