– Tiens Jean-Patrick, vous aussi on vous a demandé de venir le mardi en plus de l’Hebdo du vendredi ?

– Ah, ne m’en parlez pas Raoul-Gonzague ! J’ai bien essayé de négocier, mais la direction des studios s’est montrée intraitable… Il faut dire qu’entre la fin du défi N°2 ce week-end, qui occupe encore beaucoup nos jurés, et le lancement explosif du défi N°3, c’est un peu la panique à bord. Il n’y a pas de cesse dans cette profession. Enfin, c’est surtout ma femme qui n’était pas contente, elle aurait préféré que je lui laisse le choix dans la date, évidemment…

– Évidemment… Mais quand on aime les Jeux ParaOulipiques et la littérature comme nous, on ne compte pas, mon cher Jean-Patrick. Et tenez, pour rendre hommage à l’un de nos anciens confrères, Bernard Pivot, lui aussi en a vu défiler des bouquins sur la deux ! Et il ne les comptait pas, je parie.

– Il n’a jamais été trop fort pour ce calcul, il me semble.

– Non, mais nous à ScribayTV, nous… Ah, un instant, je vous prie Jean-Patrick, j’ai un appel dans l’oreillette…

– Ça doit être une panne de micro dans la pièce du fond.

– Oui. Bien, monsieur. Oui, tout à fait. Non, monsieur, ne vous inquiétez pas. Je lui transmets. Je… Oui, vous pouvez compter sur moi…

– Alors, Raoul-Gonzague ? C’était notre recteur de bonhomme, Jean-Luc Lesmouches ?

– Jean-Patrick… Heu, c’était la direction en effet. Apparemment, ils ont reçu de nombreuses plaintes de spectaliseurs en raison de… Heu, notre humour quelque peu tendancieux et nos contre-pétries amorales pouvant heurter la sensibilité du jeune public…

– Enfin, Raoul-Gonzague, l’amoral a des qualités.

– Jean-Patrick, c’est sérieux, ils nous demandent de nous arrêter, l’audimat est en baisse.

– L’audimat, l’audimat, ce ne sont que des mathématiciens qui s’intéressent aux chiffres débiles, voilà ce que je dis !

– Jean-Patrick, arrêtez cela tout de suite : ils ont évoqué la pince à épiler, rappelez-vous !

– La pince à épiler ? Vous en êtes sûr ?

– Oui, Jean-Patrick ! Et je ne repasserai pas par là avec vous, je vous préviens, une fois, ça m’a suffi.

– Bon, bon. Si notre malice fait de la peine.

– Jean-Patrick ! Arrêtez, vous en faites dix fois trop, bon sang ! En outre, la direction nous rappelle que nous avons attaqué l’émission sans accueillir les lecteurs, quelle honte… Reprenons-nous tout de suite, Jean-Patrick !

– Très bien. Professionnalisme, sobriété, efficacité. Allons-y !

– Bonjour du mardi 27 septembre les Scribayens et scribayennes, c’est l’heure de notre flash spécial des Jeux ParaOulipiques. Vous êtes en compagnie de Jean-Patrick Maurice-Bernard et moi-même, Raoul-Gonzague Paul-Hervé, pour un tour d’horizon de ce week-end et de cette nouvelle semaine très très chargée, n’est-ce pas Jean-Patrick !

– Hé oui, Raoul-Gonzague, les auteurs à avoir relevé le défi N°2 du lipogramme du A ce week-end furent nombreux. Voyez plutôt ! Noëli Thex, avec un sujet très sérieux qui, à travers les mutilations d’un texte, montre comment celles du corps sont d’autant plus lourdes de conséquences. Et puis nous avons lu Héloïse et son mystérieux gardien des murmures et des espoirs, ClaXux avec son conteur qui souhaite nous emmener vers une autre dimension…

– Et j’ai cru comprendre qu’il y avait également des rebelles chez les auteurs, n’est-ce pas ?

– Tout à fait, Raoul-Gonzague, j’ai nommé Arsène, avec son crash d’avion qui contient 2 « A » (!) et ChrisH, qui pousse un cri de libération, au terme d’une enquête avec Hercule Poirot, n’hésitant pas à s’en prendre à ce pauvre Essaime en personne…

– Mais ces audaces plairont-elles au jury, Jean-Patrick ?

– Rien n’est moins sûr, Raoul-Gonzague… Mais avant de passer au défi de cette semaine, il faut quand même donner une mention spéciale à notre dernière concurrente en la personne de Plume* qui a répondu dimanche soir à 23:04, avec une évasion dans un livre d’histoire, à moins que ce soit l’évasion d’une histoire dans un livre… Il était moins une !

– Effectivement et avec ce dernier texte, nous pouvons fièrement annoncer à nos lecteurs rétroéclairés que ce défi N°2 a donc été relevé par un total de 28 auteurs, soit 6 de plus que le défi N°1 ! Bravo !

– 22 775 mots exactement mon cher Raoul-Gonzague, avec un tiercé des « lecteurs qui aiment » qui s’établit à ce jour comme suit : tizef, SlyKing et Essaime, avec respectivement 19, 18 et 16 voix. De quoi donner un gros travail à notre jury que nous embrassons fort encore une fois et qui fait actuellement son possible pour rendre son verdict dans la semaine.

– Merci mon cher Jean-Patrick ! Et juste avant de passé au défi de la semaine, ayons tout de même une pensée émue pour mesdames Natacha Félix et CM Leguellaff qui ne trouvèrent pas le temps ou l’inspiration pour rejoindre les participants de ce défi. Puissent-elles nous enchanter cette semaine : il est question de faire la nécrologie, le portrait d’un artiste Oulipien extraordinaire, le tout en exactement 666 mots avec une référence au nombre Pi… Tout un programme, dites-moi, Jean-Patrick !

– Certes, et laissez-moi vous dire que dans ce défi, nos auteurs se trouvent dans une forme Oulipique ! Dès lundi soir, trois textes avaient déjà été publiés, dépeignant des personnages plus loufoques les uns que les autres… Bien entendu, c’est lessinfoins qui a ouvert le bal ou plutôt qui a remis le couvert justement avec « Jérémie Lecouvert-Illico », dont les Pi morceaux se sont éparpillés sous une rame de métro pour notre plus grand plaisir, puis Patrice Lucquiaud et son « Émile Aklé-Soulaporth », qui fit une chute mortelle en pleine ascension Oulipienne, et l’inénarrable « Illede Notreegluetglu » de Niala92, personnage au Quotient Oulipien extraordinaire qui finit malheureusement qu’avec l’Oulipo sur les os.

– Ah oui, Jean-Patrick, on était bien parti !

– Mais ce n’est pas fini : aujourd’hui aussi nous a comblé d’un festival de loufoqueries pisciacaises (qui est aussi ainsi qu’on appelle les habitants de la ville de Poissy) et de truculents personnages en tous genres : le Pisyllabique de Nog Lhuisne, où l’Elina de son cœur continue à nous charmer de ses poétiques théorimes, même lorsqu’il s’agit de parler d’un mort en laissant « le soir venir comme un câlin oublié », l’interview de LoloCecel où les frères Dogbanof, plein d’énigmes existentielles et mathématiques évoquent une Marie Dech plus hydrostatique que fantomatique, le poète Augustin Pie dont tizef a appris la mort par « Essaimesse », mais qui restera à jamais gravé dans l’Ouliposphère avec ses sonnets Pi en lipogrammes de voyelles et animollusques en tous genres. Et l’hommage à Raymond  Queneau de lala… quel (exercice de) style ! Des références, des chansons, des bisOU-stimuLI-TemPO, c’est nous qui t’embrassons, lala, pour ce texte qui se termine avec Juliette, mettant le grec haut comme dirait Patrice ! Et enfin Nano, qui nous parle avec mélancolie d’une Adèle Désidées qui n’aurait pas pu espérer une meilleure oraison funèbre, oulipienne et pleine d’émotions et de délicatesse. Bref, c’est le feu d’artifice et ce ne sont point nos zygomatiques ou nos cœurs qui vont s’en plaindre !

– Assurément que non, Jean-Patrick ! Essaime me confiait d’ailleurs en coulisse que le niveau de ce défi est déjà tel que la pression lui coupe les touches sous les doigts, pour le moment. Espérons qu’il s’en remettra ! Quant à nous, il est temps de nous dire à vendredi pour l’Hebdo des jeux ! Aux plumes, scribayens ! Sortez vos capuchons ! Grattons, grattons ! Qu’une encre obscure, abreuve nos brouillons !

– Tintintintin !

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