Yanatjarri regardait le monde de ses yeux sombres.

Un monde sombre.

Un monde qui sombrait.

Sombre, sombre, sombre.

Yanatjarri souriait de son sourire énigmatique.

Un monde énigmatique ?

Un monde qui était perdu.

Perdu, perdu, perdu.

Yanatjarri échappa aux destructions et aux anéantissements.

Un monde anéanti ?

Un monde qui se faisait anéantir.

Anéanti, anéanti, anéanti.

Yanatjarri ne parlait pas.

Elle montrait.

La fin de ce monde.

La fin de tous les mondes.

En détruisant le passé, on détruisait l'avenir.

Mais qui le savait ?

Parmi tous ces grands de ce monde, parmi toutes ces voix qui parlaient au nom de l'humanité.

Qui parlait au nom de l'Humanité ?

Yanatjarri était une vieille femme aujourd'hui.

Ses yeux avaient vu, trop et trop longtemps.

Ses yeux avaient trop regardé.

Sa peau noire, ses yeux noirs, ses cheveux noirs et ses peintures corporelles.

Qui était Yanatjarri ?

Sinon la mémoire de ce monde ?

Et celle de tous les autres !

Yanatjarri ne parlait pas, elle montrait.

L'inanité du système et la folie des hommes.

On l'écouta.

Peut-être, peut-être.

Fallait-il faire des choix avant de tuer le passé ?

Yanatjarri souriait, énigmatique.

Elle souriait toujours lorsque les policiers vinrent l'arrêter.

Trop vieille, trop noire, trop seule.

Mais si mille Yanatjarri venaient s'offrir en holocauste au pied des puissants ?

Alors, on pouvait détruire le colosse aux pieds d'argile.

Être vieux était interdit.

On interdit les rassemblements, de quelque sexe ou de quelque âge que ce soit.

Les groupes faisaient peur.

Être uni devint un crime.