Je titubais sur le petit chemin de rocaille. Je me promenais entre les champs dans la douceur de cette nuit de juillet. Qu'est ce qui m'avait poussé à boire un peu plus que de raison ce soir? Impossible de m'en rappeller. Et au fond, peu importait. Levant les yeux vers le ciel nocturne, je me perdis dans une contemplation fascinée des étoiles. Les petits points lumineux semblaient clignoter dans le lointain. Je pris une profonde inspiration, tentative lamentable de reprendre un peu de contrôle sur mon esprit embrumé par l'alcool. Il me sembla percevoir une lumière anormale, en périphérie de ma vision. Intrigué, je tournais la tête. Oui, là-bas, à l'orée du petit bois, d'étranges arabesques lumineuses étaient visibles.
Fascinée, je restais là à regarder les lumières colorées danser dans l'obscurité. Sûrement des gens qui s'amusaient avec ces machins là, les bâtons ou bracelets de concerts fluorescents. C'est alors que les lumières s'élevèrent de plus en plus dans les airs, bien plus haut qu'un bras n'aurait pu monter. Je fronçais les sourcils. Qu'est ce que c'était que ces trucs. Des lucioles? Curieux, je me mis à marcher en direction de l'étrange spectacle. À mi-chemin du bois, j'aperçus des silhouettes dans la clarté colorée des petites boules lumineuses. Des rires argentins me parvinrent. Intimidé, je m'arrêtai. Le monde tournait autour de moi. Foutu alcool. Des chants me parvinrent, dans une langue que je ne reconnus pas. Les paroles roulaient comme l'eau claire d'un torrent au printemps, le battement de tambourins marquaient le rythme, accompagné de la mélodie de flûtes et de... luths?
Je ne pus m'empêcher de refaire un pas en direction du spectacle magique qui s'offrait à moi. Sans que je ne m'en rende compte je me retrouvai à la lisière du bois. J'écarquillai les yeux, un hoquet m'échappa. Là, devant moi, des silhouettes féériques, fantasmagoriques, immobiles, m'observaient. Les chants s'étaient tûs. Je voulus m'excuser mais pas un son ne sut franchir mes lèvres. Une femme s'avança vers moi et je me noyai dans son regard, captivé par le vert aquatique de ses prunelles. La femme me sourit et doucement, me caressa la joue. Avec un petit rire, elle prit ma main et m'entraina dans le cercle.
De la suite, je ne garde qu'un souvenir flou de danses effrenées, de musiques irréelles et d'un regard vert plongeant dans le mien. Le lendemain matin, je me reveillai dans mon lit, le goût sucré de ses lèvres encore sur les miennes. À coté de ma tête, un petit bouquet de fleurs d'un vert lumineux m'attendait, comme la promesse d'une prochaine rencontre.