Le défi

4 minutes de lecture

Vendredi, 19 h.

Lucie rentre du travail, épuisée. Elle s’allonge sur le canapé telle une loque et n’a même pas la force d’allumer la télévision.

Luc débarque en trombe dans le salon.

« Chérie ! Lève-toi ! Mon petit soldat est au garde à vous. »

Lucie, à demi morte, presque tombée au sol, se relève d’une traite et cours rejoindre la chambre à coucher accompagné de son caporal.

Les deux amants excellent dans le plaisir charnel, mais leur rituel préféré reste les confidences sur l’oreiller. Cette fois, comme toutes les autres fois d’ailleurs, c’est l’amour le sujet central. Et plus précisément, les choses les plus importantes en amour.

« La fidélité ! s’exclame Luc

  • Tu rigoles ? Dès qu’une gonzesse un peu goalé passe à deux cents mètres tu la matte.
  • Et à chaque fois, je me la tape en plus !
  • Tu mens ! Aller ! Dis-moi quelle est LA plus importante.
  • La fidélité, répondit-il insistant.
  • Ce n’est pas la confiance ?
  • On vit ensemble !
  • Ah bon ?
  • La confiance, elle, est déjà acquise.
  • Que tu es présomptueux
  • Je ne devrais pas te faire autant confiance ?
  • Je suis incapable de garder un secret.
  • Et ce n’est pas un secret.
  • Tu me fais quand même confiance ? dit-elle
  • Bien sûr, et toi ?
  • Non !
  • Tu as bien raison.
  • C’est tout de même plus apaisant de vivre avec quelqu’un de confiance, non ?
  • La confiance est une histoire d’amitié, l’amour est une marque de confiance bien plus forte.
  • Donc tu as une complète confiance envers tes potes ?
  • Les meilleurs, oui ! »

Férue d’expériences sociales, Lucie propose de tendre un piège aux compères de Luc. Il devra choisir trois amis de confiance et leur soumettre l’idée que Lucie est intéressée à l’idée de coucher avec eux.

C’est sans aucune hésitation que Luc désigne Jérémy, athlète et compétiteur hors pair. Un mec constamment sur la brèche, assuré, et prêt à relever tous les défis. « Il n’y a que la peur qui me fait peur », répète-t-il à longueur de journée.

Puis Frédéric, plus qu’un ami : un gros fêtard. Il est toujours présent, toujours à l’écoute. C’est quelqu’un pour qui l’amitié est une valeur profonde.

Et enfin, Martial, thanatopracteur dévoué. Il aime son métier, mais personne n’a jamais compris pourquoi. Quand il est là, on ne le voit pas. Mais quand il n’est pas là, on sent toujours un courant d’air.

Luc, bien emballé par l’idée, s’empresse d’appeler Jérémy pour lui annoncer la nouvelle. Mais ce dernier n’est pas né de la dernière pluie. Il n’y croit pas. Alors Luc prend le taureau par les cornes. Il invite son ami à dîner et attend que Lucie soit absente pour lui avouer que c’est maintenant ou jamais. Il insiste sur l’excitation incontrôlable de sa compagne envers Jérémy et affirme que la voie est libre. Jérémy, très hésitant, finit par céder et propose à Lucie d’aller plus loin. La manière n’a pas dû être au goût de la demoiselle puisqu’il s’en sort avec une gifle.

Luc prépare le même procédé pour Frédérique, mais lui ne craque pas. Son amitié incontestable l’en empêche. Jérémy entend parler de ce dîner entre le couple et Fred. Vexé par ce coup monté stupide, il décide d’appeler Martial pour lui annoncer qu’il doit absolument tenter sa chance. Il affirme que Luc lui a vendu le même deal et que c’est génial. Petit à petit, il réussit à infuser à Martial l’idée qu’ils vont passer un moment extraordinaire. En parallèle, Luc organise une grosse soirée pour fêter l’été qui arrive. Martial est le premier, alors que Lucie est encore dans la douche Luc présente le marché à Frédérique. Il s’arrête deux secondes et retourne à ses occupations après un « OK » serein.

La musique résonne, les invités se déchaînent, la fête bat son plein. Dehors, le spectre des lumières traverse les volets. Luc attrape Frédérique et le pousse à aller voir Lucie. « C’est maintenant ou jamais » lui annonce-t-il. Frédéric, déjà éméché voire complètement saoul, rejoint Lucie qui s’est isolée quelque temps dans la chambre. Il lui saute dessus. Elle se retrouve prisonnière sous cet amas de graisse, impossible d’y échapper. Les gestes imprécis de Frédérique lui font gagner quelques minutes avant l’irréparable. Il arrive enfin à baisser son pantalon puis son caleçon. Lucie finit par empoigner une paire de ciseaux et lui transperce la gorge. Une effusion de sang couvre le sol. Elle stagne sous Frédéric, car incapable de soulever ce poids mort. Martial entre dans la pièce et reste figé dans le regard de Lucie. Surpris, il lui dit « Je ne pensais pas que tu aimais aussi ». Avant même qu’elle puisse répondre, Martial prend la paire de ciseaux et tranche la gorge de Lucie, puis couche avec elle alors qu’elle baigne dans le sang.

Martial revient dans le salon, le sexe sorti et en sang. La musique se coupe, les invités se figent.

« Qu’est-ce qui se passe ? cria Luc.

- Le sang n’est pas un bon lubrifiant, répondit Martial.

- Qu’est-ce que tu as fait ? lui rétorqua-t-il

– Ce que tu m’as demandé. »

Tout le monde étant désormais au courant du mauvais coup que préparait Luc et Lucie, la musique reprit son rythme et les invités leur dance. Martial s’approche de Luc et lui murmure : « Si tu veux la baiser une dernière fois, c’est maintenant ou jamais. »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire 2Max ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0