L’Anté-Flash des jeux – Un conseil culinaire ?
– Jean-Patrick, vous rendez-vous compte que ça fait la sixième semaine que nous nous retrouvons sur ce plateau depuis la cérémonie d’ouverture, c’est fou !
– À qui le dites-vous, Raoul-Gonzague ! Pour moi, ça fait si longtemps que j’ai l’impression que je n’existais même pas avant ces Jeux ParaOulipiques, c’est pour dire.
– Et pourtant nous bien sommes là, en ce lundi 10 octobre, avec une joie toujours renouvelée de vous retrouver chères téléscribeuses, chers téléscribeurs, en direct-lecture des studios de ScribayTV pour suivre ensemble les aventures ParaOulipiques de nos auteurs qui tentent, en ce moment même, de sortir du labyrinthe du dernier des 5 défis proposés par Essaime…
– Oui Raoul-Gonzague, et je peux déjà vous dire que nombreux ceux qui se grattent encore la tête devant cette énigme, Essaime y compris !
– Hé bien en voilà une information intéressante, mon cher Jean-Patrick ! Et nous y reviendrons bien entendu dans un petit moment. Mais ne lisons tout de même pas plus vite que l’écriture ! Car il s’en est passé des choses depuis la proclamation des résultats du jury pour le défi N°3. Une semaine et un week-end riche en saveurs et en émotions, il me semble.
– Tout à fait Raoul-Gonzague, car ce n’est pas moins de 22 recettes oulipiennes qu’ont réussi à nous concocter nos meilleurs scribathlètes pour le défi N°4, soit très exactement 6 700 mots et 38 828 nuances de caractères, soit encore 3 textes de plus que pour la nécrologie. La mort laissant un arrière-goût plutôt amer, on comprend l’engouement plus prononcé de nos auteurs pour satisfaire le palais très exigeant du célèbre représentant du guide Michoulipien, en visite sur notre plateforme, j’ai nommé M. Kajeymino de Sangre en personne ! Alors, laissez-moi vous raconter tout cela par le menu…
– Et dites-vous que ça tombe très bien, Jean-Patrick ! Figurez-vous que j’étais invité à festoyer chez des amis oulipiens ce week-end et nous y avons mangé divinement bien : terrine homophonique de canard, palindrome de veau braisé à l’aphorisme de Caradec, julienne de litotes sauce Villanelle, et pour finir, une coupe de boules de neige hypertropes, coulant d’épithalame et rondel de Monkine. Sans oublier le petit Alva pour digérer.
– Ça Raoul-Gonzague, vous me mettez la larme à la rétine avec ces délices oulipiens !
– Oui, sauf que nous allons les recevoir à notre tour d’ici quelques semaines et si d’aventure je pouvais trouver une recette un peu originale dont ils se souviendront…
– Ah, je vois… Hé bien, laissez-vous porter par ces plats, il y a sûrement quelque chose qui vous conviendra. Tenez, si vous voulez surprendre, Romane Rose nous a proposé sa recette de l’oulipidisme incompris, un oulipologue gourmand, à l’encre de crayon et son consommé de ponctuation. Ou si vous préférez quelque chose d’un peu plus corsé, Clo06 nous a dévoilé sa recette créoulipienne de cari camarons au combava, un voyage gustativo-érotique où Oulipe et Créole, dieux des mots et des saveurs s’épousent sur leur lit d’épices, pour une nuit de noces torride…
– Hmmm, j’en salive, Jean-Patrick ! Celle-ci, je me la garde sous le coude pour impressionner mon épouse. Mais pour les amis…
– Amis, amis, est-ce que ce sont vraiment de bons amis, Raoul-Gonzague ?
– Heu, enfin, oui, ils sont très sympathiques, pourquoi ?
– Hé bien parce que si vous receviez, disons des « amis » que vous n’appréciez pas beaucoup, voire pas du tout, Sangre13 saurait vous concocter un plat dont ils ne reviendront pas si je puis dire : l’amanite phalloïde au cœur de nouveau-né. Bien sûr les yeux de rats ne courent pas les rues en ce moment, mais s’agissant d’ « amis », la fin justifie les moyens, n’est-ce pas ?
– J’ai bien connu une Page Blanche un jour, je crois que je lui en aurais servi une ou deux portions, la saleté !
– Attendez, si vos amis sont de fins oulipiens, ils ne résisteront pas aux charmes d’un véritable Brodeur à la Chambord de Matt Curare !
– Ah oui et en quoi cela consiste-t-il ?
– Une vieille « Re 7 » oulipienne, qu’on appelle d’ailleurs « ES 7 » ou S+7 chez les jeunes oulipiens maintenant. Un bon brodeur au Petit Robert, avec ses laitons de carquois et vous êtes assurés d’obtenir les risettes de vos vedettes !
– Pas mal du tout, ça Jean-Patrick.
– Dans un autre style, si vous êtes doué pour attirer les regards de beaux yeux, Suzanne Ville vous montrera une recette qui endormira peut-être la méfiance de vos invités, avec ses Yeux mirettes sauce marchand de sable. Si cela vous intéresse, je connais une adresse où l’on peut acheter de très beaux burnous et pour pas cher !
– Des quoi ?
– Des burnous, vous savez, ce manteau en laine d’origine berbère ?
– Hé bien en fait, vous m’apprenez quelque chose-là, Jean-Patrick. Et ça se digère bien, le burnous ?
– Oui, mais il ne faut pas trop le cuire au risque de le burner sévèrement, si vous voyez ce que je veux dire, dans ce savoureux jeu de mot franco-anglo-oulipien de bon aloi.
– Vous êtes un petit joker, Jean-Patrick ! Mais si on n’aime pas le burnous ?
– Quelque chose de plus croustillant peut-être ? Vous n’êtes pas végétarien au moins ?
– Moi, non, je végète à tout, Jean-Patrick.
– Je vous dis cela parce que la recette que propose Essaime risquerait de ne pas faire l’unanimité chez vos amis s’ils ne sont pas friands d’expériences culinaires atypiques, lisez donc : curry de groin d’âne aux oignons de nonnes, croustillant de gorilles aux pissenlits et son coulipo franc-comtois.
– Ah effectivement, c’est corsé !
– Oui, mais il paraît que le jus d’utérus en contre-pétrie donne un contre-Pétrus du meilleur effet avec le gorille…
– J’avoue que je suis curieux… Mais, vous n’auriez pas quelque chose avec du poisson, plutôt que la viande ?
– Poisson, poisson. Ah si. Et une belle recette d’étoilé oulipien en plus de ça. C’est Nano qui vous la sert, le fameux Pouah son au bourre couillon. Un plat qui se déguste en lapsus, avec son délice d’acrostiches et ses digestifs à répétition. Avec ça, vos invités seront sûrs de ne pas trouver de pouille dans leur cottage !
– Oui, mais j’ai peur qu’ils se sentent trahis ou qu’ils se méprennent sur mes intentions. Vous n’auriez pas quelque chose de plus classique ?
– Si, si ! Surtout vous qui aimez les crustacés, la recette des écrevisses au fenouil de Max-Louis ne peut que vous ravir : servie sur un savoureux acrostiche, un petit chant oulipien en accompagnement et, tenez, si vous n’aimez pas vous salir les doigts, ça tombe bien, car pour la préparer il faut décortiquer les écrevisses sans les mains !
– Ah, je la note celle-là, j’en ai les papilles du cortex qui suintent du jus de cerveau.
– Maintenant, imaginez que vos invités vous fassent faux bond, cela peut arriver, n’est-ce pas ? Hé bien Kiel Kinimo a pensé à vous avec sa recette d’une histoire réchauffée. On ne peut plus simple à préparer, juste à mettre au microonde, avec quelques oublis, c’est idéal pour les plateaux livrés du samedi soir.
– Ok, pas folle la bête, c’est rusé comme Kipix !
– Si vous voulez quelque chose de plus monégasque, voire bretono-monégasque, Nog Lhuisne a revisité la crêpe au blues d’Élina, fourrée aux sentiments. Vous servez ça avec quelques Léo Ferrero Rochers et votre réception sera aussi réussie que celle de l’ambassadeur de la chanson française.
– Et pour le dessert, vous avez une idée ?
– Pourquoi ne pas tenter le fameux Baba à la belladone de mamie Oulip proposée par Sly King ? Si vous amis sont sensibles aux saveurs uniques de l’acétone, ce dessert à la crème onctueuse en pâte de mort aux rats les laissera probablement sans voix.
– Intéressant. Mais plutôt que de les clouer sur place, je préférerais qu’ils soient heureux en goûtant ma cuisine, c’est plus gai.
– Dans ce cas, aucune hésitation, optez pour la recette du bonheur de ChrisH : si vous vous laissez abricoter comme il se doit, vous pourrez tous déguster les mots-cerises sur le gâteau, sans chichi, sans chimère, jusqu’à la dernière miette de vos folies.
– Bigre, ça fait envie, dites-moi… Mais je vois qu’il reste deux recettes, Jean-Patrick, vous avez sûrement dû me réserver le meilleur pour la fin, non ?
– Ah mais ce sera à vous de juger, Raoul-Gonzague. Tout dépend si vous aimez la quiche.
– La quiche ? Mouais, je ne suis pas fan.
– Ça tombe bien, il n’y en a pas dans le plat de Noëli Thex ! À la place, elle propose une recette aux petits oignons qui vont bien. Pas difficile, inratable et qui ne contient que des bons produits : une idée de derrière les fagots, une botte d’aimables carottes et un peu de curry pour assaisonner le tout. Bref, une valeur sûre, comme le pastiche 51 qu’elle préconise en boisson d’accompagnement, à la rigueur un 102 pour les soiffards.
– Ok, par contre il faut quand même les trouver les carottes aimables, parce que je n’ai pas vraiment le temps de les dresser si elles sont revêches.
– Et pour finir, si vraiment vous n’avez pas encore trouvé votre bonheur dans ces plats, je ne saurais que vivement vous conseiller la recette de la pâte du chef de Lala. Du grand art grastronoulipoétique aux dires de certains critiques : un délice aux cinq lipogrammes, sans œufs, sans eau, accompagné d’une jolie fable… « Rien de sévère, rien de cassé, tous en grande forme ».
– Hé bien voilà qui augure d’un excellent repas entre amis, mon cher Jean-Patrick ! Je vous remercie pour vos conseils culinoupinaires avertis. On reconnaît là l’expert que vous êtes.
– Si, si peu, Raoul-Gonzague, c’est que j’aime les jolies choses, voilà tout…
– Oh mon Dieu, Jean-Patrick !
– Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
– Mais regardez l’heure ! On a dépassé la durée normale de l’émission ! Et dire que nous n’avons même pas encore parlé du défi N°5 du labyrinthe !
– Bon bah, ça veut dire qu’il en reste pour un autre Flash, Raoul-Gonzague… Après tout, on peut bien en profiter un peu maintenant que nous nous dirigeons vers nos derniers directs, non ?
– Bien parlé Jean-Patrick, réservons-nous le Flash du labyrinthe pour demain. Sur ce, chères lectrices, chers lecteurs, nous vous souhaitons une bonne nuit, en espérant que toutes ces recettes aiguiseront vos appétits de lecture et d’écriture !
– Gooooooooood Night Scribayennnns !
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