Soirée
J'aime pas les fêtes. Tim a dit que je devais arrêter de faire mon asocial et bouger mon cul pour trouver une meuf. S'il suffisait que je remue mon corps pour pouvoir baiser, ça se saurait. Je mise plus sur l'alcool ou, à la limite, le GHB.
Pourquoi j'ai pas dit à Tim d'aller se faire enculer par un cheval ? Pourquoi je me retrouve là, avec la sono en poitrine, à moitié avalé par le canapé, une écocup dégueulasse pleine de bière tiède à la main ?
Parce que je suis qu'un gros con, voilà pourquoi.
Un groupe de filles me regarde en coin, leurs yeux courroucés de mante religieuse en fentes de noyaux de cerise. Elles en veulent à mon gros cul. Pas pour la baise, évidemment, mais parce qu'il occupe pratiquement toute la place. Tim a l'honneur du reste. J'aimerais éclater leurs orbites avec des tessons de bouteilles.
Tim m'enfonce son coude dans les côtes. Il se trémousse d'excitation car deux meufs s'approchent de nous. Je lui rends son coup sans enthousiasme. Je sais ce qu'il va se passer.
Les filles se partagent le fauteuil du coté de Tim en nous saluant. Je dis "Salut" à mon tour mais je n'existe déjà plus.
Les questions s'enchainent, sans que personne ne s'offusque que je ne réponde pas. Je ne prétends plus croire qu'elles en ont quelque chose à cirer. Avant, je me forçais à écouter, à sourire en hochant la tête comme les chiens en plastique à l'arrière des voitures. Maintenant, je me laisse retomber dans le canapé et m'enfile ma bière.
Je chope une assiette couverte de parts de pizzas et la séquestre : ça m'occupera. J'évite de regarder les autres, alors mon regard se perd dans le vide. Je m'emmerde. J'ai envie de les mitrailler tous avec une Kalache. Sauf Tim. Lui, je l'attraperais par le col et le jetterais du balcon.
On est jamais aussi seul qu'au milieu d'une foule qui vous ignore.
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