23. Le spectacle est déjà commencé
Ysée
Hors de question que je sois aussi énervée par ce qu’il vient de se passer. Non mais, c’est vrai quoi ! Pourquoi suis-je si perturbée par l’échange que je viens d’avoir avec ce con de militaire à la noix qui se prend pour le tombeur de ces dames ? Et pourquoi est-ce que j’ai suivi la folle idée qui m’est passée dans la tête de l’embrasser ? Ma connerie, je ne sais pas où elle me mènera, mais elle semble sans limite ! N’empêche qu’il n’a pas fui ou cherché à me résister et que c’était… juste wow, quoi. Comme si je mettais la clé dans une porte qui mène dans une autre dimension. C’était tellement intense pour moi que j’ai été obligée d’y mettre fin de manière beaucoup plus anticipée que je ne le souhaitais au départ. Et tout ça pour un résultat vraiment ridicule. Je lui rabattu son caquet quoi, dix secondes ? Je peux me féliciter de cette réussite exceptionnelle !
Heureusement pour moi, je n’ai pas le temps de me lamenter longtemps sur mon sort, je suis vite accaparée par tous les détails à régler avant le concert qui a lieu ce soir. Sur scènes, les trois chanteuses irlandaises sont en train d’effectuer le contrôle des micros et de gérer les balances et les retours avec l’ingénieur son à qui elles lancent des œillades appuyées. Je me demande si elles sont venues pour chanter ou pour draguer toutes les queues qu’elles croisent. Ce qui est certain, c’est que leurs timbres sont vraiment extraordinaires et qu’elles nous font déjà le plaisir de nous partager leurs voix d’exception. Avec un talent comme ça, c’est sûr qu’elles peuvent se permettre quelques excentricités.
Alors que je vérifie si les rideaux de scène sont correctement installés, je tombe sur Brenda et Jenna dans les coulisses. Je m’approche d’elles sans qu’elles se rendent compte de ma présence. J’essaie de comprendre ce qu’elles sont en train d’observer et de commenter mais je ne vois que les gardes qui sont en train de se faire un petit brief devant la scène pour se répartir les tâches. Curieuse, je m’approche encore un peu et fais mine de me plonger dans un document pour écouter ce qu’elles sont en train de chuchoter en anglais.
— Quel homme, quand même ! Tu te rends compte de ce qu’il nous a fait vivre ? On n’en a pas des comme ça en Irlande !
— J’avoue qu’il a de l’endurance, des doigts de fée et une langue… Mon Dieu, quel homme ! glousse Jenna.
— Ah oui, ça pour avoir de l’endurance… Dire qu’il a réussi à nous faire jouir toutes les trois ! Même Erin ! Tu crois qu’il serait prêt à recommencer après le concert ? Tu sais, le truc qu’il m’a fait quand il m’a prise par derrière ?
— Oh je ne doute pas qu’il soit d’accord ! Il a adoré nous avoir toutes les trois rien que pour lui, le coquin ! Espérons qu’il ne soit pas trop fatigué après la nuit dernière et la longue journée en cours…
Je me demande de qui elles parlent comme ça et en me penchant un peu, mes doutes sont confirmés. Snow est en train de discuter avec les hommes présents, Julia à ses côtés. Je n’en reviens pas qu’il ait fait ça, la nuit dernière, et qu’il ait recommencé tout à l’heure. Franchement, c’est possible qu’un beau mec comme lui soit aussi doué que ça au lit ? Et qu’il ait fait jouir les trois ? Et qu’est-ce qu’il leur trouve, en plus ? Elles sont trop vieilles pour lui, non ?
— Oups, il nous a captées en train de le mater, non ? Tu as vu ses beaux yeux ? Quand il a joui la nuit dernière, j’ai eu l’impression que j’aurais pu me noyer dans son regard. Quel mec ! Dire qu’il a fallu venir en Silvanie pour en trouver un comme ça !
— Arrête, tu me colles des images bien trop chaudes dans la tête pour que je puisse me concentrer sur le concert ! J’ai l’impression d’être à deux doigts de la combustion rien que d’y penser.
Le pire, c’est que moi aussi. J’imagine trop bien le beau blond en train de faire plaisir à ces dames et ça a le don à la fois de m’exciter de manière un peu coupable et aussi de me révolter. J’espère qu’il sort couvert, le queutard, sinon on va se retrouver avec une troupe de stars malades. Ça serait le pompon !
— Regarde ses muscles ! Ils ondulent, on dirait. Il ne doit avoir peur de rien… J’en ai les hormones qui papillonnent.
Eh bien, tu ne vas pas papillonner longtemps, ma grande, tu as un concert à préparer et je vais m’assurer que tu le fais ! Je sors de ma cachette et m’avance vers elles. Malgré mon manque de discrétion, elles ne se rendent compte de mon arrivée que quand je pose mes mains sur leurs épaules, ce qui les fait sursauter, et je me retiens de sourire, ravie de l’effet de ma petite surprise.
— Eh bien, Ladies, vous êtes en pause ou alors, il y a un souci ? Si c’est le cas, dites-le moi ! Je règlerai ça !
— Oh non, tout va bien, Madame la Ministre ! Cette salle est vraiment jolie, et vous êtes tous aux petits soins pour nous.
Ça, c’est sûr que grâce au Français, on peut dire que l’accueil a été plus que chaleureux. Tu m’étonnes qu’elles en redemandent !
— Je n’ai pas l’impression que tout soit prêt. Vous devriez aller voir si vos tenues sont arrivées ou vérifier encore quelques détails, non ?
— Tout est vérifié, ma Jolie, il faut vous détendre, sourit Brenda en enlaçant mes épaules. Regardez-moi ça, il y a quand même beaucoup plus intéressant à voir que des morceaux de tissu !
— On est ici pour un concert, rétorqué-je, exaspérée. Et il faut que tout se passe bien, alors, Ladies, on se reconcentre sur la musique et on arrête de regarder les jolis culs des agents de sécurité ! Conseil d’amie.
— Oh Ysée, il faut vous détendre, glousse Jenna. Vous devriez jeter votre dévolu sur un beau militaire, ça vous détendrait ! Ces hommes sont juste… tellement intenses !
— Ah ça, il n’y a pas de risque ! Ils ne pensent qu’avec leur queue, ce n’est pas mon style. Mais ce n’est pas la question, il faut qu’on respecte le timing et il est serré ! Alors, allez vous préparer !
— Oh croyez-nous, ils peuvent être focus sur le plaisir de leur partenaire ! On file, oui, mais vraiment, vous devriez vous détendre, vous allez vous faire des rides, ma Jolie !
— Je crois que je serai détendue une fois le concert passé. Tous ces soldats ont réussi à me refiler leur stress.
— Je peux vous assurer qu’une fois à poil, plus aucun stress n’est possible, glousse la blonde, il n’y a plus que du plaisir !
Je fais un faux sourire et les laisse repartir vers leur loge en gloussant alors que je fulmine dans mon coin. Il n’y est pas allé de main morte, Snow, pour les mettre dans cet état. Et quand je pense que je l’ai embrassé ! Non mais, je suis folle, moi. Quand j’imagine tous les endroits où il a dû laisser traîner sa bouche et sa langue, ça me dégoûte. Et en même temps, une petite partie de moi me dit que j’aurais bien aimé être à leur place. Ou avec elles. Mais vu mon appétit sexuel, pas sûr qu’il aurait eu assez d’endurance…
Alors que je retourne dans la salle de spectacle, je constate que les gardes ont terminé leur petit point et qu’ils gagnent chacun un endroit précis dans le bâtiment. Ils ont l’air bien organisés. Stefan s’approche de moi et m’adresse un sourire rayonnant auquel je réponds chaleureusement. Je crois que ce soir, une fois le stress retombé, je vais me donner au colosse qui me dévore des yeux. Deux mètres de muscles, ça doit faire du bien pour se détendre, non ? Et si son engin est proportionnel à sa taille, je ne vais pas m’ennuyer. Mais ma rêverie prend fin quand j’entends une voix qui commence à me sortir par les trous de nez m’apostropher.
— Madame la Ministre, tout est en ordre pour l’ouverture des portes ? m’interroge le Lieutenant en se postant devant moi.
— Non, pas encore, il a fallu que je gère les Grâces qui bavaient devant votre réunion publique. Vous pourriez pas faire ça dans un coin plus discret ?
— Et vous, vous êtes obligée de m’agresser à chaque fois que je vous parle ? Pas très professionnel, tout ça, Madame la Ministre, soupire-t-il. Franchement, parfois je me demande ce qui vous prend, vous êtes bipolaire ou quoi ? Ou tout simplement psychopathe ? Les hormones vous crament le cerveau ?
— Si vous ne savez pas prendre un peu d’humour, le provoqué-je, c’est que vous vous sentez remis en cause dans votre masculinité. Désolée de ne pas être comme ces chanteuses un peu âgées qui vous sautent dessus comme si vous étiez une des merveilles de ce monde !
— Ma masculinité ne semblait pas vous déranger, tout à l’heure, Ysée, ricane-t-il. Il va falloir que je vous trouve un autre petit nom… Miss Coincée, ça ne colle plus. Vous pouvez être une vraie furie. Faites gaffe à ne pas finir comme les Grâces, à sauter sur tout ce qui bouge et partouzer avec n’importe qui !
— Oui, vraiment n’importe qui, ça on peut le dire. Elles n’ont apparemment aucun goût. Moi, à leur place, je sais que j’aurais fait un meilleur choix. Bref, votre mission, c’est de venir m’empêcher de faire la mienne ou quoi ? A ce rythme-là, on ne sera jamais prêts pour ce soir !
— Non, ma mission c’est de vous dire de vous bouger le cul, parce que le planning n’est pas respecté et que ça pourrait créer des failles dans la sécurité. Avec tout mon respect, Madame la Ministre. Je doute que vous vouliez énerver Julia ce soir, elle est déjà sur les dents.
— Non mais vous êtes vraiment impossible, vous ! Vous n’arrêtez pas de me parler de cul et là, c’est de ma faute si on est en retard ? S’il y a des failles dans la sécurité, ce ne sera pas ma faute mais bien celle de votre libido débridée !
— Ma libido débridée ? rit-il en avançant d’un pas. C’est vous qui m’avez sauté dessus, ma belle. Quant au reste, je trouve votre obsession pour ma personne à la fois amusante et questionnante. Si vous voulez qu’on couche, dites-le clairement, ça ira plus vite, hein ?
— Jamais de la vie ! J’aurais trop peur d’attraper une maladie vu où vous laissez traîner votre queue.
Je me fais violence pour ne pas reculer et continuer à le défier du regard. Non, je ne céderai pas à sa volonté toute masculine de domination et de surpuissance.
— On en revient toujours à ma sexualité, vous voyez, s’esclaffe-t-il. Vous êtes terrible. Une vraie Furie ! Allez bosser au lieu de fantasmer sur mon service trois pièces, on ouvre les portes dans vingt minutes. Et faites en sorte que le planning soit respecté à la minute près. Pas de place pour l’improvisation.
Le goujat se permet de me mettre une petite tape sur les fesses et de se barrer avant que je ne puisse réagir. Il m’excède tellement il est imbu de lui-même et tellement il est sûr de sa virilité. En même temps, il peut s’il est toujours en forme après avoir passé la nuit à baiser les trois chanteuses. Je rage, j’enrage même, mais je n’ai pas le temps de gérer son cas. Il a raison sur un point, au moins, les portes ouvrent bientôt et il faut que tout soit prêt. Il ne perd rien pour attendre, mais pour l’instant, place à la musique.
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