Eh merde, je me suis encore assoupi ! Première chose : je vérifie que rien n'a bougé. A priori c'est bon. Tout est en ordre. Je suis quand même en mauvaise posture. L'autre enflure n'a jamais été aussi près de gagner.
Il resserre son étreinte comme jamais. Je lutte comme toujours. Le bon côté des choses, c'est que cette microsieste, imposée bien malgré moi par la fatique d'une si longue et si complexe bataille, semble m'avoir fourni le regain de force dont j'avais besoin.
J'envoie tout ce qu'il me reste d'énergie pour le repousser. Je sens qu'il fatigue à son tour. Ca recommence à grossir. Andromède a bien failli y passer. Ca m'aurait fendu le coeur. Je donnerais si cher pour que la Voie lactée prenne sa place en bordure d'univers et soit la première à subir le chaos si je devais faiblir.
Là-dedans il y a quand même la seule espèce de l'univers tout entier à oeuvrer de sang-froid pour la destruction de son écosystème. Et c'est à cause d'eux que je dois lutter. Le chef m'accuse d'avoir merdé. J'ai beau lui dire que c'est une goutte d'eau souillée dans un océan de merveilles, il ne veut rien entendre.
« Je dois tout effacer, c'est le protocole. »
Le protocole suppose pour chaque créateur de devoir entamer un bras de fer avec son contremaitre. Or ce dernier tire sa puissance des imperfections de l'univers condamné . C'est ce qui permet de faire le tri.
Pour être honnête, je pensais sauver le mien sans trop de difficultés. Finalement, jamais je n'ai vécu exercice si difficile. Comment ces bestioles, si infinitésimales, auraient-elles pu être suffisemment néfastes à l'échelle de toute une structure pluristellaire, pour donner tant de force à mon adversaire ?
En attendant, je refuse de perdre. Une idée me vient. Ils veulent se suicider ? Je vais les y aider. Qu'elles disparaissent ces vermines !
Le virus semble faire effet, car en un claquement de cil, je sens un relachement inédit du supérieur. J'en profite pour enfoncer le clou et le battre à plates coutures.
Mon univers est sauvé.