Chase se trouvait dans une salle blanche remplie de miroir. Il s'avança près du miroir face à lui. Plus il s'avançait, plus une silhouette apparut dans le miroir. Il continua de s'avancer. Il était enfin face à ce qui aurait dû être son reflet, mais il faisait face au reflet de Fedora.

 Elle était semblable en tout point à celle qu'il a côtoyé et aimé, à celle qu'il a désiré et chéri, mais dans son cœur. Il n'avait jamais pensé à lui montrer qu'il la désirait. La seule fois où il voulait le lui dire, il avait failli lui faire du mal. La Fedora qu'il lui faisait face, cependant, semblait éteinte, vide de toutes émotions. Elle semblait n'être qu'une enveloppe charnelle. Ce qu'elle n'était plus. Chase était apeuré, inquiet.

 Que faisait-il ici ? Face au reflet de la femme qu'il a tant aimé ?

 La Fedora du miroir posa sa main sur le verre et demanda au beau brun de faire de même, et elle lui dira la vérité. Appréhendant, il posa sa main sur la sienne. La glace disparût, la main brûlante de Chase était contre celle glaciale de la blonde. Elle serra la main de Chase, ferma les yeux et cria. Il enleva sa main, et se boucha les oreilles.

 Le cri était non seulement aigu mais aussi très puissant. Tellement puissant qu'il fissura le verre du miroir - qui avait réapparu -.

 Elle sortit, une bouteille de vodka dans la main gauche et une bouteille de whisky dans l'autre. Elle frappa les bouteilles contre le rebord du miroir, libérant ainsi le liquide caramel de l'une et le liquide transparent de l'autre. Elle s'avança vers lui, menaçante, avec les bouteilles d'alcool cassées où l'alcool goûtait. Il se leva, essayant de ne pas marcher sur des débris de verre.

 Elle le prit par le col de son haut et le colla contre le mur. Il se débattait mais elle réussit à le maintenir, en posant son avant-bras sur sa gorge. Elle fit tomber la bouteille de vodka au sol. Elle avança la bouteille de whisky - de la marque Jack Daniels - vers sa gorge.

 Il réussit à se séparer d'elle. Il lui fit une clé de bras, la mit dos à lui et la colla à lui. Il la serra, puis, se souvenant de qui elle était, il la relâcha et la mit face à lui. Il la prit dans ses bras.

 Mais, il n'avait pas prévu que la blonde avait gardé la bouteille sur elle. Elle en prit un morceau, laissa glisser la bouteille. Elle se trancha les veines - encore une fois -. Il vit cela, elle perdait - en plus du sang - ses forces et tombait de plus en plus de ses bras. Il n'arrivait pas à la maintenir.

 Il la supplia de rester avec lui. Il la mit à terre, se mit à ses côtés, lui prenant la tête délicatement ainsi que sa taille. Il lui prît la main ensanglantée et la supplia de rester avec lui. Mais elle mourut. C'est alors que dix Fedora apparut, toutes lui reprochant sa mort. Elles lui montraient le corps gisant de la Fedora du miroir. Chase n'en pouvait plus de leurs cris incessants. Il plaqua ses mains sur ses oreilles et cria. C'est alors que...

 C'est alors qu'il se réveilla. Il transpirait. Ses yeux étaient rouges, son souffle saccadé. Son cœur battait fort, trop fort dans sa poitrine. Il se leva, il enleva le haut de son pyjama et le mit à terre. Il n'en pouvait plus de ces cauchemars à chaque nuit.

 Dès qu'il fermait les yeux, il voyait e corps gisant â terre de la belle blonde. Il revoyait l'énorme entaille profonde qu'avait créé la mare de sang dans sa chambre.

 Le sol en était imprégné. Il essaya de reprendre son souffle, essayant de ne pas fermer les yeux, ne serait-ce qu'un millième de seconde. Il ne voulait pas revoir l'expression dévastée du père de Fedora - ressemblant à Tony Stark par ailleurs - ainsi que celle anéantie de son demi-frère, Lloyd et de son petit frère, Henry, et celle de Grace.

 Grace pleurait contre les jambes de sa mère, s'accrochant à la jupe de sa belle-mère, pleurant contre le tissu noir. Henry pleurait contre celles de son père. Lloyd ne disait rien, il avait la tête baissée, les larmes roulaient en silence. Chase n'aurait jamais imaginé qu'une chose pareille pourrait arriver. Même Ahmès avait été présent. Fedora souffrait d'hypersensibilité, ce qui expliquait beaucoup de choses mais il aurait dû être plus attentif à elle, il aurait dû prendre soin d'elle.

 Ce qu'il a rarement fait. Il se mit à la fenêtre, la mâchoire contractée, les yeux rouges, embués de larmes. Il avait mal. Mal au cœur, au ventre.

 Victoria entra dans sa chambre, alors qu'il était au plus mal. Elle posa une main compatissante sur son épaule, Elle s'en alla, l'informant qu'elle sera là toujours pour lui. Du fond de son cœur, il la remercia.

 L'alarme réveil de l'iPhone du brun s'enclencha. Il partit éteindre l'alarme. Il était encore tôt. Il alla donc prendre une douche, pour enlever la sueur de son corps.

 Après s'être douché, il se vêtu d'une chemise blanche, d'une veste de costume noire où le symbole et le nom de l'université où il étudiait étaient inscrits, il noua à sa chemise une cravate rouge, un pull noir au col en V, un pantalon noir et se chaussa d'une paire de chaussures italiennes noires et cirées. Il se coiffa, fit son sac de cours et sortit de l'appartement.

 Depuis que Fedora est partie, la maison est calme et semble morte.

 Les écouteurs dans les oreilles, musique à fond, il repensa à ce qu'il devait faire en compagnie de ses amis, et de ses vrais amis. En passant devant un magasin de fleurs, Chase aperçut une rose noire où un pétale était d'un violet sombre. Ayant de l'argent sur lui, il acheta la fleur au fleuriste et partit. La rose au pétale violet n'avait même pas de ronces mais il fit attention à ne pas écraser la si belle plante. Il n'avait jamais eu l'occasion d'en offrir une à Fedora, de lui mettre des cheveux sur le côté et de lui mettre la fleur dans les cheveux. Il n'était pas du genre romantique...

 Son université était assez proche d'un cimetière, le seul en ville par ailleurs. C'est pour ça que Fedora est partie se reposer là-bas. Chase regarda sa montre. Il avait encore du temps. Il entra donc dans le cimetière et se dirigea vers la tombe de Fedora. Il déposa la rose sur le marbre de la tombe et déposa un baiser - à l'aide de sa main - sur le nom de Fedora.

 Ses larmes voulaient couler mais il se retenait. Il répéta plusieurs fois la question « pourquoi ? » sans jamais avoir de réponses.

 Cette question lui tournait sans cesse en tête.

 Pourquoi ?

 Pourquoi...

 Parce-que.

 Il reprit ses esprits, il effaça les éventuelles traces de larmes, se donna une claque mentale et reparti à l'université quand il vit une jeune femme, elle était de taille plus grande que la moyenne - un peu comme Fedora -. Cette fille portait une veste à capuche noire, il ne pouvait donc pas voir son visage et ses cheveux.

 Malgré le fait qu'il était un peu attiré par le côté mystérieux de cette fille, il ne cessera jamais d'aimer Fedora. Il reprit sérieux et se répéta plusieurs fois sur le chemin de l'université : « tu es Chase Jones. Tu es le fils d'Amandine et de Michaël Jones. Tu vaux mieux que ça. ». Il se répéta ces phrases en boucle, sachant très bien que c'était faux.

 Dans les couloirs, il croisa Aïden et les autres. Tous lui demandèrent comment il allait. Il ne pouvait pas répondre, dire qu'il allait mal serait un euphémisme et dire qu'il allait bien était un mensonge.

 La sonnerie retentit. Les garçons et les filles entrèrent.

 Ils commençaient par philosophie, il sortit son cahier et son livre. Il se recula un peu, posa son cahier entre son genou - qu'il releva un peu - et la table. Il écrivit tout ce que leur professeur de philo disait. Il était à côté de Charles McStan. Il lui disait qu'il était navré pour lui. Ce qui lui fit chaud au cœur.

 Soudain, un élève toqua à la porte. Il tenait un mot qu'il tendit au professeur. L'élève repartit aussitôt. Le professeur lit le mot et interpella Chase par son nom de famille. Il releva automatiquement la tête. Le professeur l'informa que le proviseur l'attendait. Il rangea ses affaires dans son sac - interrogateur et surpris -, le ferma et le mit sur son épaule. Il descendait les marches de l'amphithéâtre.

 - Regardez-moi ce beau gosse ! dit Chuck.

 - T'es beau Chase ! continua Aïden.

 - À chaque fois que je le vois, j'ai des papillons au ventre et je bande, continua Anthony.

 Chase se retourna vers ses amis, eut un faible sourire. Il se dirigea à présent vers le bureau du directeur.

 Il soupira, toqua avec appréhension à la porte couleur plumage de corbeau où était inscrit en lettres d'or : Mr Smith. Le proviseur l'autorisa à entrer.

Ce qu'il fit. Le bureau du directeur était composé d'une bibliothèque où des dossiers d'élèves étaient classés. Le proviseur l'informa qu'il ne passera pas beaucoup de temps dans son bureau.

 Mr Smith se leva, sur son bureau se trouvait un carton. Il n'y avait pas fait attention jusqu'alors. Mr Smith lui demanda s’il connaissait une jeune fille du nom de Phoenix Raise. Il fronça les sourcils, confus, et lui répondit qu'il ne connaissait aucune fille répondant à ce nom.

 Mr Smith s'assit contre le bureau, lui faisant face Le directeur baissa la tête, lissant sa cravate bordeaux.

 Il mit une main sur le carton et lui demanda de l'ouvrir. Ce qu'il fit. Il remarqua que le contenu du carton était essentiellement des affaires ayant appartenu à Fedora. Il prit une photo où ils étaient tout les deux, c'était une des photos qu'ils avaient fait à la fête foraine qu'elle avait fait agrandir.

 Chase eut un tendre sourire en regardant la photo, où la joie et l'amour se lisait sur leurs deux visages. Il regarda les autres photos avec mélancolie et les reposa dans le carton. Il vit ses vêtements et ses sous-vêtements, ses livres de cours, ses cahiers et ses notes.

 Seulement, il remarqua qu'il manquait les matricules qu'il lui avait donné, son téléphone et ses bracelets. Par ailleurs, il n'avait aucun de ses éléments sur le corps mort de Fedora. Encore plus confus, il fronça les sourcils, il trouvait cela bizarre.

 Il s'apprêta à demander s’il pouvait emporter le carton quand le proviseur l'informa que ses parents allaient le faire.

 Il demanda au directeur qui lui avait donné le carton. Celui-ci se dirigea vers le carton et en sortit une photo. Il montra Fedora et lui dit que la jeune femme qu'il lui a donné ce carton lui ressemblait, si cette dernière avait des cheveux coupés courts - à la manière des garçons avec un peu plus de volume -. Il lui dit aussi que cette fille portait des lunettes, une veste à capuche noires, des chaussures à talons hauts noires.

 Chase ne pût réprimer un sourire, il imagina bien Fedora ainsi. Le directeur continua en disant qu'elle avait de magnifiques yeux vairons. Vairons ? Il l'informa que cette fille avait un œil violet et un œil bleu. Il baissa la tête, un faible sourire aux lèvres, son cœur se remplissant d'espoir et son cerveau de rêves. Il reprit son sac qu'il avait posé et sortit. Souriant.

 Ils avaient fini tôt.

 Il sortit de l'enceinte de l'université.

 Son regard fut attiré par une fille - la même que celle qu'il avait vu le matin. Cette fille était adossée contre le mur, les bras croisés sur sa poitrine, un pied contre le mur. Elle avait encore sa capuche sur la tête, empêchant toujours Chase de voir son visage.

 Mais, le directeur n'avait-il pas dit que la fille qui lui avait emmené le carton portait une veste à capuche noire et était chaussée d'une paire de chaussures à talons noires ?

Il soupçonna cette fille d'avoir emmené le carton à l'université.

 Il brancha ses écouteurs sur son téléphone et mit un remix de We will rock you. La fille était de profil mais il savait que c'était Fedora, il avait un bon pressentiment.

 Un élève de dernière année de fac sortit de l'enceinte de l'université. Il le détailla, il était brun, le teint pâle, et portait une barbe de quelques jours. Comme les autres élèves de l'université, il portait un uniforme. Le garçon au visage séduisant se tourna vers la fille à la veste noire. Ils se prirent dans les bras. La jeune femme portait des lunettes, qu'elle enleva aussitôt.

 Il eut l'impression d'avoir une crise cardiaque en voyant les yeux vairons de la jeune femme, ils étaient violets et bleus. Le garçon lui prit la main, elle avait gardé sa capuche.

 Mais dès qu'ils furent dos à lui, la fille enleva sa capuche, laissant voir des cheveux raides, soyeux, blonds châtain clair coupés courts - avec un peu de volume -. Il reconnut les formes de la blonde. Il était à présent sûr que cette fille était Fedora.

 Le klaxon de la voiture de sa mère le tira de ses pensées.

 Il rentra dans la voiture, enleva ses écouteurs et regarda sur la banquette arrière si il y avait le carton. Il y était. Il en fut soulagé. Il sourit et se retourna. Sa mère lui demanda la raison de ce sourire alors que la fille qu'il aimait était morte.

 Il lui répondit qu'il savait que Fedora continuait de vivre, quelque part... Il le sentait. Il le savait.

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