Aujourd'hui, je vis une journée de reprise pas comme les autres...

Je ne sais pas ce que j'ai loupé pendant mes congés, mais cela fait moins d'une demi-heure que je suis à mon poste, et déjà, je n'ai aucun doute : j'ai bien loupé quelque chose.

L'ambiance générale a un petit je-ne-sais-quoi d'inhabituel, un soupçon de légèreté supplémentaire dansl'air, des éclats de rire plus appuyés qu'à l'accoutumé, de-ci delà... Rien de flagrant, rien de totalement extraordinaire, ni même de vraiment surprenant... Plus une sensation diffuse d'écart à la norme.

C'est le genre de choses que je repère instantanément, presque malgré moi. Mais comme visiblement, personne ne juge bon de me mettre au courant, je décide de ranger cette potentialité de surprise dans un coin de mon cerveau, et de poursuivre la longue liste des taches impossibles à remettre qui pourtant attendent sagement depuis près de trois semaines.

Je dois aussi recevoir ceux de mon équipe qui ont besoin que j'arbitre leurs dossiers ou que je signe une autorisation, ceux qui ont juste envie de vérifier qu'aucun vilain robot ou alien n'a profité de mes congés pour prendre ma place, ceux qui pensent que l'araignée qui m'a mordue ce début de printemps a pû modifier ma structure génétique, et même ceux... qui ont juste envie de se taper la discute alors que je n'en ai pas franchement le temps...

Je souris, plaisante avec mon humour habituel (qu'aucun robot/alien ne saurait imiter), accepte presque de me soumettre à un test génétique et assure que non, je n'ai pas (encore) les pouvoirs de spider-cochon qui-peut-marcher-au-plafond, tout en m'enquérant des progrès du petit dernier de M. Machin, de l'état de santé du chat de Mme Truc, etc. etc.

Plus important, une demande d'expertise est arrivée pendant mon absence, qui relève spécifiquement de mon champ de compétence ― car je ne suis pas juste un chef d'orchestre, moi aussi je sais jouer de certains instruments, qu'on se le dise !

Je profite du premier quart d'heure à peu près libre qui s'annonce pour partir à la pêche aux infos, direction le bureau d'un collègue Breton au nom de famille imprononçable, mais que j'appelle par son prénom (et ça tombe bien, très sincèrement...)

A peine le temps de jeter mon "Yo, Kevin ! " que l'enfer se déchaine...

― Et en avant ! il ne manquait vraiment plus que toi ! j'en ai ma claque, vraiment vous me faites toutes chier... ça fait des jours que ça dure ! Putain mais changez de disque, quoi !

Et mon Kevin de s'éloigner en bougonnant et en agitant ses mains compulsivement... Je crois bien entendre "je t'en foutrai, moi, des paillettes ! en plus y'a même pas de MacDo, en Corse !" avant qu'il ne disparaisse de ma vue...

Un bon point pour mon intuition, et un triple zéro pointé pour mon imagination, parce que là, je ne vois aucune explication, même farfelue.

Je le suis discrètement (d'abord car cette histoire de paillettes et de MacDo m'intrigue horriblement, et ensuite parce que sans Kevin, je n'ai pas les éléments pour répondre à ma demande d'expertise... Oui, il me reste un soupçon de conscience professionnelle même lorsque ma curiosité me guide, qu'est-ce que vous croyez !) et là, j'assiste à une scène surréaliste, quand une collègue hilare lui balance, avec une imitation d'accent des cités approximative :

― Les caaalculs sont paaas bons... quantesque tu mets des paaaaillets dans maaa vie, Kevin !?!

J'obtiens l'explication quelques minutes plus tard, et si vous êtes un peu plus branchés "youtubeurs, Twitter and Co" que moi, sans doute aviez-vous deviné rien qu'en lisant mon titre, n'est-ce pas ?

Pour les incurieux qui ne vont sur Youtube que pour écouter des chansons en regardant les clips, je partage ci-dessous le lien de la vidéo à l'origine de toute cette histoire...

Et si vous aussi, vous avez un Kevin parmi vos collègues, c'est cadeau :

https://youtu.be/bgOfMDKe2tQ